Pour une vie digne Halte aux expulsions !

, par  Michèle Picard , popularité : 1%

« Interdiction sur le territoire communal des saisies mobilières, expulsions locatives, coupures d’eau et énergies pour les Vénissians confrontés aux difficultés liées à la pauvreté » : titre du rapport n°1 lors du conseil municipal de Vénissieux du 12 mars dernier.


Ces pratiques d’expulsions locatives, de coupures énergétiques et d’eau, de saisies mobilières, sont d’un autre temps. Imagine-t-on le traumatisme et l’humiliation qu’elles provoquent, chez ceux qui en sont victimes ? Imagine-t-on les séquelles affectives, psychologiques de tels actes dans la vie d’un enfant, que l’on expulse de son logement, de sa chambre, de ce qui le construit et de ce qui le protège ? Imagine-t-on la peur et la rage qu’elles génèrent (d’où les situations tendues et parfois dramatiques lors d’expulsions) chez des personnes qui, en plus des difficultés rencontrées, se retrouvent du jour au lendemain, jetées à la rue et livrées à l’errance urbaine ?

Il faut que notre société soit malade, oui malade !, pour croire qu’elle assoit son autorité sur de telles pratiques inhumaines, aujourd’hui en 2012. Il faut que l’Etat triche avec lui-même, pour ne pas reconnaître que le droit au logement est inscrit dans la constitution, que la loi Dalo n’est pas appliquée, que la loi SRU est contournée par bon nombre de communes. D’une façon générale, ce sont tous les droits fondamentaux que les politiques libérales pilonnent : l’emploi, la santé, l’éducation, et bien évidemment le logement. Il faut que le cynisme ait pris le pas sur le bon sens, pour adresser aux personnes les plus fragilisées le discours suivant : vous avez des difficultés, et bien sachez qu’on va vous les arranger, en vous mettant dehors !

Non seulement les expulsions n’ont jamais constitué une quelconque solution, mais elles génèrent un très fort coût social, qu’il serait bon de comparer aux indemnisations dues aux propriétaires. On serait, à n’en pas douter, surpris par le résultat, et assez intelligents pour comprendre que les expulsions locatives sont aussi inefficaces que contre-productives. Quand quelqu’un se noie sous vos yeux, on se jette à l’eau ? ou on fait mine de regarder passer les bateaux au loin ? Cette question des expulsions, c’est tout autant une question d’humanité et de dignité, qu’une question politique, ne l’oublions pas ! Croire que des sentences aussi brutales et dramatiques sont réservées à l’autre, au voisin, est erroné.

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Sous l’effet croisé des trois crises actuelles (économique, sociale, logement), personne n’est à l’abri de la précarité, ou d’un passage difficile. Les statistiques le prouvent d’année en année : en 2009, un français sur 8 vivait sous le seuil de pauvreté. Plus de dix millions de personnes sont touchées, de près ou de loin, par la crise du logement, tandis que 3,8 millions de ménages font état d’une véritable précarité énergétique. Selon la Fondation Abbé Pierre, elles étaient 107 000 familles à être concernées par une résiliation de bail, pour impayé de loyer en 2009, contre 80 000 en 2000. Nous sommes donc face à une situation de crise qui gagne du terrain, et qui explose. En 2011 par exemple, le nombre de procédures d’expulsions locatives, en France, a progressé de 12 945, pour atteindre le chiffre ahurissant de 158 329 !

Cette pauvreté en augmentation, massive et diffuse, qui s’étend même à une partie des classes moyennes, sans parler des jeunes et des familles monoparentales, nous y sommes confrontés tous les jours à Vénissieux. En trois ans, le montant des aides sociales accordées par le CCAS, a augmenté de 20%. L’année dernière, 833 familles ont été victimes de réduction d’énergies, et 50 coupures ont été effectuées dans notre commune. Nous avons ainsi dénombré à Vénissieux, toujours en 2011, 227 assignations au tribunal, 99 concours à la force publique accordés, dont 43 ont été programmés, pour au final, 20 expulsions effectuées.

Derrière ces chiffres, il y a des hommes et des femmes qui, malgré un emploi et une activité pour certains d’entre eux, ne parviennent plus à faire face aux charges locatives, et dépenses courantes. Il y a aussi une seconde lecture de ces chiffres, qu’il convient de rappeler. C’est tout le travail social considérable, réalisé par nos services et nos partenaires, travail dans l’ombre mais travail ô combien précieux, qui nous permet de désamorcer des situations quasi explosives, et de trouver des solutions dignes pour les familles démunies, avant qu’il ne soit trop tard. Voilà comment ces missions de conciliation nous font passer de 99 concours à la force publique accordés, à 20 expulsions effectuées en 2011, même si c’est 20 expulsions de trop !

Ce combat, celui du pot de terre contre le pot de fer, nous le mènerons autant de fois que nécessaire. J’ai donc pris de nouveaux arrêtés interdisant les expulsions locatives, coupures d’eau et énergies, et saisies mobilières à Vénissieux, que je déposerai en préfecture le 15 mars, avec ceux des maires de Pierre Bénite et Vaulx-en-Velin. Les villes de Givors et Grigny se sont associées à notre sollicitation d’un rendez-vous avec le préfet sur ce sujet. Il faut interpeller l’Etat, il faut interpeller les pouvoirs publics, pour que cessent ces expulsions inhumaines, et parfois dramatiques. Il n’y a pas une crise du logement, mais plusieurs, imbriquées les unes dans les autres : manque de constructions neuves, pénurie de logement social, augmentation incontrôlée des loyers depuis des décennies, hébergements d’urgence, quasi inexistants par rapport aux demandes.

Accepter les expulsions, c’est donc cautionner le prolongement des paramètres que je viens de citer, c’est rendre les armes devant la spéculation du privé, c’est perdre la capacité de s’indigner et museler, toute politique volontariste en matière de logement. Que ce soit pour le logement social, notre ville en compte 53%, ou pour le rythme de constructions neuves (564 logements en 2010, 369 en 2011), notre Ville n’a jamais baissé les bras. Il en ira de même, je peux vous le garantir, pour le combat digne que nous menons contre les expulsions locatives, car ce combat est un combat d’avant-garde.

Michèle Picard, maire de Vénissieux

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