Paris n’est pas la France mais c’est quand même Paris !

, par  Marie-Christine Burricand , popularité : 1%

La séquence parisienne concernant les élections municipales est fort instructive. Elle confirme en effet que le "Front de gauche" a du plomb dans l’aile et c’est bien pour cela que les directions du PCF et du PG multiplient les grandes déclarations affirmant le contraire aussitôt démenties par la réalité.

Nous constatons que cette réalité confirme malheureusement ce que nous avons dit à plusieurs reprises : la ligne "Front de gauche" vendue aux militants comme le meilleur moyen de s’émanciper du PS après la cruelle expérience de la gauche plurielle n’atteint pas son résultat.

Pire, pour se dégager d’un partenaire devenu embarrassant, le PCF n’a pas trouvé d’autres moyens à Paris que de s’en retourner vers le PS, lui donnant ainsi un sacré satisfecit dans la ville centre alors même que celui-ci multiplie les listes, les critiques et les entraves au rassemblement dans les villes à direction communiste, sans que cela ait semblé gêner ceux qui ont signé l’accord à Paris. Et bien sûr, tout cela n’empêchera pas la candidate parisienne de draguer l’électorat centriste et le Modem, n’oublions pas qu’à Paris comme à Lyon, c’est la "classe moyenne" qui fait l’élection quand dans nos villes c’est la classe ouvrière qui compte, telle qu’elle est aujourd’hui.

Le spectacle a de quoi affliger tous ceux qui ont compris que l’abstention sera le principal ennemi des communistes aux élections municipales dans leur bataille pour conserver et reconquérir des municipalités précieuses pour les populations et les salariés et le plus grand ami du Front national et de la droite.

Personne ne peut se satisfaire d’un vote qui partage le parti quasiment en deux et surtout d’une posture initiale qui renonçait à rassembler toutes les forces populaires autour d’un programme ambitieux dans la capitale, ce qui ne pouvait se construire par un accord de sommet.

Car c’est bien d’un accord de sommet qu’il s’agit entre Anne Hidalgo et Pierre Laurent : la première gagne une caution de gauche, le deuxième un coup de main existentiel à tous les sens du terme.

Mais pouvait-il en être autrement après plus de 15 ans de renoncement à jouer un rôle central en France ? Et la candidature Mélenchon aux élections présidentielles était-elle une si bonne idée au regard de l’exigence historique de faire vivre et renforcer le PCF pour ouvrir une issue ?

Les avancées programmatiques mises en avant à Paris font sourire parce qu’ il est certain qu’elles n’engagent que ceux qui y croient et qu’elles sont lointaines (2030 pour les 30% de logements sociaux alors que c’est une urgence).

Surtout nous esquivons la question centrale. Il n’y a pas d’un côté des socialistes de droite qui gouvernent le pays et de l’autre des socialistes de gauche plus fréquentables qui dirigeraient les communes. Le parti socialiste a renoncé à réformer la société pour adoucir les effets du capitalisme. Il construit au gouvernement l’adaptation de la France au "tout capital" aux ordres de l’UE. D’où une politique détestable qui aggrave la situation de millions de gens et s’en prend aux collectivités locales avec le gel des dotations et l’Acte 3 de la décentralisation.

Parlons franchement aux citoyens : si nous voulons conserver des communes facteurs de résistance à l’austérité, de citoyenneté, de démocratie et d’égalité, il va falloir un engagement et une bataille citoyenne d’un haut niveau, et c’est pour cela que nous voulons rassembler largement et faire élire des candidats de combat.

Ceux qui se contenteront de décliner des programmes locaux sans faire le lien avec la politique gouvernementale et le rapport de force réel dans le pays ne feront pas de la politique mais de la communication et de l’agitation autour de leurs candidats. Les citoyens risquent fort de dire qu’ils en ont déjà assez vu et que cela n’a que trop duré.

Quel sera l’effet des déclarations contradictoires des uns et des autres sur des électeurs déjà peu enclins à se déplacer ?

Jean-Luc Mélenchon, après avoir annoncé la fin du Front de gauche pendant plusieurs jours finit par dire que tout cela n’est pas si grave, à se demander si la situation dérange vraiment le PG.

Le secrétaire fédéral de Paris explique sans gêne aucune que ce n’est pas parce qu’on ne part pas sur la même liste qu’on ne peut pas être dans le même groupe.

Plus à gauche qu’Anne Hidalgo tu meurs, jusqu’à manifester contre l’expulsion de Léonarda, comme si le Maire de Paris n’était pas un cadre dirigeant principal du PS.

Mais n’est-ce-pas Gérard Collomb à Lyon qui nous explique tout le mal qu’il pense de ce gouvernement dont il a pourtant tenu la plume pour écrire la Loi sur les métropoles que nous combattons ?

Au final, cela donne un sentiment "d’arrangements entre amis" qui n’est pas de nature à mobiliser l’électorat.

La colère contre le gouvernement s’exprimera d’une manière ou d’une autre dans ces élections et d’abord au travers de l’abstention et ce sera encore plus vrai dans l’électorat populaire donc dans nos villes.

Empêcher le retour de la droite et l’avancée du Front national exige de porter efficacement cette colère en faisant vivre l’atout que représente les villes à direction communiste et les élus communistes pour résister au grand lessivage du capital qui s’abat sur le pays. Le moins qu’on puisse dire, c’est que dans cette situation, Paris pour l’instant n’aide pas la France !

Marie-Christine Burricand

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