« Papicha » de Mounia Medour Film récompensé par trois prix

, par  Mireille Popelin , popularité : 3%

Ce film a été récompensé par trois prix au festival du film francophone à Angoulême. Il représentait l’Algérie dans la course aux Oscars, mais il est interdit de projection dans ce pays.

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Ce film arrive fort bien : il est une réponse à la polémique sur le voile de la mère accompagnatrice qui a enflammé la presse et les médias.

Papicha, ce sont les années 1990 en Algérie.

Ce sont cinq jeunes filles amies qui sont confrontées, petit à petit, à la montée de l’intégrisme islamique à Alger. Ces « papichas », jeunes, belles, libres, font le mur de l’université pour aller danser. Elles sont obligées de prendre un taxi clandestin ; à l’arrière, elles se changent, belles robes, se maquillent, se chaussent pour aller « en boîte »… Le chauffeur est plus ou moins complice de leurs escapades, mais soudain un barrage ! Vite, les filles se couvrent le visage d’un long voile et demeurent coites. Les policiers cagoulés exigent les papiers avec une grande brutalité : « Que faites-vous dans la rue à cette heure ? ». Les filles, sous le faisceau des lampes torches, répondent d’une petite voix « nous étions à un mariage ».

Le nouvel ordre s’installe. Leur vie va basculer. A la télévision, on annonce chaque jour des attentats, le nombre de tués. Perpétrés à un faux barrage avec de faux policiers. On entend souvent des explosions, attentats en ville.

Nedjma est une fille de 18 ans, qui rêve d’être styliste. Elle aime habiller ses copines avec des robes aux tissus chatoyants, qui mettent en valeur le corps des femmes. Alors que les murs de l’université se couvrent, chaque nuit, d’affiches représentant la tenue « officielle » et une menace : « Voici la tenue que doivent porter vos femmes, vos filles ! Sinon, ce sera leur linceul ! ».
Et la tenue c’est ? Un hidjab noir entourant la tête, au-dessus de l’abaya (robe) noire.
Nedjma arrache les affiches mais elles reviennent chaque nuit.

Nedjma refuse ce hidjab, mais les attentats continuent tous les jours. Sa sœur, journaliste est abattue sous les yeux de la famille horrifiée. Par une femme ! Car il faut dire que ces intégristes sont aussi des femmes, qui font respecter le nouvel ordre, voile obligatoire, pas de musique, pas de « mode ». Nedjma essaie de créer sa collection de robes pour un défilé, deux fois saccagée, brûlée.
Les islamistes commencent toujours par le voile pour les femmes, puis ils cherchent à emprisonner leur corps, enfin à les enfermer, les emmurer.

La rue devient dangereuse ! Le marchand de tissus converti à l’islamisme a converti sa boutique : il ne vend que des hidjabs noirs ! Qu’il certifie « antibactériens » ! ? Un peu comme le bio chez nous ?

Le défilé que Nedjma veut organiser à l’université est interdit. Les amis hommes que les filles connaissent se soumettent ou rêvent de quitter l’Algérie. Mais Nedjma ne veut pas quitter son pays ! Elle veut rester en Algérie sans se soumettre à cet ordre islamique fasciste. Elle ne portera pas ce hidjab ! (Rappelons que la guerre civile en Algérie a fait 150.000 morts et que ce sont les Algériens eux-mêmes qui ont dû prendre les armes pour se défendre !). En France on doutait, « qui tue qui ? ». Les prêcheurs islamistes sont ensuite venus en France…

Pour la suite ? Allez voir ce film formidable .
On voit, avec ce film, l’importance de ce voile, c’est bien plus qu’un signe ostensible religieux : c’est un étendard, qui proclame une victoire des intégristes islamistes, dans le pays qu’ils espèrent soumettre à leur loi : la charia.
Alors, bien jolie, la voilée sur l’affiche de la FCPE ?
Et la voilée de l’UNEF ? Un symbole de l’Enseignement supérieur laïque ?

Mais venons-en au fond du débat.
Lorsque j’exerçais mon métier d’instit, j’ai fait beaucoup de sorties scolaires. Les mères choisies devaient s’occuper de tous les élèves, répéter parfois une explication (il y a beaucoup de monde dans les musées), montrer un détail dont je voulais parler : elles avaient donc un rôle éducatif (comme les ATSEM).
Quelle image de l’école publique et laïque donne une accompagnatrice voilée ? Elle affiche sa religion, sans respect pour celle des autres (élèves et enseignants).
Les gouvernements successifs ont interdit, puis accepté mais pas vraiment les accompagnatrices voilées ? C’était aux chefs d’établissements de décider. Mais enfin, comment accepter que l’un dise oui et l’autre non ?
Même maintenant : Blanquer dit « non » et Macron dit « oui mais ».

Pourtant, 101 musulmans ou de culture musulmane ont signé une pétition sur "le Monde". Ils affirment :
« Nous, signataires, affirmons que le port du voile est le signe ostentatoire d’une compréhension rétrograde, obscurantiste et sexiste du Coran. Il ne relève pas du culte. »
C’est la réponse à une pétition défendant l’accompagnatrice voilée, parue aussi sur "le Monde". Enfin ! Ces musulmans, avec courage, prennent la parole. J’espère qu’ils vont continuer !

Bien entendu, je sais que les commentaires de gauchistes antilaïques défendant le port du voile ne vont pas manquer !
Plastiquée en Algérie par l’OAS, parce que j’avais exprimé mon soutien à l’indépendance, menacée de mort en 2005 par les islamistes quand j’ai défendu la loi contre les signes religieux à l’école, je vais être accusée d’islamophobie et même de racisme. Je ne répondrai pas !
J’ai signé l’appel des 101 musulmans.
Et je m’efforce de soutenir les enseignants qui subissent toutes ces lois et non-lois : leur métier est de plus en plus difficile et ils n’ont ni le salaire ni la considération qu’ils méritent.

Mireille Popelin

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