Un communiqué commun, signé par plus de cinquante collectifs, syndicats, associations dénonce la répression accrue (...)
PSA Aulnay : ce qui est violent c’est la politique du PDG Varin et de la famille Peugeot
Depuis le 16 janvier, les ouvriers de l’usine PSA Aulnay sont en grève contre le plan de licenciement. Dans un contexte où, dans toutes les branches d’activité, les travailleurs vivent dans la crainte d’un licenciement, où le patronat comme chez Renault utilise les menaces de licenciements pour imposer de nouvelles attaques contre les droits des ouvriers, la grève à l’usine PSA Aulnay est à la fois un symbole et un exemple pour toute la classe ouvrière. Elle montre que, face au rouleau compresseur du patronat et de ses attaques, on peut relever la tête. En allant à la rencontre des ouvriers de PSA Saint-Ouen, de Renault Flins ou à la Gare du Nord, les grévistes d’Aulnay montrent aussi que c’est tous ensemble, qu’on travaille à PSA, Renault ou dans la sous-traitance, dans l’automobile, le commerce ou l’agroalimentaire, dans le privé ou le public, qu’on soit menacé de licenciement ou qu’on pointe déjà à Pôle Emploi, qu’il faut y aller !
Pour casser cette grève, pour éviter son extension, la direction de PSA et ses alliés utilisent tous les moyens. Vendredi 18 janvier, les ouvriers en grève de PSA Aulnay sont allés rendre visite à leurs camarades et collègues de l’usine PSA de Saint-Ouen, la direction a alors appelé le ministère de l’intérieur qui a très rapidement fait intervenir les CRS pour faire évacuer les grévistes. Et de crainte d’une visite des ouvriers d’Aulnay le samedi, ce ne sont pas moins de 15 cars de CRS qui encerclaient l’usine de Poissy ! Lorsque nos gosses ont besoin d’enseignants ou que le manque de personnel est trop criant dans les hôpitaux, on ne voit jamais le gouvernement réagir aussi vite pour trouver du personnel… mais que PSA ait besoin de professionnels de la matraque contre les ouvriers et on lui sert sur un plateau dans l’heure.
Dès le 18 janvier, la direction a décidé, pour plus d’une semaine, le lock-out de l’usine. Et alors que l’usine doit rouvrir le 28, s’étale dans la presse mais aussi comme à l’usine de Saint-Ouen par le biais de syndicats jaunes une odieuse campagne de la direction de PSA contre les grévistes. Ainsi, annonçant la réouverture du site d’Aulnay, Laurent Vergely, directeur de l’usine, écrit aux ouvriers que « Un encadrement renforcé sera mis en place dès lundi matin » pour « protéger » les salariés des « violences ».
Quelle bonne blague ! La violence, à l’usine Aulnay comme dans les autres sites de PSA et dans tous les lieux où s’exerce l’exploitation capitaliste, elle existe, elle est quotidienne ! C’est la violence des cadences et de la charge de travail qui augmente, c’est la violence des anciens à qui on a refusé un départ en retraite alors que les jeunes en intérim se voient jeter au chômage, la violence des salaires qui ne permettent pas de joindre les deux bouts, le tout sous la pression des chefs.
La violence chez PSA, on peut en parler : c’est Ousmane, salarié du nettoyage, employé depuis des années sur le site de Saint-Ouen, licencié pour une « tentative de vol » portant sur des chaussures de sécurité usagées qui étaient destinées à la poubelle et qui ne sont jamais sorties du site. C’est à l’usine de Mulhouse, Ali, victime d’un accident du travail en juillet 2010, remis à des postes de plus en plus durs depuis sa reprise, actuellement en longue maladie, menacé de licenciement et sous les pressions pour lui « conseiller » de démissionner. A Mulhouse toujours, en septembre, un intérimaire qui travaillait s’est fait virer pour être simplement allé à l’infirmerie et s’être mis en arrêt à la suite d’une insolation ! Et on peut multiplier les exemples, dans tous les sites du groupe. Conséquence de la dégradation des conditions de travail, de la « chasse au temps morts », des suppressions d’emplois, accidents de travail et maladies liées au travail se multiplient, et la direction se lance dans une chasse aux ouvriers malades, multiplie les pressions, lettres de menaces et autres formes de harcèlement contre des travailleuses et des travailleurs brisés par des années de chaîne, allant jusqu’au licenciement. Et c’est cette direction de PSA qui ose parler de protection des salariés face aux violences ?
Oui, la violence existe chez PSA, à l’usine d’Aulnay comme dans tous les sites du groupe, c’est celle de Varin, de la famille Peugeot, des actionnaires et autres directeurs ! Un journaliste du Monde s’est rendu, pendant le lock-out, au site de PSA Aulnay, puis a publié un article intitulé « Violences, pressions : PSA Aulnay sous pression » reprenant les propos de la direction. A la lecture de l’article, pour "preuves" des violences, des graffitis, "des boulons éparpillés" et "des boîtiers électriques de robots débranchés"… une violence inouïe en effet et on découvre avec stupeur que des ateliers de production ne sont pas aussi proprets et bien rangés que les bureaux des cadres de direction. Quel scoop ! Par contre, à part la presse locale, les journalistes ne se sont pas déplacés au Tribunal Correctionnel de Montbéliard fin novembre 2012 où PSA a été condamné à 100.000 euros d’amende pour homicide involontaire : Jean-Louis Sinelle, ouvrier, se trouvait dans l’îlot de la presse sur la ligne 817 (emboutissage) quand elle a été remise en route ; il est mort dans d’atroces conditions, décapité et le bras broyé. Durant toute la procédure, les manquements aux règles de sécurité ont été mis en évidence. Et c’est le vice-procureur qui a conclu : « Dans l’usine d’emboutissage, cette ligne était réputée dangereuse. Personne ne voulait allait travailler dessus ».
Une encyclopédie ne suffirait pas à décrire toutes les violences quotidiennes que subissent les ouvriers de PSA, les pressions, menaces et licenciements contre des militants ouvriers… Gardons simplement le meilleur pour la fin, le comble du cynisme patronal, dans la missive de Laurent Vergely, directeur de l’usine d’Aulnay… Sans honte, il insiste en disant que la direction voudrait assurer « la liberté de travailler de chacun ». Venant du directeur dont la mission est de fermer l’usine d’Aulnay, parlant, non seulement en son nom propre mais aussi au nom de la direction de PSA qui supprime 11.200 postes plus les milliers d’emplois liés dans la sous-traitance, cela prêterait à sourire si les conséquences des licenciements et des emplois supprimés n’étaient pas si dramatiques pour des dizaines de milliers de familles ouvrières.
Le Monde constate : « Dans l’atelier du ferrage, on peut lire sur un mur : "La force des travailleurs, c’est la grève" ». La campagne de calomnies odieuses de la direction, le lock-out de l’usine d’Aulnay, les CRS envoyés par le gouvernement à Saint-Ouen… le montrent bien. C’est cette force qui peut faire trembler patrons et politiciens, c’est cette force qui peut nous permettre, à nous les travailleuses et les travailleurs, de vaincre contre les licenciements, contre les attaques et le terrorisme patronal, face à la violence quotidienne de l’exploitation.
Plus que jamais, solidarité totale avec les grévistes d’Aulnay et travaillons à construire, dans toutes les boîtes, la riposte collective du monde du travail !
Camille Boudjak
Le 27 janvier 2013
Voir en ligne : sur le site communisme ouvrier