PCF et Front de Gauche, un débat au fonds est urgent...

, par  pam , popularité : 1%

Nous avions diffusé le 7 Avril l’information venue du conseil national du PCF sur le solde du compte de campagne des présidentielles. Compte tenu du dépassement du plafond des dépenses, ce solde qui devait être payé par le Front de Gauche est assumé par le seul PCF, le PG refusant de respecter l’accord qui prévoyait un partage des dépenses. Résultat, la direction du PCF partage l’ardoise de 527.000€ avec les fédérations...

En bref, le PG peut parader dans les médias, ce sont les communistes qui paient les notes...

Cette information provoque de nombreuses réactions. Les sections et fédérations sont légitimes à refuser cet oukase national du PG et d’exiger le respect de l’accord et le partage de cette dépense.

D’autant que cela s’ajoute à la décision prise sur les cotisations qui réduit les moyens des sections, après avoir supprimé la cellule comme outil d’organisation de terrain des communistes. On connait la musique au niveau de l’état quand il transfère des charges et réduit les dotations, c’est un peu la même chanson, ce sont aux fédérations de payer la campagne nationale dans le même temps qu’on réduit leurs recettes...

Mais le débat est souvent pris par le petit bout de la lorgnette et est utilisé, par exemple sur le site Bellaciao, pour resserrer le piège dans lequel la direction du parti a coincé les communistes, se soumettre à la domination de Mélenchon et de tous les groupes anti ou ex-communistes qui se servent du Front de Gauche et des moyens du PCF pour exister, ou se soumettre à la domination du PS qui donne des places en échange de critiques "mesurées" de sa politique.

C’est bien évidemment tout l’enjeu des prochaines élections municipales et européennes, et c’est tout l’enjeu que le 36ème congrès n’a pas réellement traité. S’il faut garder le PCF, c’est pour quoi, pour qui et comment ?

Ça ne peut pas être pour continuer de dépendre des institutions dominées par le PS, et donc cela exige de se réaffirmer dans des décisions autonomes, d’imposer le débat sur le contenu et sur le rassemblement, et non pas sur des règles anciennes de la "gauche".

- Débat sur le contenu car c’est ce qui nous détermine d’abord. Pour les élections municipales le projet de la ville que nous portons autant sur le plan de la solidarité sociale, de la démocratie locale, du cadre de vie, du développement urbain, de la défense de l’industrie... et ce projet ne peut que s’inscrire en opposition aux politiques d’austérité et de restructuration institutionnelle du gouvernement. C’est sur un tel projet que nous discutons avec toutes les forces républicaines au niveau local et que nous pouvons décider d’alliances. Quand nous dirigeons, c’est aux autres de choisir de soutenir ou pas un tel projet, quand c’est un autre parti de gauche, c’est à nous de décider si le projet est suffisamment porteur de nos propositions, et si l’accord politique nous permet ou non d’exprimer notre opposition à la politique du gouvernement.

- Débat aussi sur le rassemblement, car c’est la condition de victoires réelles et non pas médiatiques. De fait, le premier enjeu des élections municipales sera l’abstention massive des ouvriers, des quartiers populaires, abstention qui dépasse déjà 50% dans de très nombreuses villes ! Avec l’accélération de la crise sociale et politique, ce peut être un tremblement de terre politique en mars 2012 ! Or, la plus grave insuffisance du Front de Gauche, c’est bien en posant la question du "Front" comme une question d’alliance entre forces politiques dont aucune n’est aujourd’hui porteuse réellement du monde du travail et des quartiers populaires, d’aggraver au lieu de la résoudre la fracture politique. C’est ce qu’ont montré les résultats de Mélenchon aux présidentielles qui progresse significativement dans les couches moyennes mais poursuit l’affaiblissement du vote communiste ouvrier.

Mais ça ne peut pas être non plus pour devenir un des nombreux groupes concurrents cherchant à représenter la "gauche de la gauche", au moment ou le concept même de gauche est bousculé par une si longue désespérance sociale de cette gauche ! De fait, les électeurs de Hollande ne sont pas tant en colère aujourd’hui car ils n’avaient en fait pas tant d’illusions sur leur vote ! De ce point de vue, la médiatisation de la vie politique joue tout son rôle. La personnalisation autour de Sarkozy a conduit de larges forces sociales à se concentrer sur la prochaine présidentielle pour le faire tomber, et peu importe le contenu et le candidat pourvu que Sarko parte... C’est une des causes de l’échec des batailles sociales de 2009, de fait, le peuple a misé sur 2012 et pas sur l’affrontement dans la lutte sociale... Le choix de Mélenchon, dans ce contexte, était bien un piège en tentant de construire une réponse dans ce cadre de la personnalisation médiatique. De fait, les grands meetings très couteux qui ont été de grandes réussites médiatiques et qui justifient ces dépenses de campagne battant tous les records du PCF, n’ont rien construit en terme de forces organisées... Et il y avait moins de monde dans la rue le 5 Mars et 9 Avril dernier qu’aux meetings de 2012 !

Les communistes doivent donc refuser l’oukase du PG, mais ils doivent en tirer la conclusion qu’ils doivent retrouver leur autonomie réelle de décisions politique. Tout le temps et les moyens consommés pour faire vivre artificiellement un Front de Gauche profondément marqué par sa naissance médiatique, sont perdus pour faire vivre et renforcer le PCF !

Certes, Mélenchon peut encore reproduire à petite échelle quelques meetings médiatiques, mais mesurons la seule chose qui reste à la fin, les forces organisées, le nombre de cellules, de section, de base militante dans des entreprises, les quartiers...

Cette question va se poser avec encore plus de force pour les prochaines élections européennes. Là ce sera un véritable tsunami politique, le peuple cherchera à faire mal à toutes ces forces politiques de gauche comme de droite qui lui mentent depuis 30 ans, qui n’ont pas respecté son vote de 2005, qui l’enfoncent avec l’Euro dans une guerre sociale dévastatrice pour l’emploi, les droits, les acquis... Pour l’instant, le PCF reste totalement inaudible en promettant une Europe sociale qui fait rire tout le monde (Ah, si l’Angleterre, l’Allemagne et la Pologne choisissait une politique socialiste, le PGE pourrait négocier des commissaires européens !). Mais ce n’est pas une rigolade. Ce sera un terrible choc politique contre l’Union Européenne, l’Euro et leurs valets de tout bord. Comment faire pour que cette colère s’exprime autrement que par l’abstention ou le vote FN ? Pierre Laurent peut-il encore réfléchir de manière indépendante du PGE ? Là encore, le 36ème congrès n’a pas voulu ouvrir au fonds le débat, alors que le rejet des élites, des institutions et de l’Europe fait rage. La France se décompose, son industrie se meurt, sa langue est rejetée par ses élites économiques et politiques, les régions cherchent l’autonomie en traversant les frontières, ses territoires et ses infrastructures sont laissés à l’abandon pour que quelques grandes villes jouent leur carte dans la concurrence européenne, mais le PCF est incapable de porter de la souveraineté nationale, de la défense de la république, l’alliance du drapeau rouge et du drapeau tricolore...

Mais c’est toujours le même piège qui interdit à la direction du parti d’affirmer un point de vue communiste. D’un côté, il faut rester "euro-compatible" pour maintenir les alliances avec le PS, de l’autre, il faut "tenir" Mélenchon pour qu’il ne tente pas un de ses coups politiques médiatiques, en portant suffisamment la critique de l’Europe...

Dans tous les cas, la seule solution pour sortir du piège est d’affirmer avec force un point de vue communiste autonome du PS et des partenaires du Front de Gauche, considérer d’abord le programme du parti, les propositions du parti, non pas pour faciliter les compromis, mais pour aider à la mobilisation, à la reconquête de l’organisation du parti dans le monde du travail.

Cela suppose de mettre un terme à ces pratiques gauchistes de décisions d’appareils, Mélenchon annonce à la télé une manif le 5 Mai, et après quelques déclarations contradictoires du parti, on suit en tentant de peser sur le contenu, se fâchant avec les syndicalistes qui bien sûr mettent l’accent sur le 1er Mai, se retrouvant dans la nasse avec la manipulation de Hollande avançant le vote sur le mariage ce qui conduit à une manif de droite le même jour, permettant toutes les provocations pour aboutir à ce que veut le PS, masquer le consensus social droite-gauche, derrière une opposition sociétale, tout en rejetant les "extrêmes" bien sûr violents et populistes...

Il y a urgence, comme le montre la détermination des grévistes d’Aulnay. Ce devrait être notre boussole, les aider, élargir la solidarité, et démontrer qu’il peut exister un outil politique pour porter leur résistance jusqu’à l’enjeu du changement de société.

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  • (2002) Lenin (requiem), texte de B. Brecht, musique de H. Eisler

    Un film
    Sur une musique de Hans Eisler, le requiem Lenin, écrit sur commande du PCUS pour le 20ème anniversaire de la mort de Illytch, mais jamais joué en URSS... avec un texte de Bertold Brecht, et des images d’hier et aujourd’hui de ces luttes de classes qui font l’histoire encore et toujours...

  • (2009) Déclaration de Malakoff

    Le 21 mars 2009, 155 militants, de 29 départements réunis à Malakoff signataires du texte alternatif du 34ème congrès « Faire vivre et renforcer le PCF, une exigence de notre temps ». lire la déclaration complète et les signataires

  • (2011) Communistes de cœur, de raison et de combat !

    La déclaration complète

    Les résultats de la consultation des 16, 17 et 18 juin sont maintenant connus. Les enjeux sont importants et il nous faut donc les examiner pour en tirer les enseignements qui nous seront utiles pour l’avenir.

    Un peu plus d’un tiers des adhérents a participé à cette consultation, soit une participation en hausse par rapport aux précédents votes, dans un contexte de baisse des cotisants.
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    Texte nr 3, Unir les communistes, le défi renouvelé du PCF et son résumé.

    Signé par 626 communistes de 66 départements, dont 15 départements avec plus de 10 signataires, présenté au 37eme congrès du PCF comme base de discussion. Il a obtenu 3.755 voix à la consultation interne pour le choix de la base commune (sur 24.376 exprimés).