Coronavirus
« Nous sommes la dernière roue du carrosse » Témoignage d’un CRS

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Laurent Nguyen, secrétaire régional "Vigimi CRS", explique les risques courus par les policiers et les raisons de leur colère.

« Il y a parmi les CRS de l’incompréhension, de la frustration et de la colère. Nous sommes inquiets et nous avons besoin de protection. Nous voudrions que les collègues puissent exercer leur droit de retrait sans risquer de sanctions a posteriori. Les officiers qui nous encadrent doivent nous y aider. Selon le Code de déontologie, ils sont responsables de notre intégrité, physique et mentale.

Les risques démarrent dès notre prise de service. Aucune mesure de distanciation n’est possible dans nos locaux. Au mess, on est à 50 dans 100 mètres carrés ; et dans les véhicules à six dans 4 mètres carrés. Il y a une semaine, j’étais à Pondorly, le plus gros cantonnement de CRS de France. Il n’y avait rien. Pas de gel hydraulique, pas de masques, pas de mesure de distanciation sociale, pas de tests. Les premiers cas qui sont apparus ont été mis en quarantaine dans leur chambre, mais ils ont continué à circuler dans les couloirs. Ensuite, un étage a été dédié aux malades, mais des personnes saines y ont été maintenues. Les mises en quarantaine concernent parfois la personne malade et toute son équipe, parfois une seule personne, pour une durée qui peut aller d’un à quinze jours.

L’absence de masques est incompréhensible

Nous devrions porter en permanence au moins des masques chirurgicaux. Mais nous sommes censés ne les mettre que sur ordre. "Quand on contrôle des individus qui peuvent sembler symptomatiques", a précisé le secrétaire d’État à l’Intérieur, Laurent Nuñez. Mais nous ne sommes pas médecins. Comment savoir si une personne est porteuse ? Et puis, il y a les asymptomatiques. Le ministère nous dit qu’il suffit de respecter les gestes barrières. Mais quand on effectue un contrôle, on est bien obligé de s’approcher pour prendre les documents.

L’absence de masques est incompréhensible. Il est tout à fait normal que le personnel soignant, plus exposé, soit prioritaire. Mais qu’on soit obligé de leur donner nos stocks prouve bien qu’il y a pénurie. Le plus scandaleux, c’est qu’alors que les professionnels exposés n’ont toujours pas de masques, le gouvernement a adopté en catimini, le 20 mars, un décret qui mettait fin à la réquisition de ceux importés de l’étranger. Les entreprises ont donc désormais le droit d’importer des masques. L’État devrait garder le monopole de l’achat et de la distribution pour les répartir entre les professions à risques, des caissières aux policiers. Au lieu de ça, il crée une mise en concurrence avec le privé dont nous, agents des services publics, pâtissons. Nous sommes la dernière roue du carrosse. Nos vies n’ont aucune valeur.

Autre point noir, l’absence, depuis le début de la crise, d’informations directes venues de notre hiérarchie. On a appris les règles du confinement dans les médias et découvert les attestations lors de nos premiers contrôles. Nous sommes perdus et ceux que nous contrôlons attendent que nous puissions leur expliquer les règles. On porte le respect de la parole gouvernementale sur nos épaules, mais c’est envers nous que s’exprime le mécontentement de nos concitoyens. C’est d’autant plus dur à supporter que nous sommes confrontés à des situations dramatiques. D’un côté, on dit à des migrants et des SDF de rentrer chez eux. De l’autre, on nous dit que le respect du confinement n’était pas une priorité en Seine-Saint-Denis. L’inhumanité de la société, ça fait longtemps qu’on la connaît. Mais là, on atteint des sommets. »

Entretien réalisé par Camille Bauer
L’Humanité, mercredi 1er avril

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