« Nous devons descendre dans les rues ! » par Sepp Aigner, traduit par le CCRP

, par  Gudrun Stelmaszewski , popularité : 4%

Sepp est un vieux militant communiste bavarois qui se bat pour que le DKP ne se transforme pas en n’importe quel mouvement de gauche. Ces lignes montrent, mieux que tous les appels, l’atmosphère au sein du DKP, mais aussi la force déterminée des communistes allemands.

Les attaques des patrons contre le niveau de vie et les droits des salariés se poursuivent avec constance. Au cours des négociations tarifaires des syndicats avec la Deutsche Bahn [chemins de fer] et la Lufthansa, les salariés se confrontent aux offres qui mènent à une baisse de salaires et d’autres aggravations. Le commerce de détail a résilié la convention collective générale. L’industrie de la construction automobile réalise des surstocks de voitures. Opel Bochum est en train de fermer. La crise de la surproduction atteint maintenant aussi les noyaux industriels de la classe ouvrière, jusqu’à présent plutôt épargnés.

Les groupes marginaux qui ne sont pas ou mal organisés sont déjà largement appauvris. Environ dix millions de gens vivent, sans ou avec travail, au niveau du Hartz IV [agenda 2010]. Les patrons ont réussi à diviser la classe en un secteur de pauvreté et en un autre où se trouvent ceux qui s’en sont encore sortis, avec l’aide de la politique de la flexibilité de l’Etat [aménagement des horaires de travail et du salaire, modification des contrats etc.]. La masse des chômeurs et des employés précaires est utilisés par les capitalistes comme moyen de pression contre ces couches qui joignent encore les deux bouts.

Le climat est à l’inquiétude. Ne pas bouger, rentrer la tête, espérer en l’avenir ? Espérer qu’avec la politique d’implantation allemande, les revers catastrophiques du niveau de vie, comme en Europe du Sud, épargnent la partie aisée de la classe ?

De telles espérances sont illusoires. Mais elles sont répandues. Elles affaiblissent l’esprit combatif et la colère nécessaire pour défendre ses propres intérêts. Laisser le poing dans la poche, accepter de mauvais compromis pour éviter le grand échec présumé - ainsi les calculs cyniques du gouvernement et du capital se réaliseront : nous vous écraserons obséquieusement, systématiquement et avec ténacité, pièce par pièce, autant que possible sans tapage.

La bourgeoisie monopoliste allemande suit clairement la ligne de la restriction de la démocratie bourgeoise vers l’intérieur, et de l’hégémonie en UE, et d’un pouvoir mondial vers l’extérieur. Elle renforce l’ingérence allemande dans les affaires mondiales, de plus en plus aussi avec des moyens militaires. Les contradictions entre les États impérialistes s’aggravent. En UE, les efforts allemands pour soumettre les autres États prennent des formes néocoloniales. Les dictats allemands au projet de « surmonter la crise » attaquent directement la souveraineté des États membres plus faibles, le droit budgétaire de leurs Parlements et leurs ordres juridiques intérieurs.

Puisque la bourgeoisie monopoliste allemande appartient aux vainqueurs, la classe ouvrière allemande se retrouve parmi les perdants. Il n’existe aucun « nous » allemand » où tous profitent. Ce sont les salariés qui payent les « achats de soutien de la crise » avec leurs mauvais salaires et conditions de travail, et l’acquittement de leurs impôts. L’asservissement des autres États s’accompagne, ici en Allemagne, de la démolition de la démocratie. Se faire tout petit et avoir foi en la force de l’Allemagne, c’est illusoire. Se relever est une nécessité.

Renforcer le DKP

Les contradictions de classes s’aggravent de façon objective. Après l’agenda 2010 viendra l’agenda 2020. La classe ouvrière se défend très insuffisamment. Et là, où elle se défend, elle reste sur la défensive.

Le parti ne peut pas, en raison de sa faiblesse, répondre aux défis de l’époque. Il y a heureusement plus de forces dans la lutte des classes que le peu de combattants organisés au DKP. Il y a un grand nombre de communistes qui se trouvent hors du DKP. Il y a les collègues dans les syndicats qui ont une conscience de classe. Il y a de nouveau, des jeunes qui trouvent important de s’engager politiquement et militent dans divers mouvements.

Mais ni le travail syndical ni la participation aux mouvements partiels spontanés ne sont suffisants pour stopper l’offensive du capital, ou même pour changer le rapport de forces entre les classes, en faveur de la classe ouvrière et les autres couches populaires. Pour cela, il est absolument nécessaire que les forces les plus radicales et les plus conséquentes s’organisent ensemble, qu’elles donnent à leur travail une base scientifique et suivent en commun un plan stratégique et tactique.

L’organisation qui y est la plus adaptée est le parti communiste. Ni de diffuses alliances colorées ni un parti de gauche pluraliste ne peuvent le remplacer. Le destin de notre parti sera décidé, si nous réussissons à devenir le centre organisé et organisant des meilleures militants et militantes dans les entreprises et quartiers, dans la lutte contre les fascistes et la répression de l’Etat, contre la privatisation, la dégradation et le renchérissement des services communaux, et de la santé, et de l’éducation.

Bien sûr, nous participons aussi souvent que possible aux mouvements sociaux. Pour une politique de l’unité d’action, une coopération avec d’autres organisations est nécessaire. Mais un parti communiste ne peut pas s’y limiter. Il doit s’adresser directement aux gens et se manifester de façon autonome. Il ne s’agit pas que, et pas en premier lieu, d’une alliance des organisations mais de l’unité d’action de la classe ouvrière et des couches populaires en tant que telles.

Sans un parti communiste, de nouveau renforcé, la classe ouvrière ne peut pas mettre son potentiel politique en valeur, tant qu’elle est désorientée par l’Etat et les partis bourgeois, dans l’impasse de la cogestion et de la coopération de classes, qui s’appellent le partenariat social, toujours prises au leurre socialiste. Le renforcement du DKP n’est pas un égoïsme d’organisation, mais une nécessité dans l’intérêt de la classe ouvrière.

De Mörfelden à Hanovre

Le premier plénum du congrès à Mörfelden a élu un nouveau comité du parti. On peut croire cette nouvelle direction capable de changer de cap concernant l’adaptation au PGE et d’arrêter la transformation d’un parti révolutionnaire en parti réformiste, d’une certaine manière de gauche. Pour le renforcement organisateur, quelques premières résolutions ont été prises, de même que pour l’orientation de notre politique. Bien sûr que ce n’est pas encore suffisant. Le résultat le plus important du plénum achevé est l’adoption du soi-disant Amendement directif par une grande majorité [« Les réponses du DKP à la crise »]. Ce résultat clair, grâce à l’initiative du co-président du parti Hans-Peter Brenner, a été atteint par la réunion du projet de l’ancien comité du parti et du projet d’agir, venant de la fédération berlinoise. Le DKP possède ainsi un document utilisable pour les deux prochaines années qui donne une caractérisation de la situation politique actuelle et des orientations politiques dans les plus importants champs des luttes.

Le DKP, peut-il surmonter le fait « qu’il s’occupe surtout de lui-même » ? Le nouveau président Patrik Köbele a répondu à cette question : « Le congrès ne va pas parfaitement surmonter tout cela. Il faudra encore y travailler. Les résultats du congrès sont ambivalents. Il donne sûrement des impulsions, mais montre en même temps qu’on a encore besoin de discuter énormément. (…) Nous devons relier la discussion nécessaire avec l’orientation : Camarades, nous devons descendre dans les rues ! Je suis d’avis qu’on ne peut surmonter les différences théoriques qu’avec une combinaison de théorie et de pratique ».

De bons documents ne nous sont utiles que si chaque section du parti, chaque camarade les met en pratique politique. Les conditions à l’intérieur du parti, pour arriver à cela, deviennent meilleures avec ce congrès. Mais nous ne serons vraiment plus forts qu’avec des actions, par la mobilisation de la classe ouvrière.

Sepp

Voir en ligne : Article du journal du DKP, Théorie und Praxis

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    Les résultats de la consultation des 16, 17 et 18 juin sont maintenant connus. Les enjeux sont importants et il nous faut donc les examiner pour en tirer les enseignements qui nous seront utiles pour l’avenir.

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