Les municipales ou le PCF face à ses impasses stratégiques !

, par  Marie-Christine Burricand , popularité : 3%

Paris, Lyon... les dernières décisions concernant les élections municipales sont fort instructives des contradictions profondes qui travaillent le PCF aujourd’hui.

Nous constatons qu’une grande partie de ceux qui ont vendu la ligne "Front de gauche" et la candidature Mélenchon comme le meilleur moyen de s’émanciper du PS après la cruelle expérience de la gauche plurielle, se sont faits les chantres déterminés de l’alliance avec le parti socialiste.

C’est notamment le cas à Paris où la direction nationale a mis tout son poids pour faire gagner l’option de listes communes avec le PS. Pour se dégager d’un partenaire devenu embarrassant, la direction du PCF n’a pas trouvé d’autres moyens à Paris que de s’en retourner vers le PS, lui donnant ainsi un sacré satisfecit dans la ville centre, alors même que celui-ci multiplie les listes, les critiques et les entraves au rassemblement dans les villes à direction communiste, sans que cela ait semblé gêner ceux qui ont signé l’accord à Paris.

Et bien sûr, tout cela n’empêchera pas la candidate parisienne de draguer l’électorat centriste et le Modem, n’oublions pas qu’à Paris comme à Lyon, c’est la "classe moyenne" qui fait l’élection quand, dans nos villes, c’est la classe ouvrière qui compte, telle qu’elle est aujourd’hui.

Les avancées programmatiques mises en avant à Paris font sourire, parce qu’il est certain qu’elles n’engagent que ceux qui y croient et qu’elles sont lointaines (2030 pour les 30% de logements sociaux alors que c’est une urgence).

Ce qui apparaît surtout, c’est un accord de sommet qui donne à Anne Hidalgo un label de gauche et assure au PCF en cas de victoire son existence institutionnelle sans que soit pour autant assurée son existence politique et populaire sur Paris qui ne peut se gagner qu’au travers du combat politique.

A Lyon, les communistes ont décidé d’aller à des listes de rassemblement Front de gauche à l’élection municipale plutôt que de s’allier dès le premier tour avec Gérard Collomb, rompant avec 12 ans d’allégeance au Parti socialiste dans l’agglomération.

Ils l’ont fait avec ce qu’ils avaient sous la main, le Front de gauche. Mais surtout, ils l’ont fait parce qu’ils ont refusé d’avaler une double arête, celle de la politique départementale et de la gouvernance Collomb, qui peut se résumer par la formule lapidaire "si tu veux être servi, tais toi, et sinon tire toi". Il faut dire que le maire de Lyon et président du grand Lyon n’y est pas allé de main morte : financement public du grand stade privé de l’OL Land, hôpitaux lyonnais historiques transformés en hôtels, commerces et appartements de luxe, mise en place sans concertation avec la population de l’eurométropole lyonnaise qui partage le département en deux, concentre les pouvoirs et affaiblit les communes, tout en éloignant les élus et lieux de décisions des habitants...

Plusieurs dossiers sont inacceptables pour les communistes d’autant que la confrontation nécessaire d’idées n’a jamais lieu, les communistes et leurs élus étant priés de se la fermer par leur propre direction d’ailleurs pour ne pas déranger l’équilibre sur lequel vivote la fédération depuis belle lurette.

Nous ne savons pas ce qu’il adviendra de cette décision car les pressions sont fortes pour contraindre les communistes lyonnais à changer d’avis d’une part, et d’autre part les négociations avec les partenaires du Front de gauche ne seront pas simples.

Mais à Lyon comme à Paris, en creux ou en plein, regardons l’essentiel.

Tout d’abord, la politique gouvernementale ne passera pas sous la table à ces élections et encore moins ses déclinaisons locales, notamment au travers de l’Acte 3 de la décentralisation, la réduction et marchandisation de bons nombres de services publics.

Ceux qui se contenteront de décliner des programmes locaux sans faire le lien avec la politique gouvernementale et le rapport de force réel dans le pays ne feront pas de la politique, mais de la communication et de l’agitation autour de leurs candidats. Ce n’est pas ainsi qu’on combattra l’abstention et son corollaire le vote Front national.

Parlons franchement : si nous voulons conserver des communes facteurs de résistance à l’austérité, de citoyenneté, de démocratie et d’égalité, il va falloir un engagement et une bataille citoyenne d’un haut niveau, et c’est pour cela que nous voulons rassembler largement et faire élire des candidats de combat.

La volonté de conforter l’existence politique du PCF à l’occasion de ces municipales est forte et c’est une bonne chose. Cette exigence pousse à se libérer de la tutelle du Parti socialiste, d’autant que la politique gouvernementale est indéfendable.

Dans cette situation, le Front de gauche ne constitue pas une réponse satisfaisante, car il n’a pas fait la démonstration de sa capacité à rassembler largement les catégories populaires qui ont intérêt au changement de société. D’autre part, le risque est grand que même des résultats corrects de listes Front de gauche aux municipales se traduisent par moins d’élus, ce qui constitue un risque supplémentaire pour l’existence du PCF dans la période.

La vieille alliance de sommet issue du programme commun se meurt et le PCF n’a pas de roue de secours.

Il faut constater la panne stratégique dans laquelle nous enferment l’effacement du PCF menée depuis Martigues, la soumission et la réduction de notre activité politique aux institutions, l’incapacité à penser les alliances en terme de classes sociales et de rassemblement populaire.

Mais la volonté des militants d’en découdre avec le capital et de faire vivre leur parti peut faire bouger les lignes. Dans la complexité des situations et des rapports de forces, soyons attentifs et confortons tout ce qui demain peut permette de construire une issue pour le PCF.

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