Les communistes doivent éclairer la nature du terrorisme, son lien avec l’impérialisme

, par  pam , popularité : 1%

Après la succession des drames de Nice,à St-Etienne du Rouvray, chacun comprend que le mal est profond, que les politiques sécuritaires conduites ces dernières années sont incapables de protéger réellement les Français qui se demandent tous que faire quand le terrorisme semble pouvoir apparaitre partout à tout moment.

Il est essentiel dans ce débat de caractériser la nature du terrorisme, d’éclairer son lien profond avec la violence de la mondialisation capitaliste et de l’affrontement pour le partage du monde. Car si chacun perçoit bien qu’aucune militarisation de l’espace public ne va réparer les fractures béantes dans le tissu social et politique. Il est difficile d’ouvrir une perspective politique progressiste de paix face aux discours sécuritaire qui se transforme en course du plus disant militaire et sécuritaire entre FN, droite et gouvernement socialiste, sans proposer d’abord une analyse alternative au discours de la guerre des civilisations.

Le terrorisme est un fascisme...

Il faut d’abord dénoncer la gravité du délitement social, de la progression des communautarismes qui isolent des familles, des enfants, des adolescents dans la société Française en rejetant les acquis républicains de la laïcité, de la solidarité, du refus des discriminations. Il faut faire la vérité sur la présence de réseaux islamistes dans de nombreux quartiers qui s’inscrivent dans le refus de la république, qui portent une pratique ségrégationniste de la société. Et il faut dénoncer le refus des gouvernements successifs de regarder cette réalité en face et de faire jouer tout son rôle à l’état contre les réseaux intégristes, pour le respect de la république dans tous les quartiers.

Cependant, ne qualifier le terrorisme que d’"islamiste" laisse de coté des questions essentielles pour unir le peuple Français. La religion a toujours été un outil de division du peuple [1]. Les guerres de religion ont sur toute la planète provoqué les pires horreurs. L’invention de la laïcité a été un grand progrès pour affirmer que l’espace politique est séparé des religions, que chacun est libre de croire à sa manière ou de ne pas croire et que tous sont égaux comme citoyens dans un espace public qui est celui de tous. Il n’existe pas d’unité possible sur une base religieuse, que ce soit autour ou contre une religion.

Il n’y a donc pas d’unité populaire possible sans éclairer la nature politique du terrorisme, sans faire apparaitre le lien étroit entre terrorisme et impérialisme, entre pourrissement social et crise du capitalisme, entre délitement national et mondialisation capitaliste. L’unité de la France reconstruite, malgré la guerre et les divisions qu’elle avait créée, par le conseil national de la résistance s’est faite sur un contenu résolument progressiste. En France, le lien entre lutte nationale et lutte sociale est profond. La bourgeoisie a toujours trahi la France.

Il est dangereux d’identifier l’ennemi comme une idéologie religieuse qui serait en dehors de l’histoire, sans lien avec les réalités économiques et politiques. C’est ce que font les promoteurs du "choc des civilisations" ; qui refusent évidemment de parler des enjeux économiques dans le partage du monde autour du pétrole, du gaz, et du rôle des puissances rétrogrades du golfe. Dans la défense par l’impérialisme US d’une domination sans partage après l’effondrement du bloc de l’Est, il est clair que l’alliance des USA avec les monarchies pétrolières joue un rôle clé. Le salafisme est bien l’arme idéologique d’un objectif totalement politique, celui de la domination impérialiste sur l’accès aux énergies fossiles [2]. La dénomination d’islamisme masque ce fonds politique du terrorisme, et ne permet pas de comprendre l’utilisation qu’en ont fait les services US au service de leurs intérêts stratégiques.

C’est pourquoi nous proposons d’appeler ce terrorisme par son nom historique, un fascisme, réponse par la violence dans le peuple à la crise de la domination impérialiste. C’est un fascisme islamiste, mais c’est d’abord un mouvement politique.

Il n’y a pas d’unité populaire possible en dehors de l’exigence d’une république sociale

Pour unir le peuple face au terrorisme, il faut réaffirmer la perspective d’une république sociale qui réponde enfin aux besoins populaires et s’inscrive dans la recherche de la paix contre les guerres impérialistes. Aucune unité nationale n’est possible dans la situation politique telle qu’elle est, tant que notre gouvernement est l’allié solide de ceux qui financent le terrorisme ! C’est un ministre de la France qui évoquait le "bon boulot sur le terrain" des terroristes du front Al Nosra, branche syrienne d’Al Quaida ! C’est la France qui s’est appuyée sur les milices islamistes pour détruire l’état Lybien et plonger ce pays dans le chaos dans lequel prospère Daech. C’est le président Hollande qui a donné la légion d’honneur au dictateur rétrograde Saoud... Comment peut-on unir le peuple Français contre le terrorisme sans dénoncer ces alliances déshonorantes pour l’histoire de la France ?

C’est d’autant plus vrai quand l’état d’urgence contre le terrorisme est utilisé contre le mouvement social. Ce 14 Juin a confirmé la force d’un grand mouvement social héritier de la France combative et rebelle et elle a aussi confirmé la violence d’un gouvernement fragile qui propose l’interdiction des manifestations. Il ne peut y avoir d’unité dans l’ambiguïté avec des alliés objectifs des terroristes, et il est urgent d’exiger la rupture immédiate de toutes les relations de la France avec les pays qui financent et animent ce fascisme islamiste.

Comme le disait André Gerin dans une conférence de presse de 2008 "l’UMP et le grand patronat (qui) préfèrent favoriser la lutte ethnico-religieuse à la lutte des classes et les combats communs français et immigrés.". Oui, il y a bien un terreau social aux dérives intégristes et terroristes, et ce sont bien de jeunes Français qui sont partis par centaines faire un djihad qui est de fait au service des guerres impérialistes. Ils constituent une force mobilisable en France par ce fascisme contre la république. Le terrible crime de masse de Nice montre le lien entre crise psychique et engagement terroriste, comment le passage à l’acte individuel est orienté par ce fascisme qui apparait comme la seule voie contre le système.

Nous savons d’ailleurs que ce qui unit dans nos quartiers et nos entreprises, ce n’est pas le débat sur la religion, piège dans lequel toutes les divisions s’engouffre et qui regarde chacun dans sa conscience, mais c’est l’action collective pour des intérêts communs, ce sont les luttes, dont cette magnifique mobilisation contre la loi El Khomri. Et quand le drame touche une école des Minguettes avec la violence sociale qui se transforme en violence entre enfants, ce qui compte, c’est le travail pour se parler malgré la violence, l’action collective pour obtenir les moyens nécessaires de l’éducation nationale assurant à tous les enfants d’avoir un adulte à qui parler de ses inquiétudes, des tensions qu’il vit, des discriminations comme des harcèlements qu’il subit.

C’est pourquoi la réponse au terrorisme ne peut être dans la confusion avec un état anti-social, avec ceux qui organisent le désengagement de l’état de la solidarité, des services publics, mais au contraire, dans l’affirmation collective de l’exigence de la république sociale !

C’est pourquoi il faut aussi dénoncer ceux qui assimilent critique de l’intégrisme musulman et islamophobie, critique de l’immigration capitaliste et dénonciation des immigrés, dénonciation du terrorisme et soumission à l’état capitaliste. Ils agissent objectivement contre l’unité du monde du travail ! C’est au contraire en partant des intérêts communs des peuples face au fascisme qu’on peut ouvrir une issue progressiste face au terrorisme, placée résolument dans l’exigence de la paix contre les stratégies guerrières de l’OTAN, dans l’exigence d’une république sociale contre la fuite en avant d’une guerre de classe exacerbée.

Dans ces luttes, les communistes souffrent de l’absence d’un parti communiste clair et ferme sur des positions de classe. Nous avons urgemment besoin de pouvoir dire "nous", de reconstruire une expression politique collective, qui aide à comprendre le monde pour le transformer.

[1En 1905, dans "socialisme et religion", Lénine écrit "La bourgeoisie réactionnaire s’est partout appliquée, et commence à s’appliquer chez nous aussi, à attiser les haines religieuses, pour attirer dans cette direction l’attention des masses et les détourner des questions politiques et économiques véritablement importantes et capitales"

[2L’historien britannique Charles Allen estime que depuis 1979 les autorités saoudiennes ont consacré plus de 70 milliards de dollars (65 milliards d’euros) à la diffusion dans le monde – via des mosquées, des centres religieux et culturels ou des ONG religieuses –, du wahhabisme, une vision de l’islam qu’elle considère comme la seule authentique

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