En date du 19 décembre 2023, l’hebdomadaire ultra-réactionnaire "Le Point" fait état d’un sondage auprès des français (...)
Peut-on encore parler de "gauche" en Italie ? Quel avertissement pour la France ?
Le suicide du PCI a conduit à la disparition de la gauche italienne...
La gauche ? Le présentoir électoralement acceptable de la politique du MEDEF
Un article du Monde reçu avec commentaires de JC Romettino.
Quatre tours pour rien (au moins). Bersani annonce sa démission prochaine.
Deux morts en une seule journée ! Romano Prodi, que les 495 grands électeurs de gauche avaient assuré unanimement de leur soutien, n’a pas réussi à dépasser 395 voix, vendredi 19 avril au quatrième tour de scrutin pour l’élection du Président de la république. Pierluigi Bersani qui avait proposé sa candidature annonce dans la foulée sa démission du secrétariat général du parti démocrate...
Petit rappel : il suffit désormais d’atteindre la majorité absolue des 1.007 grands électeurs (504 voix) pour pouvoir s’installer au palais du Quirinal. La droite et la Ligue du Nord ayant choisi de s’abstenir, les élus du Mouvement 5 Étoiles ayant leur propre candidat en la personne du juriste Stefano Rodotà, et ceux proches de Mario Monti ayant opté pour Anna Maria Cancellieri, la ministre de l’Intérieur, il est facile de savoir d’où viennent les francs-tireurs.
Une centaine d’élus du Parti démocrate (PD, gauche) et peut-être - quoiqu’ils en disent - de son allié Gauche, Écologie et Liberté (SEL) ont choisi délibérément de défier le secrétaire général du PD, Pierluigi Bersani, à qui ils ne pardonnent pas sa navigation à vue, comme ils avaient déjà empêché, vendredi, l’élection de Franco Marini, personnalité consensuelle soutenue également par la droite.
Les règlements de comptes dans ce parti né d’une "fusion à froid" entre ex démocrates chrétiens et ex communistes ont commencé. Le parti semble avoir déjà ouvert son congrès qui devrait avoir lieu à l’automne... Rodotà a obtenu 50 voix de plus que le total des sièges du Mouvement 5 Étoiles (213 voix)... 50 autres votes venus d’électeurs du PD se sont portés sur Anna Maria Cancellieri (76 voix) ou sur l’ancien Président du conseil, Massimo D’Alema (15 voix).
Il semble désormais que la conclusion de cette élection soit moins liée à la personnalité du candidat, qu’à celle de M. Bersani lui-même, de plus en plus affaibli par les divisions et les haines recuites à l’intérieur de son parti. Après avoir "crâmé" Marini le consensuel, Bersani a peut-être "grillé" la carte Prodi, le clivant. Que peut-il faire désormais, qui ne se transforme pas en cendres ? S’immoler à son tour ?Samedi 20 avril, le PD a décidé de s’abstenir à son tour "pour organiser une assemblée", a-t-il déclaré. "J’espère qu’une nouvelle proposition sera trouvée avec les autres forces politiques. Nous seuls, nous ne pouvons pas trouver un président de la République", a-t-il admis en annonçant sa démission dès que le nouveau Président de la république serait élu. "Je n’arrive pas à accepter que le candidature de Romano Prodi ait échoué. Nous avons abouti à une affaire d’une gravité absolue, les mécanismes de responsabilité et de solidarité ont sauté". De son côté Prodi est furieux : "Qui m’a porté jusqu’ici doit assumer ses responsabilités !".
"La quirinologie est une science ésotérique, se désole, un peu lassé, Roberto D’Alimonte, professeur de sciences politiques à la Luiss de Rome, dont les avis sont habituellement éclairants. Bersani peut rechercher un autre candidat avec Berlusconi en proposant les noms de Giuliano Amato et D’Alema ou se tourner vers le Mouvement 5 Étoiles en soutenant Rodotà. Mais personne ne contrôle plus rien". Un autre aussi ironique que désabusé : "Écrivez que le meilleur politologue d’Italie n’y comprend plus rien !".
Le scrutin reprend samedi à 10 heures. Il se poursuivra jusqu’à épuisement des votants ou des candidats...
Philippe Ridet, Le Monde, 22/04/2013
Rappel :
Le PCI s’est suicidé (dissout) en 1991 pour (je résume à peine) "faire moderne" et renforcer la gauche italienne (lire Guido Liguori : Qui a tué le Parti communiste italien).
Le contexte actuel :
Suite aux élections législatives, le PD (fusion du PCI et du Parti Chrétien Démocrate) est arrivé en tête mais Les "grillistes" et Berlusconi empêchent toute majorité de gauche.
Bersani, responsable du PD a renoncé à former le gouvernement.
Il fallait aussi renouveler le mandat du président de la République.
Au bout du compte :
C’est l’ex-communiste Giorgio Napolitano qui rempile à la présidence de la République.
C’est l’ex-communiste Bersani qui cherche en vain à former le gouvernement avec le soutien de l’ex-communiste Massimo d’Alema.
La solution "prodiste" Matteo Renzi vient d’échouer, au profit d’une autre solution "prodiste" : Enrico Letta, ancien ministre de l’ancien communiste d’Alema et neveu de Gianni Letta un très proche de Berlusconi.
Bersani, d’Alema, Napolitano, Renzi, Letta, sont tous membres du PD (né comme Partido de la Sinistra, et qui a même renoncé à faire référence à la sinistra - la gauche - prenant acte de sa propre dérive) !
Faut-il essayer de comprendre quelque chose à ces tractations ? Ne vaut-il pas mieux partir de quelques réflexions "basistes" ?
Le suicide du PCI pour renforcer la gauche, n’a pas eu le résultat escompté.
Pire : la "gauche" italienne n’existe plus.
J’en tire quant à moi la conclusion, la leçon suivante : en Europe du moins,
il n’y a pas de gauche en l’absence d’un PC.
Qu’est-ce que la gauche ? Elle n’est plus qu’une attitude morale, qui se bat
(plus ou moins bien) sur le plan sociétal. Mais qui ne se bat plus sur le plan social : elle a épousé les thèses du MEDEF. Le sociétal n’accompagne plus le social mais s’y substitue.
Dans ces conditions la "gauche" française n’est plus que le présentoir acceptable
électoralement parlant de la politique du MEDEF.