Le « rassemblement national » où la référence de moins en moins complexée à la collaboration…appel d’offre au patronat.

, par  Danielle Bleitrach , popularité : 1%

Le discours de Marine Le pen se positionnait ouvertement à droite, dans une politique libérale qui ne peut que séduire le patronat. C’était un véritable appel d’offre et sans doute un appel aux généreux donateurs qui ne manqueront pas d’affluer en sous main puis de plus en plus ouvertement. Parce qu’il faut bien que le capital soit réaliste et qu’il envisage l’échec de son poulain Macron, après qu’il ait accompli l’assaut sauvage exigé de lui… faire vite dans le temps que lui laisse le vide politique et la division syndicale et après… le fascisme pourquoi pas ? sinon on fera encore jouer au « rassemblement national » son rôle de rabatteur sur le candidat dont personne ne veut…

C’est de ce fait le retour aux fondamentaux, la désignation de l’immigré devenu l’islamiste mais aussi la mondialisation désignée comme « nomadisme », dans lequel on peut lire le « cosmopolitisme d’une autre époque ». Parce qu’il ne s’agit pas de lutter contre les monopoles financiarisés mais seulement mettre en avant dans le discours ce que l’on définit comme l’antithèse des valeurs portées par ce même « cosmopolitisme ». La démonstration de la manière dont le front National marcherait sur ses deux jambes : la haine de l’immigré, tous terroristes si musulmans CQFD et la haine du « cosmopolite » (le juif capitaliste apatride ? : Le Betar et Soral unis dans un même combat, celui des « identitaires »). Plus de droite et de gauche, cette dernière a fait le travail, on va voir comment… Le corporatisme dans l’entreprise sous couvert d’unité nationale ?

Si le Front National peut ainsi tomber le masque c’est que l’Europe a beaucoup avancé sur ce chemin.

La gauche s’est complètement déconsidérée en adoptant la politique de l’UE dans laquelle droite et gauche se sont confondues en matière d’attaque contre les droits sociaux. Le discours sur les droits de l’homme, un anti-racisme limité et qui surtout ne s’est jamais adressé aux couches populaires issues de l’immigration en tant qu’exploités, chômeurs, est devenu un véritable gadget favorisant les interventions militaires néo-colonialistes et trafiquant le passé. Que sont les droits de l’homme quand il n’y a plus de travail, quand on se suicide à cause du mal être qu’il génère ? Quand tout le jour on voit défiler sur les plateaux de télé des gens qui insultent votre désespoir ? Quand il n’y a plus personne, même pas la cellule pour créer collectif, quand le syndicalisme est en repli ? C’est comme la religion européaniste une hypocrisie… une messe jouée jour après jour sur les plateaux de télé par des élites méprisantes et que désertent le fidèles, la colère qui emplit les cœurs face à tous ces missionnaires…

C’est toute la gauche qui s’est déconsidérée, non seulement la gauche hégémonique pour sa politique de droite, mais tous les autres y compris « radicales » par impuissance à faire autrement…

Là encore à l’individualisme, à la solitude du chômeur, à celle du retraité, à celle de l’adolescent mal dans sa peau, Marine Le Pen propose la recréation du collectif et de ses valeurs de solidarité contre l’étranger, l’africain, le maghrébin, et le « nomade »… parce que la vraie question est peut-être que la gauche hégémonique, celle qui a entraîné dans son sillage toutes les autres expressions de gauche, y compris les plus radicales, comme le dit un article de Il Manifesto que nous publions par ailleurs a inventé avec l’Europe une nouvelle religion, toutes les « élites », tous les politiciens ont célébré cette religion au son de la neuvième symphonie de Beethoven, alors que la réalité était celle d’un renforcement des inégalités, de l’accroissement du chômage, du mal vivre et le sauve qui peut de l’individualisme, la concurrence entre les travailleurs, le bellicisme… Alors l’idée même de gauche on le voit, sous cette bannière est devenu un repoussoir. C’est un mouvement général….

Puisque le peuple méprise ouvertement cette religion là, on va lui en fournir une autre… Surtout pas le communisme, il faut maintenir la pression sur ses « crimes » supposés…

Occupés comme ils le sont, droite et gauche confondues, depuis des années à faire croire à une équivalence entre le nazisme et le communisme, l’imposant jusque dans les livres scolaires, nous en sommes aujourd’hui en Europe, à la seule répression des communistes. Les fascistes avancent de moins en moins masqués par rapport à leur origine et à leur programme. Nous avons vu ce week-end Marine Le Pen reprendre sans complexe le nom de « rassemblement national » qui ne peut pas ignorer le nom du parti collaborationniste de marcel Déat et ce d’autant moins qu’un des fondateurs du FN, Roland gaucher appartenait à ce parti.

Mais que l’on se rassure Marine Le Pen ne renonce pas à l’Europe, et surtout pas à la politique libérale impulsée par l’UE, même pas à l’euro, elle table même sur la vague brune qui devrait déferler sur le continent et elle ne cache pas son maître à penser US, Stève Bannon, le suprématiste blanc du Klux klux klan, pas plus que sa proximité avec le vainqueur des récentes élections italiennes Matteo Salvini, c’est l’internationale brune… Simplement elle dénonce la religion de « la gauche » pour mieux instituer celle qui fit les beaux jours de l’Europe en crise jadis…

Mais le pire est sans doute la vulnérabilité du terrain à une telle idéologie pour culpabiliser les résistances, ne les reconnaître que comme « dissidentes » fussent-elles les plus réactionnaires possibles.

Hier j’ai eu un choc, j’étais interpellée par un groupe de jeunes gens, dont des jeunes communistes qui avaient repris mes articles sur la Russie, l’URSS, Staline et d’autres qui m’ont stupéfait par leur ignorance. Une jeune femme, à ma grande stupéfaction, a accusé Staline de violer massivement les femmes. On peut l’accuser de beaucoup de choses mais pas de ça. Je lui ai demandé quelle était sa référence, elle ne savait pas, elle avait lu elle ne se rappelait plus où, mais c’était sûr. A la fin je lui ai demandé si elle ne faisait pas référence aux viols attribués à l’armée rouge dans la prise de Berlin ? Et là c’est devenu fantastique, des jeunes gens qui ignoraient tout de ce qu’avait été la seconde guerre mondiale, le rôle libérateur de l’armée rouge, pensaient que Staline avait ordonné ces viols à ses troupes et ils exigeaient qu’ils soient dénoncés, c’était « balance ton porc » Staline et Joukov comme reconstitution historique… Je leur parlait de ce qu’avait fait l’armée allemande en Russie, de la découverte des charniers des camps de concentration, ils ignoraient tout et l’un d’eux sentencieux a déclaré : « on ne peut pas excuser le crime au nom de la raison d’Etat ! ». Que faire sinon leur laver la bouche avec du savon en pensant aux manuels scolaires, mais aussi à la « gôche »… Ces jeunes gens étaient peut-être des disciples de Clémentine Autain accusant de viol l’armée rouge rouge pour relativiser les viols à Cologne où des migrants avaient été accusés ? Je l’ignore et encore plus d’où ils tiraient leur vision historique mais il était clair que les Allemands étaient devenus les victimes de l’abominable Staline.

Quand la gauche depuis des années avance en assurant la promotion de cette idéologie et la religion de remplacement, celle d’une Europe unique remède aux maux qu’elle engendre, toujours plus d’Europe, toujours plus de dénonciation du fascisme, de celui qui proteste qu’il n’en peut plus d’inégalités, de chômage, de salaires insuffisants, de pression sur l’hôpital, l’école, alors il a fait le lit à celui qui va recréer l’Europe de la peste brune, qui ne sera pas l’opposée de la première mais son prolongement par temps de crise… Toujours plus de caricature du communisme, hélas accompagné par le repli, l’effacement des communistes et leur mauvaise conscience entretenue…

Voilà où en sont les esprits, comment voulez-vous que quand un patronat qui opère une reconquête sur tous les droits acquis par les travailleurs à la libération au nom du libéralisme, quand on publie sans complexe toute la littérature la plus ignoble des collaborateurs, quand depuis des années on met dans la tête de nos chères têtes blondes ou brunes que Communisme et nazisme, Hitler et Staline c’est pareil, on n’en arrive pas au cri cher à tout le patronat à tous les fascistes : « Plutôt Hitler que le front populaire ! »

Pour les communistes, lutter contre cette peste brune qui s’affiche de plus en plus ouvertement passe par trois nécessités :

- désigner clairement l’ennemi, le capitalisme, son visage aujourd’hui y compris en Europe, avec ce que sont aujourd’hui les institutions européennes.
- être très concrets dans la défense des exploités, des couches populaires, reprendre pied plus que jamais dans le terrain social et éviter le galimatias des socialistes, arrêter sur les « valeurs » abstraites, mais incarner les nôtres, se présenter d’abord comme communistes, sans sectarisme, sans invectives de sommet, mais au contraire faire l’union sur des objectifs concrets.
- arrêter d’accompagner le négationnisme historique de jérémiades culpabilisées à la mode trotskiste et revendiquer haut et fort ce qu’a représenté ce communisme dans la lutte contre le nazisme autant que dans la conquête des droits sociaux. Renouer des liens partout avec les partis communistes et y faire participer l’ensemble des militants, y compris en ce qui concerne la Chine.

Danielle Bleitrach

Il y a eu un moment stupéfiant hier sur la 5, c’est madame Parizot du MEDEF venant dénoncer les chasses à courre, alors mêmes qu’elle dégoulinait d’amour pour Emmanuel Macron si courageux sur le plan économique. Elle me faisait irrésistiblement penser à Brecht décrivant dans Sainte Jeanne des Abattoirs le patron qui spécule sur la grève et transforme ses ouvriers en corned beef quand ils glissent épuisés dans la machine à broyer, mais qui pleure sur le fait d’avoir dû tuer un beau taureau blanc…

On peut protester contre le traitement infligé aux animaux, c’est mon cas, mais quand cela devient l’art et la manière d’ignorer la manière dont on traite les être humains, là encore ça pue l’amour de la nature chez les nazis…

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    Un film
    Sur une musique de Hans Eisler, le requiem Lenin, écrit sur commande du PCUS pour le 20ème anniversaire de la mort de Illytch, mais jamais joué en URSS... avec un texte de Bertold Brecht, et des images d’hier et aujourd’hui de ces luttes de classes qui font l’histoire encore et toujours...

  • (2009) Déclaration de Malakoff

    Le 21 mars 2009, 155 militants, de 29 départements réunis à Malakoff signataires du texte alternatif du 34ème congrès « Faire vivre et renforcer le PCF, une exigence de notre temps ». lire la déclaration complète et les signataires

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    La déclaration complète

    Les résultats de la consultation des 16, 17 et 18 juin sont maintenant connus. Les enjeux sont importants et il nous faut donc les examiner pour en tirer les enseignements qui nous seront utiles pour l’avenir.

    Un peu plus d’un tiers des adhérents a participé à cette consultation, soit une participation en hausse par rapport aux précédents votes, dans un contexte de baisse des cotisants.
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  • (2016) 37eme congrès du PCF

    Texte nr 3, Unir les communistes, le défi renouvelé du PCF et son résumé.

    Signé par 626 communistes de 66 départements, dont 15 départements avec plus de 10 signataires, présenté au 37eme congrès du PCF comme base de discussion. Il a obtenu 3.755 voix à la consultation interne pour le choix de la base commune (sur 24.376 exprimés).