Le combat contre l’austérité mérite mieux que des postures préétablies. Le débat doit s’ouvrir !

, par  Marie-Christine Burricand , popularité : 2%

Notre pétition suit son cours. Nous avons demandé sa publication dans l’Humanité comme nous avions d’ailleurs demandé en juillet la publication d’une note rédigée par plusieurs membres du Conseil National. Si cette note a bien été envoyée aux membres du Conseil national, nous n’avons pour l’instant aucune réponse sur la publication dans l’Humanité de ces deux textes dont l’objectif est de permettre le débat.

Dans cette situation, j’ai lu avec attention deux communiqués de presse ayant trait à la démission d’Alexis Tsipras, l’un émanant de la direction nationale sous la plume de Lydia Samarbakhsh, responsable des Relations internationales, l’autre de Raphaël Debû, secrétaire départemental de la fédération du Rhône.

Ces deux communiqués sont centrés sur la défense exclusive du premier ministre grec qui donnerait par sa démission « une leçon de démocratie » et « s’en remet au peuple ». Aucune référence n’est faite aux débats qui traversent Syriza, les membres actuels ou passés du gouvernement. Bien évidemment, les positions du KKE sont passées sous silence, ce qui n’est pas nouveau, mais aussi celles de communistes qui avaient rejoint Syriza et qui aujourd’hui, expriment des positions différentes, notamment dans Unité Populaire.

La démission de Tsipras était prévisible depuis plusieurs semaines, car il est confronté à une crise politique dans sa majorité. Ses déclarations pour l’instant sont suffisamment floues pour laisser planer le doute sur ses intentions. Il est logique qu’il veuille avec ces élections reprendre de la force, mais pour quoi faire : résister mieux à la Troïka qu’il ne l’a fait jusqu’à maintenant, ou au contraire avoir les coudées franches pour appliquer les mauvaises mesures découlant du mémorandum ?

Ce qui s’est passé après le référendum de juillet laisse le doute planer, car un vote a bien eu lieu et ce vote a bien été bafoué. Et « le retour à la parole du peuple » n’a de sens que si cette parole est respectée.

Surtout cette personnalisation conduit à passer à côté de l’essentiel qui n’est pas tant dans les intentions d’Alexis Tsipras que dans les éléments nouveaux qui permettraient aux grecs d’être plus forts face à la Troïka. Or, alors que la Grèce a subi de nouvelles mesures d’austérité et surtout des pertes importantes de souveraineté quant à sa politique économique, financière et sociale, Tsipras n’en amène aucun dans le débat quant à ce qui pourrait lui permettre d’inverser le scénario dans les mois qui viennent. Le "jugez moi" est un peu court car le problème des grecs n’est pas tant de savoir s’ils soutiennent Tsipras ou pas, mais comment sortir de la situation quasi coloniale dans laquelle les dirigeants de l’UE les ont placés.

L’accord signé par Tsipras – sous la contrainte de la Troïka – est une défaite pour le peuple et pour les progressistes européens. Il faut évidemment continuer la bataille, mais en en tirant les leçons. Car rien n’est plus dramatique et dangereux que d’envoyer l’espoir des peuples se fracasser dans le mur, même dans la transparence !

Depuis les évènements grecs, un débat s’est ouvert qui bouscule les uns et les autres.
Peut-on combattre l’austérité en restant dans le cadre des institutions européennes et dans l’euro ? Certains le soutiennent depuis longtemps et n’ont pas changé d’avis. D’autres le pensaient mais considèrent que la situation grecque oblige à réfléchir autrement, à au moins envisager cette rupture comme un moment inévitable. D’autres encore n’ont jamais cru à l’Europe sociale et à la transformation de l’UE qu’ils considèrent comme l’outil du capital.

L’affrontement de classe est violent et les périls grandissent. Je suis convaincue que quelles que soient ses faiblesses, nous avons absolument besoin du PCF aujourd’hui, car il reste la force essentielle pour résister. Dans cette situation, l’erreur stratégique peut être mortelle. La question de l’Union européenne est centrale, une réflexion féconde peut s’engager. Ouvrons un vrai débat dans le PCF et avec le peuple pour être à la hauteur des enjeux et laissons les postures au placard !

Je joins les textes évoqués.


La leçon de démocratie grecque

Communiqué de presse de Raphaël Debû, secrétaire départemental fédération Rhône

Hier Jeudi 20 août, à 20h30, le premier ministre Grecque Alexis Tsipras a démissionné.
Dans une situation extrêmement difficile, face à une Troïka qui agit uniquement en fonction des intérêts capitalistes, Alexis Tsipras s’en remet au peuple. C’est une leçon de démocratie que Siryza et ses alliés donnent à l’Union Européenne. Il remet son mandat en jeu quand d’autres voudraient imposer au gouvernement grec une politique pour laquelle il n’a pas été élu. En provoquant de nouvelles élections, Alexis Tsipras ne signe pas un aveu d’échec. Il reconnaît une difficulté, celle de faire plier la Troïka. Il provoque un débat en Grèce et en Europe sur la politique de l’Union européenne et la BCE. Il démontre qu’on peut faire de la politique sans trahir ceux qui nous ont élus. Qui en Europe, parmi les dirigeants libéraux des 27 pays de l’union peut en dire autant ?

La volonté du gouvernement grec d’associer parlement et citoyens au débat, quelles que soient les difficultés et les divergences, est une belle leçon de politique et de démocratie pour tous les progressistes. Nous, communistes soutenons cette démarche. Car même si des erreurs ont pu être commises, elles l’ont toujours été dans la transparence. Nous pensons qu’un retour systématique et régulier à la parole du peuple est la seule façon d’agir en démocratie. Et nous pensons qu’en France et en Europe cela devrait être la règle et non l’exception. Le rapport de force entre les sbires des marchés financiers et le peuple grec ne peut être rééquilibré que par le soutien à cette démocratie bien plus vivante aujourd’hui en Grèce, que ce que l’Union
Européenne voudrait qu’elle soit.

Aujourd’hui, en Grèce, dans toute l’Europe et à tous les échelons, pour celles et ceux qui refusent l’austérité, il nous faut sortir des postures, affronter les réalités politiques et économiques de notre pays, mettre la démocratie et le rassemblement au cœur de notre action.


Nouvelles élections en Grèce : une leçon de démocratie de plus

Lydia Samarbakhsh, responsable des Relations internationales

L’annonce de la démission d’Alexis Tsipras et de la tenue de nouvelles élections législatives en Grèce avant la fin du mois de septembre n’a pu surprendre que ceux qui – avec « l’accord du 13 juillet » et le « 3ème plan d’aide » d’août – nourrissaient l’illusion ou l’espoir que le peuple grec et son premier ministre avaient définitivement été battus dans leur exigence d’une rupture avec les politiques d’austérité et de reconquête démocratique.

Le discours tenu au soir du 20 août est un discours d’appel à la mobilisation et à la riposte du peuple grec. Un chapitre effectivement se ferme, un nouveau s’ouvre déjà appelant les Grecs à se mobiliser pour se doter d’un gouvernement qui luttera contre l’impact de ces mesures austéritaires sur les classes populaires et pour « regagner [leur] souveraineté face aux créanciers ». On est loin d’un renoncement et d’une trahison mais bien dans un combat politique âpre.

Une petite musique s’installe pour faire accroire qu’Alexis Tsipras entend « donner des gages » aux créanciers de la Grèce, ou encore que ce scrutin ne viserait qu’à « sauver Syriza » ou « à régler ses problèmes internes » – ce que le dirigeant grec a précisément refusé. D’autres grands analystes se font fort de présenter à l’opinion publique française l’image d’un dirigeant qui aurait tourné casaque. Il ne vient à personne, parmi ces grands esprits, l’idée que c’est le principe démocratique qui guide l’action du premier ministre grec lorsqu’il déclare à son peuple le 20 août : « Jugez-moi par un vote ». Tout ceci n’a pour unique objectif que de redorer le blason de ceux qui, en France même et à commencer par le président Hollande, ont jeté le gant sans même tenter de combattre les impératifs de l’austérité.

Le débat sur la nature de la construction européenne et son avenir que le peuple grec a ouvert ne se résume pas à une alternative qui serait soit « accepter l’austérité » soit « prôner la sortie de la zone euro » voire de l’UE. Le peuple grec a, par ses votes les 25 janvier et 5 juillet, affirmé avec force l’exigence d’une autre Europe : solidaire et non austéritaire.

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