La problématique des "indésirables" pendant les années 1930, par Annie Lacroix-Riz

, par  Annie Lacroix-Riz , popularité : 1%

L’histoire encore pour éclairer le présent et ne jamais oublier que si ce sont les luttes de classes qui font l’histoire, il faut connaitre, loin de tout complotisme, l’action des classes bourgeoises qui sont des acteurs essentiels de phénomènes économiques et politiques souvent vécus comme de simples fatalismes historiques... Ainsi de l’utilisation de l’immigration autant au plan économique qu’idéologique...

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Le terme d’« indésirables » était avant 1914 appliqué par les divers services de police, en vue de neutralisation ou d’expulsion, à des individus ou groupes jugés nuisibles pour des raisons tant intérieures (concurrence économique, agitation sociopolitique) qu’extérieures (espionnage).

Dans l’entre-deux-guerres, il désignait essentiellement deux catégories :
1. les « rouges » ou présumés tels, nationaux ou étrangers, matériau-type du carnet B confié aux « Services chargés de la surveillance des indésirables » après la Première Guerre mondiale1 comme avant, mais avec, depuis la deuxième révolution russe et plus encore après la fondation du PCF, les « bolcheviques » pour cible obsessionnelle ;
2. les « mauvais » étrangers — il y en avait de « bons » pour l’appareil policier d’État2 —, dont la prépondérance « ethnique » des vagues reflétait la conjoncture intérieure de chaque pays de départ et/ou la politique extérieure des pays de départ et d’accueil.

La crise des années 1930 étendit l’usage du mot très au-delà des services de police de tout type pour en faire un leitmotiv politique ou de presse : à partir de 1933 et surtout de 1936-1938, régna en France la dénonciation quotidienne de la « marée » d’étrangers plus ou moins bolcheviques. Les travaux des décennies 1980 et 1990 ont mis en parallèle la faiblesse des chiffres d’arrivants — tardif cas espagnol excepté — et la submersion alléguée. Mais ils ont aussi souligné le trouble généralisé qui aurait à cette occasion saisi la société : du bas au sommet, des humbles aux sommets de l’État et du patronat, tous auraient été frappés. L’hostilité, l’accablement, la peur et un sentiment d’impuissance auraient envahi toutes les classes, ralliées aux arguments de l’extrême droite à un moment ou à un autre, surtout à partir de 1938 : l’idée d’un rejet en quelque sorte dans l’air du temps, lié à « l’aggravation » de la conjoncture intérieure et extérieure, nous les « indésirables » dans la France des années 1930 169 rapproche du « ras-le-bol » contemporain imputé aux Français « de souche », face aux Roms, Arabes,« Blacks », etc., mesuré et commenté par des sondages hebdomadaires qui emblent, eux aussi, surgis de l’atmosphère générale.

L’historiographie, bornée ici à deux spécialistes d’une catégorie phare des parias d’avant-guerre, les juifs étrangers, Ralph schor et Vicki Caron, a été, faute d’accès aux sources policières et administratives des années 1930, tentée par l’hypothèse d’une quasi-égalité sociologique dans l’initiative et l’ampleur de la xénophobie. L’ouverture à la consultation des fonds intérieurs bloqués pendant soixante ans (1939-1999) invite à réviser cette problématique — révision que Gérard noiriel amorça en contestant le vieil axiome de la « rupture » entre la république et Vichy en matière de répression xénophobe et anticommuniste, violation d’un tabou qui provoqua l’indignation de l’historiographie dominante. Or, ces sources policières et administratives remettent en question l’influence des « politiques » sur la politique d’immigration, et la sincérité de leur désarroi devant la conjoncture migratoire, objet essentiel des ouvrages susmentionnés ; et font surgir d’autres maîtres d’œuvre, les dirigeants de l’économie.

Ma contribution, après avoir présenté les travaux centrés sur la sphère « politique », étudie, sur la base des sources originales enfin accessibles, la capacité d’initiative en ce domaine du grand capital, étendue très au-delà de la sphère de l’économie et des questions socio-politiques « intérieures »

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