La mort du père de Rahan, scientifique de la préhistoire

, par  Pascal Brula , popularité : 1%

André Chéret, le père de Rahan est mort il y a peu, le 5 mars dernier. Il y a 51 ans, en février 1969, paraissait la première aventure de Rahan dans le premier numéro du journal "Pif gadget". Avec Roger Lecureux le scénariste (décédé en 1999) et Chantal, sa femme (décédée en 2017), la coloriste, il en signe la création. Hormis les fameux gadgets, Rahan restera comme une des vedettes du journal.

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L’article que Le Monde consacre à André Chéret, présente Rahan, "le fils des âges farouches", comme le « premier révolutionnaire de l’histoire, pacifiste et libre-penseur dénonçant obstinément l’obscurantisme et les superstitions des "sorciers" ».

Un blogueur de Médiapart, Yann Kindo, rend hommage à celui qui a fait honneur à ses auteurs, Rahan, le « rationaliste ringard ». En effet, il parait impensable aujourd’hui, dans ces temps de décadence idéologique, qu’un héros de bandes dessinées, qui plus est vivant dans des temps préhistoriques, défende une démarche scientifique, rationaliste. C’était sa marque de fabrique, ce qui faisait son succès.

Lorsque Rahan apparaissait dans le journal, toujours sous forme d’histoire complète, les ventes tournaient autour de 500.000 exemplaires. Le dessin de Chéret était aussi révolutionnaires que les scénarios. Dans l’article nécrologique de Marianne, il est souligné que « Le dessin de Chéret a joué un rôle essentiel, martèle Christophe Arleston. Rahan, c’est une claque graphique ! Avant, le dessin était figé, sage, bien inscrit dans les cases. Chéret a tout fait péter, alors que les comics n’en étaient pas là. Avec son dynamisme d’avant-garde, il a explosé les cases et amené le grand angle dans la BD. Ses plans étaient fous ! Il faisait bouger la ‘‘caméra’’ pour la placer dans des endroits improbables, par exemple dans la gueule d’un tigre qui fonce sur Rahan… Ce sont des trucs qu’on voit maintenant dans le cinéma à gros budget ! Une modernité incroyable, une grande bouffée d’air frais. ».

Rahan, l’homme préhistorique solitaire, allait de clan en clan pour faire partager à « ceux qui marchent debout » (ses frères humains) ses connaissances, ses inventions, son rationalisme et son esprit de tolérance ; il était le messager de la paix. C’est pourquoi il était en accord parfait avec les finalités d’un journal pour les jeunes, édité par le parti communiste. L’article de Marianne nous rappelle qu’il était : « Bien inscrit dans la ligne du PCF, Rahan, "fils des âges farouches", orphelin sans attaches et infatigable militant de la laïcité, prônait ainsi l’entraide et apportait la liberté ».

Le blogueur de Médiapart, Yann Kindo, ancien lecteur passionné des aventures de Rahan, nous explique avec humour, mais aussi un peu de dépit :

Et je me dis qu’il fut en effet une époque où la gauche incitait à se méfier des sorciers plutôt qu’à célébrer les sorcières.

Le temps de Chéret n’était pas celui de Chollet ["humoriste" contemporaine, NDLR], en quelque sorte.

Et qu’elle paraît loin, du coup, l’époque de "Pif Gadget" !

Rien que le nom déjà... Je suis sûr que si Pif avait survécu, il y aurait aujourd’hui des groupes de militants qui iraient faire des happenings contestataires dans les locaux du journal afin de protester contre la gadgetisation du monde, en expliquant qu’avec les inventions de Rahan, a commencé la destruction de la planète et l’asservissement des hommes à la technologie.

Alors, avec en tête ce décalage entre ce que la gauche était dans ces années-là – Rahan est apparu en 1969 – et ce qu’elle est devenue de nos jours, je me suis replongé dans ma collection de Rahan pour vous trouver quelques planches qui illustrent bien à quel point ce héros mâle blond hétéro cisgenre et surtout rationaliste serait aujourd’hui considéré comme un gros ringard voire un dangereux oppresseur.

De son vivant, André Chéret n’a jamais reçu la reconnaissance et la consécration qui lui étaient dues ; de plus, le monde des affaires lui était étranger et lui a causé bien des tracas. Sa collaboration avec "Pif gadget" a très mal tourné, car, dans les années 80, les propriétaires de l’époque ont cherché à le déposséder de son personnage ; cela s’est fini à son avantage au bout de plusieurs années de procès. Et par la suite, au début des années 90, il va tomber dans les griffes d’un personnage sans scrupule, un dénommé Mourad Boudjellal, propriétaire des éditions du Soleil, macroniste de la première heure, dont il fera la fortune.

Mais laissons le "mot" de la fin à quelques dessins de Chéret symboliques de la démarche de Rahan, dessins collationnés par le passionné de cette bande dessinée, Yann Kindo à qui on emprunte la conclusion : « adieu et merci pour tout, M. Chéret ».

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