La crise nucléaire de Fukushima et le capitalisme Pour le Parti communiste japonais, la crise nucléaire de Fukushima expose les limites historiques du système capitaliste et de sa course effrénée au profit

, par  communistes , popularité : 2%

Fuwa Tetsuzo, directeur de l’Institut de sciences sociales du Parti communiste japonais, a déclaré le 10 mai dernier que l’accident nucléaire de Fukushima a clairement illustré deux problèmes fondamentaux du capitalisme. Ce qui suit est le discours de Fuwa prononcé au siège du PCJ :

La menace du principe des « profits d’abord »

Nous pouvons désormais facilement reconnaître la menace du principe des « profits d’abord » du capitalisme en lisant les journaux.

Les médias se demandent pourquoi TEPCO n’a pas immédiatement verser de l’eau de mer sur les réacteurs afin d’essayer de les refroidir. Le retard dans la réaction de l’entreprise est rendu responsable pour eux de l’aggravation de la situation. Certains rapports indiquent que TEPCO ne pouvait pas prendre une décision immédiate car il savait qu’une fois que l’eau de mer aurait été versée dans les réacteurs, ils ne pourraient plus fonctionner. Cella illustre le principe des « profits d’abord », l’intention de conserver les réacteurs en état même après que se soit produit un incident de cette gravité.

De même, au Japon, pourquoi tant de réacteurs nucléaires concentrés au même endroit ? Puisque cela coûte beaucoup d’argent et de temps pour obtenir des terrains pour une centrale nucléaire, ils veulent construire autant de réacteurs que possible une fois en possession du terrain. Donc la réponse est simple : réduire les coûts.

Cependant, des séismes se produisent fréquemment au Japon. Cela serait désastreux si un séisme majeure frappait une région où sont concentrés les réacteurs nucléaires. Bien sûr, les promoteurs des centrales nucléaires sont conscients de cela, mais ils continuent à construire des installations nucléaires, même dans des zones sismiques, juste parce qu’ils peuvent économiser de l’argent de cette façon.

Par ailleurs, nos réacteurs nucléaires sont très vieux. Sur les 54 réacteurs que compte le pays, 20 ont été construits il y a plus de 30 ans. Il n’y a pas de durée de vie déterminée internationalement reconnue pour les centrales nucléaires, mais bien sûr, au plus elles ont fonctionné sur une longue période, au plus elles ressortent affaiblies par l’usure du temps.

Une chose dont nous sommes sûrs, c’est que les taxes foncières sur les centrales nucléaires ne sont collectées que sur une période d’amortissement de 16 ans. En d’autres termes, les entreprises n’ont pas à payer de taxes foncières une fois que leurs centrales ont passé plus de 16 ans en service. Voilà pourquoi ils veulent continuer à utiliser leurs installations aussi longtemps qu’ils le peuvent. Bien que les six réacteurs de la centrale No.1 de Fukushima étaient vieux, TEPCO a encore hésité à y verser de l’eau de mer. Cela montre à quel point est enraciné le principe des « profits d’abord ».

« Le capitalisme sans règles » dans la production d’énergie nucléaire et les gouvernements successifs

Cette politique des « profits d’abord » guide l’industrie nucléaire actuelle. Les gouvernements successifs ont également laissé toute la question de la sécurité des personnes à l’industrie, donc ce à quoi nous assistons désormais avec l’accident de Fukushima est le cas le plus grave jamais causé par ce « capitalisme sans règles ». Nous devons réflechir pour savoir si nous pouvons nous permettre de garder la situation telle qu’elle est ou non.

Le Parti libéral-démocrate (PLD) s’empresse de mettre en cause le Parti démocrate (PDJ). Il est vrai que le gouvernement de Kan est coupable d’avoir mené une politique indigne de confiance, mais qui est vraiment responsable de la situation actuelle ? Quand j’étais député, j’ai soulevé la question des risques de l’énergie nucléaire à plusieurs reprises dans des débats parlementaires avec les gouvernements Miki, Ohira, Suzuki et Obuchi. Ils s’agissaient de gouvernements libéraux-démocrates. Dans les années 2000, l’élu communiste Yoshii Hidekatsu a souligné les risques concrets en prévoyant quelle catastrophe pourrait se produire avec les réacteurs nucléaires de Fukushima en cas de tremblement de terre et de tsunami majeur. Dans ses questions parlementaires, il en appelé à l’adoption de certaines mesures, déclarant que la centrale de Fukushima était hautement vulnérable à une catastrophe. Cependant tous les gouvernements, de ceux libéraux-démocrates de Koizumi et Abe à celui démocrate de Hatoyama, ont ignoré cet avertissement. Bien que le PLD soit le parti qui ait promu la politique de l’énergie nucléaire et soit responsable de la catastrophe actuelle, il oublie son propre rôle et pointe du doigt le Parti démocrate. Bien sûr, le Parti démocrate agit de façon irresponsable au gouvernement, mais le PLD devrait également être tenu comme responsable de la crise en cours.

Sortir de la production d’énergie nucléaire et créer des structures mettant la « sécurité d’abord » pour contrôler l’énergie nucléaire

Le PCJ fera de son mieux pour assurer le succès des efforts importants réalisés actuellement pour limiter la catastrophe nucléaire et ranimer les zones sinistrées en exigeant que le gouvernement démocrate fasse ce que nous pensons nécessaire et en dévoilant son attitude négligeante et irresponsable.

Avec les questions liées à la reconstruction, le peuple Japonais doit désormais prendre en considération d’autres questions d’importance.

Autrement dit, le peuple Japonais doit aborder franchement les questions de comment traiter la question de l’énergie nucléaire et quelle politique énergétique choisir, et trouver une solution raisonnable avec de brillantes perspectives pour un avenir durable.

Dans cet effort, les deux points suivants sont importants.

(1)– Comme approche stratégique, nous devons décider de soustraire la politique énergétique Japonaise actuelle de sa dépendance envers l’énergie nucléaire. Bien sûr, cela prendra un certain temps pour réaliser un tel changement. Mais nous devons prendre la décision maintenant et établir une stratégie nationale pour y parvenir.

(2)- Comme approche urgente à court-terme, il est essentiel de mettre sur pied une structure pour contrôler et inspecter les équipements nucléaires avec la priorité donnée à la sécurité en rompant clairement avec le règne du « capitalisme sans règles » instauré dans le domaine de l’énergie nucléaire basé sur le « mythe de la sécurité » nucléaire. Au Japon, nous avons de nombreux scientifiques et ingénieurs du nucléaire sans lien direct avec les grandes entreprises du secteur. Nous avons aussi le Conseil scientifique Japonais, une organisation publique de scientifiques ayant une responsabilité sociale. De plus, certaines personnes autrefois engagées dans des projets d’énergie nucléaire reconnaissent l’effondrement du « mythe de la sécurité » et commencent à élever leurs voix contre la promotion aveugle de l’énergie nucléaire. En utilisant l’expertise de ces personnes, nous devons mettre en place le meilleur système de sécurité pour l’énergie nucléaire dans le monde afin de contrôler les installations nucléaires avec la priorité absolue donnée à la sécurité tandis que dans le même temps on déclasse les centrales.

Sans ce système, le retrait de l’énergie nucléaire ne pourra être réalisé car la fermeture des centrales nucléaires suppose un certain nombre d’étapes. Après que la centrale cesse de fonctionner, le combustible nucléaire usé doit être retiré des réacteurs et éliminé. Puisque les réacteurs sans le combustible usé dégagent encore une quantité importante de radiations, les radiations doivent être éliminées. Ensuite, les réacteurs doivent être démantelés. Des mesures sont aussi nécessaires pour se débarrasser des réacteurs déclassés et de leurs déchets nucléaires. En outre, nous devons envisager l’utilisation des sites après que les réacteurs aient été enlevés. Ces processus prendront au moins 20 ans. Et toutes les étapes doivent être menées sous le strict contrôle d’un système plaçant la priorité sur la sécurité.

Ces deux points – stratégiquement décider de rompre avec la production d’énergie nucléaire et créer dans l’urgence un cadre pour contrôler et réguler l’énergie nucléaire avec un mandat et une responsabilité accordant une grande importance à la sécurité – doivent être discutés nationalement. Dans l’arène politique nationale, ces deux questions deviendront probablement des sujets majeurs de discussion. J’espère que vous pourrez utiliser ce dont je viens de vous parler ce soir comme des suggestions utiles dans ce débat.

*Légende de la photo : le président du Parti communiste japonais Shii Kazuo, le second en partant de la gauche, et la députée Takahashi Chizuko, troisième en partant de la gauche, discutant avec des évacués du centre d’évacuation de Fukushima

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