La Grèce comme l’Afrique dans les années 1980 ! par Peter Tchawalou

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La souffrance du peuple grec, le peuple africain la vit depuis des années et ceci parfois dans l’indifférence totale, si on ne se cache pas derrière le principe de la bonne gouvernance.

Quand toute la presse européenne s’émeut pour la Grèce, quand toute la classe politique occidentale n’a que la Grèce sur la bouche, j’ai envie de leur demander s’ils se souviennent encore qu’il y a trente ans, l’Afrique a du sacrifier toute une génération de citoyens à cause de cette affaire de dette ? Je ne le pense pas. Ce que vit aujourd’hui la Grèce (certes je n’ai jamais visité ce pays mais les médias m’en donnent l’occasion d’en apprendre beaucoup sur lui) ne représente pas les 5 % de ce que nos pays (dits du Sud) ont souffert suite aux programmes d’ajustement structurel imposé par les créanciers (FMI-BM).

Jusqu’aujourd’hui nos pays continuent de payer le lourd fardeau de ces mesures dictées à tout un continent sans donner la chance aux populations de les accepter ou non, comme c’est le cas actuellement avec cette "graisse" qu’il faut à tout prix dégraisser selon certains économistes…

On parle souvent dans nos pays de l’absence d’industries en oubliant de dire qu’avant les mesures imposées par les créanciers de l’Afrique (prenons le cas du Togo), il y avait quand même quelques industries qui tournaient et qui faisaient la fierté des populations, au delà de tout ce qu’elles contribuaient à l’économie et au développement du pays. (…) Toutes ces sociétés qui ont été contraintes à fermer leur porte suite à l’application des mesures de désengagement de l’État dans certaines entreprises, édictées depuis les salons feutrés de Washington-Paris-Londres-Genève-Berlin. Il est bien vrai que la gestion de ces entreprises ne respectaient pas vraiment toutes règles de bonnes gouvernance. Mais fallait il en arriver là ?

Aujourd’hui les personnes laissées sur le carreaux suite à la fermeture de ces entreprises ont pour la majorité d’entre elle disparu. Les rares survivants traînent encore leur bosse devant les ministères publics pour réclamer leurs indemnités qui, espèrent-ils, pourraient leur permettre de rallonger de quelques jours leur existence sur cette misérable terre.

Bref je parlais donc de l’émoi des occidentaux face à la souffrance de certains octogénaires grecs formant des files d’attente kilométrique devant des banques pour des hypothétiques billets euros (désormais maudits). Ce drame n’est pas si différent de ce que nous avons enduré ici et de ce que nous continuons de souffrir du taux de chômage élevé (car désormais nous ne faisons qu’importer - même le savon que Palma nous produisait, de l’huile, du sucre - sans produire), de l’absence d’hôpitaux digne de ce nom (car les créanciers astreignent les gouvernants à des seuils en matière d’investissement dans les domaines non rentables), de l’inexistence d’une classe moyenne (car les augmentations de salaires sont surveillées)…

Bref la souffrance du peuple grec, le peuple africain la vit depuis des années et ceci parfois dans l’indifférence totale, si on ne se cache pas derrière le principe de la bonne gouvernance. Parlons des dettes de chaque pays et parlons de bonne gouvernance de chaque pays, nous verrons entre eux et nous celui qui est plus endetté. Il y a certes un manque de rigueur dans la gestion de nos entités aussi bien publiques que privées, mais il faut parfois retourner loin dans l’histoire pour expliquer ce que nous traversons aujourd’hui.

Les Grecs ont sans doute compris le danger qui les guettent et surtout de la supercherie des ces économistes au FMI et à la Banque Mondiale. Plus de privatisation, moins d’engagement de l’État, c’est la porte ouverte à la pauvreté sur le long temps ; les vautours sont juste là à côté pour se saisir de la moindre occasion comme ce fut le cas dans nos pays.

Plus rien n’appartient aux Africains depuis qu’ils ont dit oui aux mesures d’ajustement structurel (pour la Grèce, les mêmes parlent de mesures d’austérité ; oui le temps a changé, le langage aussi, ainsi va le monde) des bailleurs de fonds (qui ne sont que les mêmes dans tous les cas). Si vous trouvez mieux que le capitalisme, proposez, on va prendre. On est confortablement assis dedans, pourvu que ça n’explose pas un jour.

L’histoire nous apprend que les grandes crises économiques ont toujours précédés les grandes guerres. On peut relancer le monde si on n’est pas trop égoïste quelque part. Rien ne nous appartient en réalité, tous ce que nous avons trouvé sur cette terre ne nous appartient pas. Pour le moment, celui qui a crée la nature n’a jamais demandé des comptes à un quelconque individu, alors je pense et j’estime qu’on peut faire de bonnes choses dans cette vie sans faire du mal à celui à qui appartient toutes les choses que nous avons trouvé sur cette planète.

Je parie qu’il y a ces capitalistes jusqu’aux os qui me diront que le système ne peut pas durer s’il faut se mettre à tout mettre à zéro. Non, je ne dis pas de tout remettre à zéro mais de revoir certaines exigences. C’est possible.

Bref j’espère que les responsables africains vont tirer les leçons de ce qui se passe ailleurs, ce n’est pas toute chose qui est bonne à accepter. Le franc CFA, on en dit quoi ? On continue ou on laisse ? On va au référendum dans les pays francophones ? Pas si sûr, car les vautours vous diront que ce n’est pas démocratique exactement comme ils ont eu à le faire savoir au Premier ministre grec. Africains, j’espère que vous suivez bien cette actualité ! Les mots et les paroles des leaders européens doivent nous édifier.

Voir en ligne : Site de la "Voix panafricaine pour la liberté et la justice"

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