« L’Europe, c’est la paix, l’Europe c’est la paix !… » Mais puisqu’on vous le dit…

, par  Robert Malcles , popularité : 2%

Incapables de mettre à leur actif la moindre réalisation favorable aux peuples d’Europe, les eurolâtres en sont réduits à accaparer des succès techniques et commerciaux comme Airbus ou Ariane, pourtant sans aucun rapport avec l’UE, et surtout à rabâcher à l’envi leur formule magique : « L’Europe, c’est la paix, l’Europe, c’est la paix ! ».

C’est là leur argument décisif, rédhibitoire, à ne contester en aucune manière sous peine de passer pour un affreux arriéré, nationaliste, obscurantiste… Et pour défendre cet argument, tous les moyens sont bons, depuis la manipulation de l’opinion par la grande majorité des médias, jusqu’à celle des manuels scolaires, qui au lieu d’être des outils d’approche de la réalité historique, sont transformés sans vergogne en outils de propagande.

« L’Europe, c’est la paix », autrement dit, la construction européenne a protégé l’Europe occidentale de la guerre. Sur quoi s’appuie cette affirmation ?

Elle part d’un double constat :

- 1- L’Europe occidentale, marquée par de nombreuses guerres au 19ème siècle, et par deux guerres mondiales infiniment plus destructrices au 20ème siècle, n’a pas connu de conflit armé depuis maintenant presque 70 ans, depuis 1945.
- 2- C’est au cours des dernières années de la décennie 1940 que furent mises en place les institutions qui ont abouti à l’Union Européenne.

De cette correspondance de date, et de façon fort simpliste, un lien de causalité est alors établi. Il y a correspondance de dates, il y a donc lien étroit.

Une première remarque s’impose : ne peut-on inverser les termes et prétendre que c’est l’absence de guerre qui a permis la construction européenne ? Et affirmer en quelque sorte : « La paix, c’est l’Europe ». Ce n’est ni plus ni moins probant.

Une deuxième remarque peut être faite. S’il est exact que l’Europe occidentale n’a pas connu de guerre depuis 1945, cela est-il vrai pour toute l’Europe, en particulier l’Europe centrale et orientale ?

Cette partie de l’Europe a vécu en paix de 1945 à 1991, mais depuis 1991 elle a subi plusieurs conflits de caractère nationaliste, en particulier en ex-Yougoslavie avec intervention de l’OTAN et bombardement de Belgrade.

Le début des déclenchements de conflits dans cette zone, mais aussi ailleurs dans le monde, correspond à la date de la disparition de L’URSS. Y a-t-il simple correspondance de dates ou bien lien de causalité ? Pourquoi ne pas poser la question ?

Mais au-delà des correspondances chronologiques ne faut-il pas chercher des éléments plus significatifs ?

Quitte à surprendre, je suis prêt à affirmer que la bourgeoisie a bien assimilé Jaurès !

Celui-ci affirmait, c’est bien connu : « le capitalisme porte la guerre comme la nuée porte l’orage », mais à une autre occasion, s’adressant aux classes dominantes, il les mettait en garde contre les effets d’une guerre. Il leur rappelait :
- la guerre franco-prussienne de 1870 a entraîné la révolution parisienne de la Commune de 1871, qui certes a échoué,
- la guerre russo-japonaise de 1904 a entraîné la révolution russe de 1905, qui certes a échoué…

… mais attention à la prochaine guerre, leur disait-il ! Au-delà des désastres humains, même si elle favorise vos affaires et vos profits immédiats, elle peut entraîner une révolution qui vous emportera.

Jaurès n’était plus là en 1917 pour voir la révolution bolchevique qui a réduit les pouvoirs du capitalisme mondial.

Jaurès n’était plus là en 1945 et les années suivantes pour voir la montée de la puissance soviétique, les luttes de libération nationale dans les pays colonisés, et la mise en place d’un rapport de force international qui limitait les pouvoirs de l’impérialisme et favorisait les luttes et les conquêtes sociales dans les pays d’Europe occidentale.

Les puissances impérialistes surent tirer les conséquences de cette nouvelle situation.

Ainsi, à la fin des années 1940, très inquiets de la progression des forces révolutionnaires, en particulier en France et en Italie mais aussi en Grèce, les États-Unis agissent.

Ils obtiennent partout le renvoi des ministres communistes, la scission syndicale (avec en France le financement de FO par les crédits de la CIA), et dans le cadre du plan Marshall (qui a aussi pour eux l’intérêt de liquider leurs surplus et de leur éviter une crise comparable à celle de 1921) ils imposent une première étape dans l’union de l’Europe de l’ouest avec la mise en place de l’OECE (Organisation Européenne de Coopération Économique) qui va coordonner la répartition des crédits Marshall et constituer la première phase du grand marché unique européen.

Le but est bien de prévenir une nouvelle guerre inter-impérialiste, mais est-il vraiment de rendre toute guerre impossible ?

La création d’une Union de l’Europe de l’ouest, soumise aux États-Unis, opposée à une Europe centrale et orientale ; la création de l’OTAN dès 1949 ; celle de la CECA en 1951 ; le réarmement de la RFA et son intégration à l’Otan dès 1954, montrent que l’objectif premier n’était pas d’établir la paix et de développer les coopérations dans l’Europe de l’Atlantique à l’Oural mais bien de conjurer le « péril » révolutionnaire. Le maintien au pouvoir de Franco en Espagne et de Salazar au Portugal, l’intervention militaire directe en Grèce pour liquider les forces issues de la Résistance, s’inscrivent entièrement dans cette entreprise.

Le maintien de la paix en Europe n’est-il pas plutôt le résultat de l’action des peuples ? Faut-il rappeler la déclaration du général Mac Arthur qui a reconnu que la décision des États-Unis de ne pas employer l’arme nucléaire pendant la guerre de Corée était la conséquence du formidable impact de l’appel de Stockholm ?

Aujourd’hui, dans un rapport de force différent, les bourgeoisies, avec le soutien fidèle de la social démocratie, disposent d’une autre arme pour bloquer tout changement en Europe : la monnaie unique, la banque centrale… Et pour tenter d’interdire tout véritable débat sur cette question, ils nous serinent à tout bout de champ : « L’Europe, c’est la paix... » !

Robert Malclès

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