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Alors que l’année a été (...)
Front populaire, CNR et question de l’euro
L’année 1936, avec l’avènement du gouvernement de Front Populaire, conduisit à une réforme des statuts de la Banque de France. L’accès à l’Assemblée générale de la banque n’était plus réservé aux seuls deux cents actionnaires les plus importants, les "deux cents familles" vilipendées. Surtout le rôle de cette Assemblée fut réduit tandis que les pouvoirs publics se virent dotés de moyens d’intervention plus directs dans la gestion de la Banque.
La réforme de 1936 n’a été qu’un prélude à la nationalisation. Celle-ci intervient après la Libération, avec la loi du 2 décembre 1945. Parmi « les mesures destinées à instaurer, dès la Libération du territoire, un ordre social plus juste », le Conseil national de la Résistance (CNR) avait inscrit « le retour à la nation des grands moyens de production monopolisés, fruit du travail commun, des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d’assurances et des grandes banques ».
Le 2 décembre 1945, l’Assemblée nationale constituante fraîchement élue votait la loi « relative à la nationalisation de la Banque de France et des grandes banques et à l’organisation du crédit ».
Le ressentiment contre les « 200 familles » et le « mur d’argent » était énorme, aussi grand qu’il peut l’être aujourd’hui contre l’euro et les banques.
La Banque de France passe sous contrôle public : exit le conseil de grands banquiers et industriels qui y faisaient la pluie et le beau temps.
Le dispositif sera complété en 1946 avec la nationalisation partielle du secteur des assurances.
Le désir du pouvoir issu de la Résistance était de réorganiser le système de financement de l’économie française pour le mettre au service du redressement du pays.
Une tâche d’un Gouvernement socialiste ne serait-il pas de récupérer le pouvoir de créer de la monnaie ? Il faut en débattre.
A l’Assemblée nationale, jeudi 3 décembre 2009, défendant sa proposition "estimant urgente la création d’un service public bancaire et financier, ainsi que d’un pôle public financier, afin de favoriser le développement humain", le député PCF Jean-Jacques Candelier a eu ses mots :
"Notre position va à l’encontre de la politique actuelle et des diktats capitalistes de l’Union européenne. Nous, nous voulons révolutionner le système ! Nous voulons refondre démocratiquement les objectifs stratégiques des banques, avec la participation, à tous les niveaux, des usagers et des salariés, que ce soit dans les conseils d’administration et de surveillance, mais aussi dans les comités de crédit, là où l’on décide de l’octroi des crédits.
Voilà notre grande ambition : faire en sorte que la souveraineté appartienne effectivement au peuple, et non à la bourse et aux actionnaires !
Je me permets à cette occasion un rappel historique. Pourquoi avoir peur de nationaliser, alors que le Gouvernement propose de débattre de la Nation ? Qu’est-ce qu’une nationalisation si ce n’est remettre la Nation, sa population, ses associations, ses salariés, au cœur des activités économiques ?
Le programme du Conseil national de la résistance réclama dès 1944 le « retour à la Nation de tous les grands moyens de productions monopolisées, fruits du travail commun, des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d’assurance et des grandes banques ». Il s’agissait de sanctionner la collaboration et de rationaliser la reconstruction de la Nation.
Le 30 novembre 1945, un projet de loi avait été déposé après la fermeture de la bourse, pour être voté le 2 décembre et publié au Journal officiel le lendemain. Le 3 décembre 1945, toutes les banques de dépôt et de crédit ainsi que la Banque de France étaient nationalisées.
Nous sommes bien, aujourd’hui, dans une situation qui exige qu’une même énergie soit déployée pour reconstruire ce que la finance détruit.
J’en appelle donc à tous les héritiers du gaullisme – il doit bien en rester – : à circonstances exceptionnelles, moyens exceptionnels ! Il n’est plus temps de moraliser le capitalisme, autant chercher à domestiquer un requin.
Alors, bien entendu, on va nous dire que les temps ont changé. On va nous expliquer que la Commission européenne serait inquiète de voir se créer un pôle public du crédit en France, qui pourrait prendre du poids et venir fausser la sacro-sainte « concurrence libre et non faussée ». Eh bien, si tel était le cas, alors il s’agira d’un excellent encouragement à poursuivre nos efforts".