Fidel a totalement raison, ce n’est pas une paranoïa ! par Alí Rodríguez Araque, ministre de l’Énergie Électrique du Venezuela

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par Cubadebate traduit par Danielle Bleitrach pour le site "Changement de société"

19 juillet 2010 - Peu de gens ont une connaissance du pétrole et du monde arabe équivalente à celle d’Alí Rodríguez Araque, ministre de l’Énergie Électrique du Venezuela et qui a été le secrétaire général et président de l’Organisation de Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP).

Peu de gens se sont intéressé et ont étudié la pensée de Fidel Castro comme Alí, un leader historique de la guérilla vénézuélienne et qui fut durant des années, un ambassadeur du Venezuela à Cuba, avant de revenir à Caracas pour assumer les plus hautes responsabilités dans la direction du gouvernement et du Parti Socialiste Uni du Venezuela. « L’un des meilleurs cadres de la Révolution bolivarienne, le plus honnête, le plus studieux », disait de lui le Président Hugo Chávez.

De sorte ce que ce serait un péché de lèse journalisme de l’avoir à Caracas et ne pas lui demander son avis sur les sujets sur lesquels Fidel a réfléchi ces derniers temps, en notant le panorama apocalyptique que supposerait l’agression des États-Unis et d’Israël contre l’Iran. Avant d’entamer le sujet, Alí déclare catégorique : « Fidel a totalement raison ».

- Pourquoi les États-Unis s’en prennent-ils de telle manière à l’Iran, juste maintenant ?

Dans le contexte économique d’une crise d’énorme envergure, les États-Unis se sont lancés à fond dans une politique très agressive à une échelle globale. Il ne s’agit pas seulement du déploiement d’une flotte positionnée contre l’Iran pour une attaque de ce pays ; il ne s’agit pas de punir seulement la Corée du Nord. Regarde ici même ce qui arrive, au Costa Rica, où ils déploient une force militaire, avec plus de 40 navires, y compris un porte-avions et plus de 7000 soldats, et c’est supposé combattre le trafic de stupéfiants. Un tel déploiement est inouï, comme tuer une mouche avec une bombe nucléaire, quand la solution au problème du trafic de stupéfiants est à l’intérieur des EU eux-mêmes.

La société nord-américaine est le marché principal de stupéfiants du monde. Il est bien connu, surtout dans le domaine capitaliste, que où il n’y a pas d’offre il n’y a pas de demande. Personne ne va produire ce qui n’a pas de marché. Ce marché est les EU et le grand producteur est la Colombie. Le Venezuela se trouve pris à l’intérieur de cette réalité et maintenant il est la cible d’une campagne dans laquelle on l’accuse d’être le pont du trafic de stupéfiants, mais les grands agents actifs de ce phénomène, les États-Unis et la Colombie, sont très loin de résoudre ce problème. Au contraire, il l’aggravent. Et dans le cas des EU, c’est le grand facteur polluant. N’importe où ils arrivent, ils le déchaînent encore plus – et j’ai lu hier un article à ce sujet -. Quel impact va avoir au Costa Rica la présence de troupes nord-américaines dans la consommation de drogues ? Nous verrons.

- Le grand prétexte serait maintenant que l’Iran a la capacité de produire des armes nucléaires, chose qu’il a continuellement niée

De la même manière qu’ils prétextent que le Venezuela est le pont pour le trafic de stupéfiants, ils stigmatisent l’Iran comme une « grande menace », comme un pays qui a la maîtrise de l’arme nucléaire. Cependant, instamment, l’Iran a déclaré que ce n’est pas son objectif, que ce qu’il cherche c’est de générer une électricité à travers l’énergie nucléaire. Nous avons aussi pensé installer de la production d’énergie nucléaire au Venezuela, à cause de la réalité elle-même et à cause de la structure même de nos capacités de production dans le pays.

Mais il n’y a pas de doutes que tous les prétextes aient à voir avec la propre situation interne, particulièrement la crise économique que les grandes puissances vivent. Cecil Rhodes au XIXe siècle a expliqué très bien quoi faire dans ces cas et c’est ce que nous voyons maintenant. En Angleterre, où les grands conflits sociaux ont surgi avec les travailleurs anglais, un produit de la surexploitation dont ils étaient victimes, Rhodes a été l’un des grands penseurs des politiques impériales. Il a dit que la manière unique d’éviter qu’une Révolution arrivât en Angleterre, était de déplacer le conflit social vers l’extérieur. Par là il a commencé la politique d’expansion anglaise vers de grands territoires de l’Asie et de l’Afrique.

Maintenant la situation est différente, mais l’essence de l’impérialisme continue d’être la même et en conséquence ils cherchent à résoudre leurs problèmes internes à travers la guerre. C’est ce qui a porté Hitler et la bourgeoisie allemande à la guerre, comme cela était déjà arrivé durant la Première Guerre mondiale.

- Quelles conséquences peut avoir pour le Venezuela, par exemple, une guerre dans le Golfe Persique ?

Un conflit de cette grandeur dans le Golfe Persique, embrasserait la péninsule arabe aussi. Il est bien connu qu’un très haut pourcentage du pétrole qui se meut dans le monde le fait à travers le Golfe Persique et la péninsule arabe le pourvoit. Une guerre paralyserait ce trafic. Le Venezuela est un grand pourvoyeur – le Mexique a énormément descendu sa production ; le Brésil a augmenté mais il ne s’est pas encore développé à de grands niveaux. Il n’est pas présomptueux de penser que, si se produit le conflit qui, selon Fidel, peut se convertir en guerre nucléaire, s’aggraverait encore plus le conflit historique des EU avec le Venezuela. Ils seraient tentés avec encore plus d’urgence que jamais, de paralyser le processus révolutionnaire, occuper les sources de pétrole du pays pour pouvoir garantir les approvisionnements qui permettent à la grande panoplie militaire de se mouvoir. Tout cela malgré le fait qu’il y a déjà des sous-marins qui utilisent l’énergie nucléaire, car en général les avions et la flotte navale se meuvent avec du pétrole. De telle sorte que le Venezuela entrerait lui aussi, par loi de la gravitation, dans ce jeu.

- Certains sous-estiment les avertissements de Fidel. Vous qu’est-ce que vous croyez ?

Si quelqu’un est loin d’être paranoïaque en face de cette réalité, c’est Fidel, malgré le fait qu’il aurait beaucoup de raisons de l’être, après 600 plans d’attentats à sa vie. Fidel a une énorme expérience et une grande subtilité dans ses appréciations qui ont permis à la Révolution cubaine de s’en sortir dans les très difficiles moments que nous connaissons tous. Donc quand Fidel avertit, c’est parce qu’il a tous les éléments pour cela, en plus de l’analyse de ce que n’importe lequel peut observer et peut étudier. Je ne crois pas qu’il l’ait remarqué par caprice, mais, comme lui-même le dit, il s’agit d’un produit de la logique dans l’analyse des problèmes politiques et dans ce cas des scènes géopolitiques.

- Vous qui l’avez tant côtoyé à Cuba et qui le connaissez depuis tant d’années : comment avez vous perçu les présentations publiques les plus récentes de Fidel ?

La capacité de récupération qu’il a et a démontré, physiquement et aussi intellectuellement est surprenante. Et voilà elle nous réjouit tous beaucoup, naturellement.

Voir en ligne : avec video sur le blog de danielle

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