Espérer encore après Brignoles ? Une contribution de Charles Hoareau

, par  Paul Barbazange , popularité : 2%

Je viens de prendre connaissance de la contribution du PRCF sur notre site.

Je crois utile de publier celle de Charles Hoareau et les réflexions que m’ont inspiré la lecture de ces deux textes et de beaucoup d’autres. Attention : on en parle dans le Landernau communiste et le PS va se saisir de la situation qu’il a créé.

Paul


Encore espérer après Brignoles ?

Par Charles Hoareau, le mardi 8 octobre 2013

L’élection partielle de Brignoles secoue l’actualité de ce lundi.

Coup de tonnerre imprévisible ou conséquence attendue d’années de renoncements politiques sur le plan économique et de mise en œuvre de choix qui bafouent la souveraineté populaire ?

Coup de tonnerre sans doute, mais imprévisible certainement pas.

Situer la cause du mal, comme on l’entend ici ou là, à la division à « gauche » au 1er tour (sans même revenir sur la pertinence du classement à "gauche" d’EELV) alors que dans notre constitution, ce tour est justement celui de l’expression de l’identité des forces en présence, tandis que le 2ème est celui des alliances et des compromis éventuels, est totalement hors de propos. Comment justifier le pluralisme politique quand dans les moments forts de débat que sont les élections, on le nierait par des listes de « rassemblement » qui gomment forcément les raisons de ce pluralisme ?

Chercher à comprendre ce qui s’est passé à Brignoles ne veut certainement pas dire excuser.

Un des éléments du vote FN est l’absence de perspective politique.

Il est clair pour de plus en plus de gens qu’il n’y a guère de différence dans les choix économiques et sociaux entre ce gouvernement et le précédent. Ne pas le dire clairement, ne pas se situer dans une opposition progressiste à ce gouvernement, expose les forces qui se réclament du camp du progrès à être jetées dans le même camp que ceux qui bafouent les droits du monde du travail. A Brignoles, le soutien affirmé du PS (jusque dans sa direction nationale) au candidat PCF, les bandeaux siglés du poing et de la rose portant son nom, loin de rassembler (la preuve !) ont grandement contribué à jeter le PCF et le Front de gauche dans le camp de ce gouvernement de toutes les attaques et de tous les reculs sociaux. Voter contre (et surtout ne pas voter pour puisqu’il y a eu 2/3 de refus de vote) le candidat de « gauche », était perçu comme désapprouver le gouvernement.

L’UE est de plus en plus dictatoriale pour faire passer partout sur son territoire des plans d’austérité afin de faire grandir les profits du capital. La désormais tristement célèbre « troïka » fait partout des ravages sans que ni l’UMP, ni le PS ne trouvent à redire. A contrario le FN, avec son discours sur la souveraineté nationale séduit. La question de la sortie de l’Euro et de l’UE a certainement pesé dans le scrutin de Brignoles.

Dans ces conditions, s’entêter à répéter et répéter encore en tapant du pied « Europe sociale » sans se poser la question de la crédibilité de ce mot d’ordre (ce qui revient à dire « si le peuple n’est pas content, il faut changer de peuple ») contribue aussi au résultat de ce premier tour de Brignoles.

Où est aujourd’hui l’opposition résolue à ce gouvernement de régression sociale ?

A gauche ? Le PCF et le Front de gauche réfutent la notion même d’opposition !
Au NPA sans réelle implantation populaire, groupusculaire et en plein désarroi suite aux nombreuses scissions dont il a été récemment le théâtre ? Où est aujourd’hui l’opposition frontale à cette alliance ouest européenne du capital dont on voudrait nous faire croire qu’elle peut constituer un jour un progrès pour les peuples ?

Ne trouvant pas de réponse à ces questions essentielles, à Brignoles et ailleurs, le peuple se réfugie dans le nationalisme et se trompe de colère. Des années de pouvoir cultivant l’individualisme comme une vertu opposée à la solidarité renommée "collectivisme" et la banalisation continue du racisme ont fait le reste.

Le gouvernement peut-il changer de cap ? Prendre des mesures de progrès social ? Si on se réfère à ce qui se passe et s’est passé dans un passé plus ou moins récent en France et dans le monde [1], OUI.

Oui si un mouvement politique et social résolu et « ferme sur les prix » ouvre des perspectives dans lesquelles le monde du travail pourra se reconnaître. Justice sociale, politique de paix, souveraineté populaire, protectionnisme au service d’un internationalisme de progrès en lutte contre le dumping social mondial doivent être non seulement nos priorités mais sont aussi le moyen de sortir de cette situation.

Rouges Vifs 13, avec d’autres, y travaille modestement mais opiniâtrement.
Assurément aujourd’hui l’espoir passe plus par la rue que par les urnes. Pour l’instant.


Notre camarade Charles Hoareau vient de d’écrire et publier un point de vue après l’élection de Brignoles.

Je me suis pour ma part exprimé devant les 500 délégué(s) responsables de section, élus au CN, réunis par le PCF pour préparer les élections municipales dans toutes les communes de France. Je viens de relire mon intervention (publiée sur le site lepcf.fr) lors de cette rencontre. Samedi 5 octobre aucun d’entre nous ne disposait des résultats de Brignoles. Après avoir lu Charles, et maintes autres réactions dans l’Huma et sur différents sites, je ne modifie rien du fond de mon intervention, si ce n’est d’insister encore sur :

- La nécessité pour tous les "militants communistes d’une politique de rupture avec le capitalisme", de participer aux dures batailles que vont être les municipales dans chacune des 36.000 communes, partout et à tout le moins chaque fois que cela devient possible. Beaucoup dans la vie des citoyens en dépend pour les 5 années à venir : de la gratuité des cantines, à la lutte contre la pollution des eaux, en passant par le niveau des prélèvements fiscaux et des profits des monopoles de l’eau... et j’en passe. Et aucun d’entre nous, sauf à se positionner en triste spectateur du train qui passe n’est en droit de reculer. Agir ainsi serait accepter de laisser le champ politique à l’adversaire social-démocrate, social-libéral et au delà à la droite, au patronat. Au positif, cette bataille pour avoir partout toute sa place, aidera chacun à mieux connaître ses partenaires possibles et l’immensité concrète des questions en jeux.

- Pas facile pour sûr d’y aller ! D’autant que la loi électorale concoctée par les sociaux-démocrates et la bourgeoisie n’a pas grand chose de démocratique et de proportionnel. Il y a un premier, puis un second tour et des règles : 5%, 10%. Et que l’objectif, quel que soit le résultat local est bien de faire un pas expérimental concret vers le rassemblement des forces révolutionnaires. Nous côtoyons assez de donneurs de leçon patentés qui n’arrivent jamais à un accord, tellement ils sont sûrs de la justesse unique de leur point de vue.

- Doit-on face à ces difficultés se replier sur un espace de luttes qui resterait le seul accessible ? L’Histoire du mouvement ouvrier (avec un H majuscule) démontre amplement qu’il y a eu toujours articulation des résultats du champ des luttes avec ceux du champ électoral (parfois dans un sens, parfois dans l’autre). L’élection est un curieux thermomètre qui par la connaissance qu’elle donne aux masses de leur force influe sur le devenir.

- Enfin et cela me parait de la plus haute importance, 6 semaines après les municipales, auront lieu les Européennes. C’est peu, très peu et nous aurons besoin de très nombreux élus révolutionnaires adversaires de l’Europe du capital dans chacune des communes ! Besoin au moins d’avoir fait reculer, au moins contenu, l’abstention 6 semaines plus tôt.

Ma conclusion : Nous avons besoin de tout le monde et il sera utile que chacun travaille à gagner sa place. Les électeurs seront ainsi mieux à même de juger qu’en se préparant à rester à la maison.

Paul Barbazange, secrétaire de la section du PCF de Béziers.

[1De la lutte des colombiens à celle des brésiliens en passant par les portugais ou en France celle des FRALIB.

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