Quand les résultats positifs devraient faire réfléchir...
Du local au stratégique, billet d’humeur !

, par  Marie-Christine Burricand , popularité : 1%

Je suis arrivée en pleine forme politique au dernier Conseil National qui faisait suite aux élections départementales et à la municipale partielle de Vénissieux.

J’avais en effet toutes les raisons d’être heureuse de la bataille menée à Vénissieux. Et il me semblait, même si l’analyse précise était difficile, que les résultats des départementales confirmaient la capacité de résistance du PCF.

De là à se dire qu’il y avait quelques enseignements à tirer ensemble pour la suite, il n’y avait qu’un pas, d’autant que cette bataille a été un élément de rassemblement des communistes dans le Rhône, ce dont il faut se féliciter.

Retrouvant Paul Barbazange de Béziers et Danièle Trannoy du Bassin d’Arcachon, je constatais avec plaisir chez eux cette conviction d’avoir mené une bonne bataille et l’envie d’ouvrir un nouveau chemin pour le PCF.

Aie, mon optimisme s’est heurté au mur de l’inertie de la direction nationale, à son entêtement à ne pas voir ni entendre ce qui pourrait remettre en cause la stratégie suivie depuis 15 ans. Et d’ailleurs, s’agit-il de stratégie ou d’une tactique de survie au jour le jour pour un appareil qui refuse de faire du PCF et de sa force la question essentielle pour l’avenir et qui continue de se raccrocher à des chimères.

Parlons de Vénissieux :

Dans les conditions difficiles d’une annulation inique qui nous mettait dehors de la mairie, la liste que nous conduisions a progressé sur 2014, gagné un élu municipal et un élu métropolitain .

La droite qui affichait son ambition de prendre la ville a été contenue, le Front National n’a pas progressé malgré la disparition des identitaires au profit du rassemblement bleue marine.

Le parti socialiste s’est affaibli et perd à au profit de notre liste un élu municipal et un élu communautaire

Notre bataille s’est développée autour de trois thèmes essentiels : empêcher la droite et l’extrême droite de prendre la ville, combattre l’austérité et garder la ville comme point d’appui pour cela, défendre la commune comme le mailllon central de la citoyenneté et de la solidarité.
Le rassemblement s’est fait autour de ces idées et du contrat communal adopté en 2014 qui les déclinait plus précisément.

Nous ne souhaitions pas nous enfermer dans un Front de Gauche, étriqué par rapport au rassemblement possible. Nous n’avons pas fait non plus de la participation ou pas du PS un préalable.

Au final, la très grande majorité des partis de gauche s’est retrouvée sur la liste, sans qu’il leur soit demandé de souscrire à un cadre politique globalisant. Des alliés du PS en 2014 nous ont rejoints ainsi qu’une personnalité socialiste supplémentaire.

Le parti socialiste a décidé de partir seul dans une ligne d’affrontement avec la gauche de la ville qui lui coûte deux élus et un élu métropolitain.

Nous étions certains de mener une bataille d ’enjeu national pour le Parti communiste Français.Vénissieux est la troisième ville du Rhône, la ville à direction communiste la plus importante en France hors région parisienne. Si cette ville avait été perdue, la presse se serait déchainée sur le thème du déclin du PCF perdant un de ses derniers bastions .

La place du PCF dans la ville a finalement été un élément décisif du rassemblement.

Des gens, pas forcement communistes, le disaient à leur manière : « ils veulent faire tomber le bastion ». Le bastion de quoi ? Du parti évidemment mais au-delà, le bastion populaire, le symbole dans l’agglomération lyonnaise d’une certaine idée de la gauche.. Si Vénissieux n’était plus à la gauche avec les communistes, alors c’était que la partie était perdue bien au-delà de Vénissieux et du PCF pour le peuple. C’est ce qui explique le très large soutien dont nous avons bénéficié, parfois surprenant au regard des positionnements antérieurs des uns et des autres.

« Les barricades n’ont que deux cotés » disait Elsa Triolet et c’est bien cela qu’ont compris un très grand nombre de citoyens permettant ainsi une belle victoire.

Cela ne nous dispense aucunement de l’examen critique de l’abstention, de nos liens avec la population et plus globalement de l’activité du PCF et de la Ville. Visiblement, pas plus la droite et l’extrême droite que le Parti socialiste n’ont renoncé à nous faire perdre la ville d’ici 2020. Aucune tranquillité n’est de mise. Je dirai même que ce très large engagement dont nous avons bénéficié nous oblige à être encore meilleurs.

Je dégage donc de cette bataille municipale plusieurs enseignements :

La poussée de la droite et de l’extrême droite ne sont pas inéluctables et des forces sont déterminées à les combattre. Le PCF peut leur apparaître comme un outil efficace pour cela.

Le rassemblement à gauche peut s’élargir malgré un PS qui le refuse.Il faut sortir d’une conception qui faisait du PS notre partenaire privilégié.

Les communistes savent construire le rassemblement et le PCF est un bon outil pour cela.

En somme, dans l’affrontement de classe qui se durcit et s’élargit, des citoyens plus nombreux considèrent que le PCF peut leur être utile et que cela vaut donc la peine de se préoccuper de son existence et de sa force.

Pierre Laurent, dans le cadre de son tour de France, est intervenu à notre meeting du premier tour. Il a fort justement souligné que la bataille que nous menions était d’ampleur nationale. Malheureusement, la victoire pourtant obtenue, pas un mot de sa part au Conseil National,ni d’ailleurs d’aucun membre de l’exécutif ! Un silence étonnant au regard de l’enjeu, mais qui traduit une difficulté, voire un refus, de prendre en compte toute l’expérience des communistes, surtout quand elle ne cadre pas avec le discours officiel.

Depuis Martigues, la section du Pcf de Vénissieux est en désaccord avec la ligne nationale du Parti.

Je résume quelques choix essentiels :

- Nous avons fait de l’activité du PCF dans la ville notre priorité ce qui signifie : activité d’une section autonome, bataille volontariste pour faire vivre des cellules dans les quartiers populaires, initiatives propres du PCF dans la ville sur des sujets locaux, nationaux et internationaux. Au passage, nous avons conservé la faucille et le marteau sur nos tracts. C’est d’ailleurs ce sigle qui apparaissait sur les tracts pour signifier la présence du PCF sur la liste. Apparemment, les citoyens n’ont pas considéré que le PCF et sa faucille étaient « has-been ». J’ajoute que dans cette bataille, des camarades nouveaux ont pris en charge l’organisation et l’activité du parti dans les quartiers ce qui augure évidemment bien de l’avenir.

- Nous n’avons pas cru à la gauche plurielle, nous ne nous sommes pas occupés des collectifs antilibéraux, ni du Front de Gauche, dont nous pensons que les jours sont comptés ? Nous avons considéré que la candidature de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle était une connerie monumentale au regard de l’avenir du PCF et de l’affrontement de classe. A l’époque, des dirigeants nous ont accusés de mépriser la dynamique et ont annoncé notre mort politique probable pour sectarisme. Nous ne sommes pas morts et apparemment, les gens de gauche n’ont pas été rebutés par notre soi-disant sectarisme. Je crois que ce serait bien de faire le point sur le dynamique du Front de gauche, sur les dérives sectaires des uns et des autres et sur ce qui est mort ou pas !

- Ni en 2014, ni en 2015, nous n’avons cédé à l’hégémonie du Parti socialiste dans l’agglomération lyonnaise représentée par Gérard Collomb. Nous avons combattu la métropole de la réforme territoriale et nous avons décidé de ne pas participer à son exécutif. Là aussi, certains nous ont dit, hors de l’exécutif, point de salut, point d’utilité, vous vous coupez les jambes. La seule liste qui se réclamait de la majorité métropolitaine était celle du PS, cela ne lui a pas réussi. Gérard Collomb a essuyé un échec à Vénissieux, dans sa tentative d’affaiblir les communistes. Nous ne participons pas à l’exécutif et nous sommes pourtant sans doute la ville la plus regardée de l’agglomération.

Je pourrais prendre d’autres exemples...Je ne prétends pas qu’il y a un lien automatique entre notre positionnement stratégique et notre résultat. Mais je dis que notre expérience et celles d’autres camarades de toute la France mériterait une analyse nationale plus poussée et un retour stratégique.

Rien de cela au conseil National. Des camarades témoignent de ce qui s’est passé dans leur département. Diversité des alliances et des accords, ici le PS, là les verts, ici on s’efface pour permettre la victoire du PS, en échange, ils font de même dans un autre canton, ailleurs Front de Gauche, parfois PCF... Dans ces conditions, comment s’y retrouver ? N’empêche, plusieurs camarades évoquent une belle bataille du PCF et de résultats encourageants, comme à Beziers, Sanary ou le bassin d’Arcachon. N’empêche,nous avons conservé le Val de Marne et Vénissieux malgré les efforts pour nous faire perdre ces terres d’ancrage communiste.

L’essentiel est sans doute là, dans cette envie et cette capacité de la base de renouer avec une bataille communiste et rassembleuse et le choix du parti pour mener cette bataille. Mais la direction ne s’y attardera pas.

Le Conseil National n’a pas cherché à dégager l’essentiel des derniers mois. Certes Pierre Laurent a évoqué la nécessité de reconstruire nos liens avec les milieux populaires mais sans relier cette question à celle du renforcement organisationnel et idéologique du PCF. Il prend soigneusement le temps de nous expliquer qu’il ne faut pas confondre rassemblement et alliance, ce qui est vrai, mais pour finalement justifier toutes les situations possibles sans que soit posé le contenu de notre bataille et les conditions du rassemblement. Enfin, il nous offre un long développement sur ce qui se passe au Parti socialiste avec les frondeurs, pronostiquant des explosions et des départs, en quelque sorte « des nouveaux Mélenchon ».

C’est donc de cela que rêve contre vents et marées cette direction toujours orpheline de l’Union de la Gauche, de reproduire ce qui ne marche pas depuis les collectifs antilibéraux jusqu’au Front de gauche, sans jamais imaginer que le rassemblement puisse être autre chose que des négociations de sommet, que le PCF puisse être autre chose que le cadre politique de leur existence dans le système politique. Et c’est reparti pour des régionales à la carte et le Forum des Alternatives européennes, et les chantiers d’avenir... Et surtout, n’évoquons pas la sortie de l’euro et de l’UE, ni la souveraineté nationale, cela pourrait déranger le PGE !

Il y aurait de quoi être découragé s’il n’y avait pas ce qui se passe sur le terrain et qui fait dire à plus d’un : Le PCF, c’est nous, nous avons commencé à reconstruire l’influence du PCF et nous allons continuer quelques soient les aléas nationaux parce qu’il n’y a pas d’autre chemin. Cela finira bien par s’entendre, se voir et s’imposer !

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