De la contradiction : renversement de la perspective

, par  Gilbert Remond , popularité : 2%

Jean -claude Delaunay, qui est de formation économiste et passe sont temps entre la France et la Chine a adressé au réseau unir les communiste qui la publié sur son site le pcf.fr (faire vivre le pcf) ce long texte où il analyse la situation actuelle. Écrit peu de temps avant le premier tour des élection présidentiel il en a corrigé certains éléments une fois connu les résultats. Son analyse et les conclusions qu’il en tire méritent notre attention.

Parler de la contradiction principale, c’est déjà prendre parti dans une approche du monde et de l’histoire. C’est en faire une lecture selon un certain parti pris, se situer dans une tradition, celle du marxisme et de son approche matérialiste des phénomènes, de la compréhension des mouvements qui s’y produisent et de leurs résonances selon les lois de la dialectique. C’est bien entendu prêter une attention à la philosophie qui s’en réclame dans ses multiples déclinaisons historiques en particulier dans ses applications chinoises, léninistes et maoïste.

Dans un texte ayant pour titre "de la contradiction" Mao Tsetoung écrivait

"la conception dialectique du monde nous apprend surtout à observer et a analyser le mouvement contradictoire dans différents phénomène et à déterminer, sur la base de cette analyse, les méthodes propres a résoudre les contradictions. c’est pourquoi la compréhension concrète de la loi de la contradiction inhérente aux chose et aux phénomènes est pour nous d’une importance extrême"

Dans la conclusion qu’il apportait à son article, il soulignait que

"selon le point de vue du matérialisme dialectique, la contradiction existe dans tous les processus qui se déroulent dans les choses et les phénomènes objectifs et dans la pensée subjective, elle pénètre tous les processus, du début à la fin ; c’est en cela que résident l’universalité et le caractère de la contradiction"

Pour lui les contradictions et la lutte sont universelle, absolues, mais les méthodes pour résoudre les contradictions, c’est à dire les formes de luttes, varient selon le caractère de ces contradictions qui revêtent le caractère d’un antagonisme déclaré, d’autres non. Suivant le développement concret des choses et des phénomènes, certaines contradictions primitivement non antagonistes se développent en contradictions antagoniques, alors que d’autres primitivement antagonistes se développent en contradictions non antagoniques.

Cette souplesse dans les positions lui permettra d’envisager des alliances en fonction des circonstances et des rapports de force, de passer des luttes nationales aux luttes pour le socialisme et à l’inverse, de construire le front anti-impérialisme tout en gérant des zones libérées selon les principes du socialisme vastes comme l’Europe etc. Mais cela ne l’empêchait pas de faire comprendre que

"dans la société de classe, les révolutions et les guerres révolutionnaires sont inévitables, que, sans elles, il est impossible d’obtenir un développement par bond de la société, de renverser la classe réactionnaire dominante et de permettre au peuple de prendre le pouvoir"

Si nous devons chaque fois replacer ces déclarations dans leur contexte historique, il n’en demeure pas moins qu’elles procèdent de principes qui, à chaque fois que nous les avons oubliés, leur non respect nous a conduit à des échecs et à de lourdes déconvenues, à l’instar de ceux que nous venons de connaître avec l’union de la gauche.

Jean-claude Delaunay pour tenter de définir le FN, reprend les classifications de René Rémond de la droite qui la divisait en trois grands ensembles : les orléanistes, les légitimistes et les bonapartistes. Il oubliait de rapporter cette répartition à son origine, tirée des "luttes de classe en France", l’essai de Marx, qui expliquait comment une partie du parti de l’ordre participait directement au renversement
de l’aristocratie financière, celle des fabricants, car déjà, malgré l’usure du temps qui devrait nous en faire oublier la pertinence

"leurs intérêts, c’est incontestablement la diminution des coûts de production, donc la diminution des impôts ( les charges) qui entrent dans la production, donc la diminution de la dette publique dont les intérêts s’incorporent aux impôts, donc le renversement de l’aristocratie financière"

( les légitimistes). Voyez comment les luttes de classes gardent de leur vigueur au cours des siècle tant que la contradiction principale entre capital et travail n’est pas réglée par une intervention politique ?

Les industriels ne dominaient pas la bourgeoisie qui alors en 1848, était tournée majoritairement vers d’autres sources de revenus, ceux de la rente et de la finance. Il leur fallu donc faire sous-traiter leur conflit par une autre classe pour prendre le pouvoir politique qu’il n’avait pas pu encore réaliser pleinement, car constatait Marx "en France, le petit bourgeois fait ce que le bourgeois industriel devrait normalement faire ; l’ouvrier fait ce qui normalement serait la tache du petit -bourgeois" puis de questionner "et la tache de l’ouvrier qui l’accomplit ?"

Ne serait-ce pas à un tel renversement de perspective que nous risquerions de nous retrouver si nous devions coller de manière trop stricte voir de préférence unique et privilégiée à la compréhension d’une contradiction principale nation/mondialisation comme on nous y invite ?

De fait la lecture de Marx nous apprend que la nature du conflit reste la même et en effet la contradiction capital/travail, si elle se déploie sur un champ plus vaste, celui du monde, reste celle d’un antagonisme antagonique.

"On arracha les étiquettes royalistes aux rouages de l’ancienne monarchie pour leur coller des étiquettes républicaines", on invente en marche et les insoumis pour recycler l’ancien antagonisme droite gauche, mais le bonapartisme en embuscade, le troisième larron du triptyque invoqué, n’est pas forcément celui que l’on nous désigne. Si la république bourgeoise ne pouvait être autre chose que la domination parachevée et manifeste de la classe bourgeoise, pouvait-elle être autre chose que la domination des orléanistes complétés par les légitimistes et des légitimistes complété par les orléanistes, la synthèse de la restauration et de la monarchie de juillet ?"

Vous voyez que les panachages sont à double entrée et peuvent marcher dans un sens comme dans l’autre, ce qui laisse encore de l’espoir à la droite mode LR ou au PS pour les prochaines échéances. Par contre, ce qui s’avérait nécessaire, était bien la fusion des deux dans une entité nouvelle pour défendre les intérêts de l’ensemble de la classe, face au péril montant, d’un autre mode d’organisation des rapport sociaux, que Marx appuyait en proposant une autre alternative, la proposition suivante

"face à la classe bourgeoise contre révolutionnaire coalisée, les parties déjà révolutionnaire de la petite bourgeoisie et de la paysannerie devaient naturellement s’allier au grand dignitaire des intérêts révolutionnaires, au prolétariat révolutionnaire"

C’est en quoi je parlais de renversement de la perspective. Il s’agit de sortir de l’alliance mortifère des ouvriers et de leur petit patron dans le cadre de la nation que propose le FN sous la direction des petits patrons ou de la petite bourgeoisie. Mais cette perspective suppose que soit constitué le pôle en question, comme l’expose Julien dans la contribution qu’il apporte en réponse au texte de Jean Claude. Elle suppose une organisation du dit prolétariat dans un parti qui lui donne une existence organique et la conscience qui doit s’en dégager.

Gilbert Rémond

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