Comment expliquer le rôle nouveau des médias, instrumentalisés par le camp rebelle dans la guerre de Syrie ?

, par  Gilles Questiaux , popularité : 1%

En Syrie, il n’y a plus que deux camps.

Depuis le début de la guerre contre la Syrie, les rebelles ont systématiquement mis en scène des massacres attribués aussitôt au gouvernement par les médias globaux. Les médias occidentaux sont donc une des principales armes de terreur utilisée en Syrie. C’est tellement monstrueux que la plupart de leurs lecteurs et spectateurs préfèrent fermer les yeux, préfèrent ne pas croire à ce qui est pourtant évident (comme l’attribution au rebelles de l’attaque au gaz du 21 août qui ne fait aucun doute pour ceux qui ont conservé un minimum de bon sens).

Il n’y pas besoin de preuves juridiques plus ou moins crédible pour arriver à une conviction certaine : les épisodes atroces dont celui du 21 août 2013 ont été médiatisés systématiquement à des moments-clefs des discussions diplomatiques, de manière à affaiblir la position du gouvernement en faisant pression sur ses alliés russes et chinois qui ne désiraient pas (en tout cas au début) assumer le coût d’une mise au ban internationale. L’attaque au gaz était certaine à partir du moment où les Américains avaient prévenu publiquement, et de manière répétée, qu’il s’agissait du prétexte qu’ils attendaient pour intervenir, la fameuse "ligne rouge" à franchir !

Mais reste comment expliquer cet alignement de médias confis dans leur bonne conscience sur des criminels cyniques ! Car si les journalistes diplômés d’études politiques sont en général incapables de raisonner en profondeur, ils tiennent beaucoup à leur image narcissique de gentils démocrates libéraux. Et ce narcissisme tient lieu de conscience pour la classe moyenne de "gauche" qui se laisse mener par le bout du nez dans toutes les campagnes soi-disant humanitaires qui ont pour finalité de désigner des adversaires de l’impérialisme à l’opinion publique en les faisant passer pour des ennemis du genre humain. Notez qu’Hitler qui est si souvent choisi comme paradigme de l’atrocité de ces adversaires de l’Occident n’a jamais en son temps, lui, subi ce traitement de diabolisation de la part des médias dominants. Sa mauvaise réputation, il se l’était faite lui même, délibérément. Et pour rester sur le point de Godwin, c’est à dire l’utilisation de l’histoire du fascisme comprise à l’envers pour intimider les critiques, la comparaison de la guerre de Syrie avec la guerre d’Espagne laisse un goût amer : car la rébellion portée à bout de bras par l’Occident et le Golfe ne cède en rien par son abjection et sa cruauté à la rébellion franquiste, tout comme elle, alimentée de l’extérieur.

Le gouvernement syrien, comme Kadhafi avant lui, est très isolé dans les médias, parce qu’il y a contre lui la collusion conjoncturelle du mainstream pro-sioniste et libéral, qui représente facilement 90% de l’expression grand public en Occident, et de la petite minorité des médias, pro-palestinienne, liés à feu l’altermondialisme qui mène une opposition petite bourgeoise de façade, également globalisée, et d’une efficacité manifestement nulle. En effet, les réseaux des islamistes soi-disant "modérés", via al Jazzera et par l’intermédiaire de leur influence sur des médias autrefois respectés comme le "Monde diplomatique", ont stérilisé l’opposition à la campagne de presse mondiale et unilatérale antisyrienne. Le but est de faire tomber le régime syrien, afin de satelliser voire de disloquer complètement ce pays. Ils disposent pour ce faire d’un pouvoir de corruption et d’intimidation considérable dans le monde musulman et au delà, sur les autorités françaises par exemple.

C’est ainsi que "Acrimed", site remarquable spécialisé dans la critique des campagnes médiatiques unilatérales au service de la classe dominante globalisée ne se relèvera pas de son silence assourdissant sur le pire cas d’école des abus de propagande médiatique qu’il s’était donné pour vocation de démasquer. Lié par l’intermédiaire du "Diplo" et d’Alain Gresh aux réseaux des "Frères", il a préféré se taire honteusement, et il fait partie des victimes collatérales de la guerre de Syrie.

Il est étonnant que les militants politiques de gauche n’aient pas dès le commencement des troubles en Syrie perçu leur caractère artificiel. Le mécontentement populaire et les revendications démocratiques authentiques n’ont pas été véritablement exprimés par la tentative de "révolution colorée" de mars 2011, encouragée de l’extérieur et gonflée et alimentée par les dépêches d’agence. Contrairement aux cas de la Tunisie ou de l’Égypte, il n’y avait pas en Syrie de puissant mouvement social, avec grèves, agitation ouvrière, etc., seule l’imitation des événements extérieurs semblait les stimuler, et l’annonce de la révolution a largement anticipé sur sa réalité.

Les prophéties autoréalisatrices de nos médias suivaient manifestement l’agenda antisyrien commun des réseaux islamistes de toute nuance, dont le pouvoir syrien est un adversaire inexpiable de longue date, et des réseaux occidentaux de soutien à Israël, dont l’État syrien est la bête noire depuis plus de cinquante ans, et dont la destruction affaiblirait l’Iran, perçu en Israël comme un ennemi stratégique. Iran qui a vocation s’il rentre dans le concert des nations à constituer avec la Russie et la Chine le troisième pilier de l’OCS, bloc diplomatique et militaire eurasiatique en construction qui donne des sueurs froides à l’OTAN.

Lorsque, suivant le scénario rodé des "révolutions colorées" le pouvoir syrien, poussé à la faute, a commis des abus dans la répression de manifestations dont le caractère subversif et piloté de l’extérieur était dissimulé par nos médias, les rebelles ont pu lancer d’autres provocations, de plus en plus graves, systématiquement aux moments les mieux choisis pour mettre en difficulté le gouvernement. Les rebelles en Syrie, non contents de massacrer des civils, enfants compris, pour montrer les cadavres à la télévision, d’exterminer leurs adversaires politiques, à la manière de Pinochet, n’ont pas hésité à s’appuyer sur des puissances étrangères pour attaquer leur propre pays, et utiliser les pays voisins, avec l’accord de leur gouvernement, comme sanctuaire, ce qui est dans les faits une agression internationale. L’ONU, si elle faisait son travail, devrait avoir condamné et imposé des sanctions à la Turquie et à la Jordanie depuis longtemps, et mis en demeure les États-Unis, la France, le Royaume Uni, le Qatar, l’Arabie Saoudite et Israël, de cesser leur ingérence in-humanitaire en Syrie, où ils sont en définitive les donneurs d’ordre des massacres (suivant le vieux schéma de Sabra et Chatila, de sous-traiter la boucherie à des collaborateurs locaux) et les responsables de plus de 100.000 morts.

L’action concertée contre la Syrie, au demeurant, n’est pas une nouveauté de la panoplie stratégique de l’impérialisme occidental. Il s’agit d’une réédition de la guérilla terroriste des "contras" contre le Nicaragua, ou de la guérilla ben-ladeniste en Afghanistan, qui empêchèrent par des moyens ignobles l’enracinement du socialisme dans ces pays. Maintenant la chair à canon est largement fournie par les réseaux islamistes, qui contiennent une grande quantité de délinquants de droit commun tout fraichement extraits des prisons du Golfe, qui recherchent la rédemption par l’escalade dans le meurtre, et un pardon ou une réduction de peine en échange du sale boulot. La différence avec les années 1980 étant que le réseau communiste international qui surtout dans le premier cas plaidait devant l’opinion la cause des autorités des États ainsi attaqués par les États-Unis et leurs alliés patibulaires a disparu, ou est devenu inaudible à force de prétention à la respectabilité.

C’est donc de la responsabilité de ceux qui maintiennent aujourd’hui vivant le courant communiste de suppléer ces défaillances, et d’assumer le risque de la prise de parti : aujourd’hui il n’y a plus que deux camps en Syrie : les rebelles étrangers, islamo-fascistes et gangsters manipulés par la CIA d’un côté, et le gouvernement national légitime de l’autre, quelques soient ses défauts, qui sont d’ailleurs largement exagérés (et rarement clairement précisés d’ailleurs), qui lutte contre une agression internationale néocoloniale, à laquelle participe d’enthousiasme notre gouvernement "socialiste". Ça peut ne pas plaire, mais c’est la dure réalité.

Lu sur Réveil communiste

Voir en ligne : Réveil Communiste

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