C’est la chute finale

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Rien ne sera comme avant après ce 25 mai. Non pas parce quelque chose ait radicalement changé. Les fondamentaux qui ont rendu possible la victoire du Front National sont à l’œuvre depuis fort longtemps. Depuis plus de trente ans nous assistons à la dégradation de nos institutions, à la démission de nos élites, à la détérioration – dans la plus grande indifférence des bienpensants – de notre appareil productif, à la marginalisation politique des couches populaires et à la prise du pouvoir par les classes moyennes, à la destruction de l’ascenseur social et à la promotion des "communautés". C’est dire que tout ce qui a permis au Front National d’arriver en tête dans cinq circonscriptions sur sept et de devenir le premier parti de France ne date pas de dimanche dernier. Trente ans que l’empereur a été progressivement délesté de ses beaux habits devant une foule de courtisans politico-médiatiques qui vantaient en permanence la modernité et la "branchitude" de son costume. Aujourd’hui, l’Empereur est nu et il le sait. Pas étonnant qu’il ait envie de changer de tailleur.

Le résultat du 25 mai dernier n’est donc pas un fait nouveau, mais un symptôme d’une évolution ancienne arrivée à un stade paroxystique. Celui d’un contexte ou les couches populaires sont privées de tout levier efficace leur permettant de contester les évolutions qui leur sont imposées par une alliance entre une bourgeoisie qui s’enrichit chaque fois plus et des classes moyennes hantées par le spectre du déclassement. Quels sont les leviers d’action laissés aux classes populaires ? La grève ? Elle est pratiquement impossible dans un contexte de chômage de masse et de délocalisation. La manifestation ? L’expérience a montré que la manifestation ouvrière – contrairement à celle des classes moyennes, voir CPE – n’aboutit à rien. Le vote ? L’expérience là encore montre que la politique économique et sociale mise en œuvre sert les mêmes intérêts quelque soit la coalition sortie des urnes. L’abstention ? On a bien vu qu’elle ne fait peur à personne, et que nos politiques n’en tiennent aucun compte une fois la victoire emportée, même lorsqu’elle l’est avec 15 % des voix.

Le Front National a profité habilement de cette situation, en tenant un discours qui ouvre une fenêtre dans cette atmosphère étouffante. Non pas un discours "fasciste" - qui dans la France de 2014 n’aurait attiré personne – mais au contraire un discours qui reprend les idées qui ont permis en un temps – hélas, révolu – aux partis "de gauche" de représenter effectivement la classe ouvrière. Des idées simples comme celles de redevenir maître chez soi, de produire chez nous, de renforcer nos institutions, de revaloriser le travail, de rompre avec les discours victimistes et pleurnichards. Et, last but not least, un discours qui dit qu’une autre politique est possible, là où les autres se résignent à quelques aménagements de l’existant. Sarkozy avait réussi en 2007 à attirer le vote populaire avec un discours volontariste et – je reprends ici ses propres termes – en reprenant les drapeaux que la gauche avait laissé tomber. Maintenant que la droite dite "républicaine" est redevenue de droite, c’est le Front National qui capitalise ces mêmes drapeaux. Mais il ne faut pas oublier que lorsque Sarkozy en 2012 a quitté ce discours pour celui nettement plus droitier que lui soufflait Patrick Buisson, les résultats n’ont pas été probants. Ce qui montre bien combien le succès du FN se joue sur sa récupération des thèmes populaires, et non sur une quelconque veine "fasciste".

Le 25 mai n’est pas, contrairement à ce que les commentateurs bienpensants veulent nous faire croire, le triomphe du "repli sur soi". Pas plus que la victoire du "fascisme" dont nous rabat les oreilles l’extrême gauche. C’est la réponse de l’électorat populaire à l’autisme d’une élite politique dominée par les classes moyennes et qui, de la droite dite "républicaine" à l’extrême gauche, a renoncé à changer quoi que ce soit sur le fond. Bien sûr, personne n’assume ce renoncement. A droite et au centre on se réfugie qui dans le « il n’y a pas d’alternative », à gauche dans le monde onirique avec des utopies chaleureuses mais totalement déconnectées de la réalité. Cela fait plus de trente ans que nous glissons sur cette pente savonneuse, et au fur et à mesure que les gouvernements se succèdent et se ressemblent, que le fossé entre le langage des campagnes électorales et la pratique des gouvernements devient de plus en plus évident, l’illusion devient chaque fois plus difficile à entretenir. Ce renoncement des élites, dont Maurice Duverger parlait déjà en 1986 dans « La nostalgie de l’impuissance », le peuple français – et c’est tout à son honneur – les accepte de plus en plus mal. Non parce qu’il refuse de regarder la mondialisation en face, mais parce qu’il refuse de se laisser imposer ses choix par cette mondialisation aveugle. Et si les appels à la résignation des libéraux – qu’ils soient "sociaux" ou pas – ne font plus recette, ce ne sont certainement pas les utopies "sociétales" de la "gauche radicale" qui peuvent constituer une alternative. L’électorat populaire a été abandonné, rejeté par des politologues du genre Terra Nova qui l’ont marqué du sceau de l’infamie sous prétexte qu’il n’adhère à l’idée que se font les bobos de la "tolérance", tolérance dont Clemenceau disait fort justement qu’il y a des maisons pour ça. Dans la "gauche radicale", on se prétend défenseur d’un prolétariat "virtuel" qui n’a qu’un rapport lointain avec la classe ouvrière réelle. Cet électorat abandonné était à prendre, le FN l’a pris. La faute à qui ? Si les "djeunes" veulent manifester, ils feraient mieux de le faire sous les fenêtres de Marie-George Buffet et de Robert Hue, de Jospin et de Aubry, de Mélenchon et de Besancenot plutôt que de Marine Le Pen.

Il est difficile de dire jusqu’à quel point les électeurs qui ont voté pour les candidats du FN partagent le projet – ou plutôt l’un des projets, parce qu’il y en a plusieurs – défendus par ce parti. Mais tous les sondages montrent que ces électeurs ont une chose en commun : le rejet des fausses alternatives – Schultz ou Junker ? Social-libéralisme ou libéralisme social ? – dans lesquels on prétend les enfermer. Et tout montre aussi que ces électeurs ont compris qu’en votant pour les partis du consensus européiste – qui va de l’UMP au Front de Gauche, hélas ! – ou en s’abstenant, ils n’auraient fait que conforter les élites médiatico-politiques dans leur autisme. Imaginez-vous ce qu’auraient été les discours de la soirée électorale si le FN avait fait 5%... on aurait entendu le cœur chanter « vous voyez bien que tout le monde est pour l’Europe de Maastricht moyennant quelques aménagements ». Si le vote de dimanche dernier a fermé la voie à cette autosatisfaction, on aura au moins gagné ça.

En d’autres termes, l’électorat populaire a fait le bon diagnostic et agi en conséquence. Ne pas le comprendre, disqualifier ce vote au nom de la lutte contre le "fascisme", c’est se boucher les yeux et les oreilles au fait que la fracture que révèle le vote FN est une fracture de classe. Après avoir nié ce fait pendant des années, même la "gauche radicale" le reconnaît aujourd’hui. Un sondage publié cette semaine dans l’Humanité montre que des ouvriers et employés qui se sont déplacé pour voter, 41% ont voté pour le FN, et que le vote pour ce parti progresse fortement chez les syndiqués, toutes obédiences confondues. Plutôt que de se déclarer « atterrés » ou de maudire le vote populaire, les progressistes devraient au contraire être stimulés par cette démonstration d’intelligence et de maturité politique de la part du peuple français. « Mieux vaut allumer une chandelle que de maudire l’obscurité », comme disent nos amis anglais. Ce vote montre qu’il y a une demande de changement, et cela est encourageant. Ensuite, si l’on ne veut pas des solutions proposées par le FN, c’est aux progressistes de proposer une réponse alternative qui puisse satisfaire les demandes des couches populaires. Mais les progressistes doivent aussi être conscients que l’Histoire ne les attendra pas. S’ils ne sont pas capables de proposer des solutions aux problèmes, d’autres se chargeront de le faire. Imaginer que les gens continueront sagement à voter pour des gens qui n’ont aucune chance de résoudre leurs difficultés, c’est se bercer de douces illusions.

Le vote du 25 mai est, je suis convaincu, un vote pour le changement. C’est pourquoi j’ai du mal à être catastrophé comme le sont un certain nombre de mes connaissances, y compris celles qui disent sur tous les tons vouloir le changement. Nous cherchions à sortir l’électorat de son indifférence ? Et bien, c’est fait. Pourquoi pleurer alors ? Bien sur, Marine Le Pen ne représente pas l’alternative que je voudrais. Mais le résultat du FN est un grand coup de pied dans la fourmilière politique. Il donne l’opportunité d’amorcer une dynamique d’où peut surgir un programme alternatif que je serais heureux de voter. A nous de saisir cette opportunité.

Malheureusement, personne ne semble prendre ce chemin. On a pu le voir lors de la soirée électorale sur nos médias. Si vous me permettez là encore une considération personnelle, je dois dire que la soirée électorale a été l’une des plus jouissives depuis le soir du 29 mai 2005. Le dicton chinois veut que si l’on s’installe sur le pas de sa porte et qu’on est assez patient, on finit par voir passer le cadavre de son ennemi. Les mines déconfites des européistes de gauche comme de droite, le dépit haineux des commentateurs bienpensants, voilà un spectacle que j’aimerais voir plus souvent. Mais au delà de ces satisfactions fort mesquines, je le reconnais, il y a les comportements politiques. Et en lisant ces comportements, le message ne pouvait être plus clair : c’était « les électeurs aboient, la caravane passe ». Nous avons entendu Valls déclarer qu’il ne changerait rien. Nous avons entendu les "partis de gouvernement" nous expliquer que les électeurs n’avaient rien compris. Nous avons vu des commentateurs faire de gros efforts pour nous démontrer que les français n’ont pas en fait voté ce qu’ils ont voté [1]. Nous avons vu un commissaire européen nous expliquer que l’Europe nous protège grâce aux cinquante règlements qu’il avait lui-même impulsé pour mieux contrôler les banques (c’est la spécialité de l’UE de fermer l’écurie une fois que le cheval s’est échappé). Rien qui puisse laisser penser que le message envoyé par un votant sur quatre ait été entendu.

Depuis, ça ne s’est pas arrangé. Le président de la République s’est adressé à nous pour nous expliquer – entre deux fautes de français [2] – qu’il ne changerait rien. La fièvre passée, les commentateurs sont revenus à leurs commentaires habituels. La "gauche radicale", suivant son réflexe pavlovien, manifeste « contre le vote Front National » sans se rendre compte de l’aberration démocratique que contient cette formule. Le texte de l’appel à manifester contre le Front National [3] du jeudi 29 mai est d’ailleurs révélateur. Voici le premier paragraphe de cet appel :

« Les résultats des élections européennes sont un véritable cataclysme politique dans notre pays. Cela ne correspond pas à nos valeurs, celles du mouvement social. Notre camp, c’est celui qui s’indigne et se mobilise contre l’expulsion des sans-papiers, contre les violences, misogynes, homophobes et racistes. C’est celui qui croit en l’égalité et la solidarité, qui rembourse la contraception et l’IVG, qui s’est engagé pour les droits des femmes. Celui qui a su bâtir un modèle social qui garantit à tou-te-s l’accès à la santé et à l’éducation. Cette France qui croit aux idéaux d’égalité et de progrès doit se mobiliser. »

Si « notre camp » est celui-là, à quel "camp" appartiennent ceux qui sont préoccupés par le chômage, par les fins de mois difficiles, par la fermeture de branches industrielles entières, par l’insécurité dans leur quartier ? Notre pays compte bientôt trois millions et demi de chômeurs et des millions de précaires, nos industries disparaissent, et les jeunesses politiques de la gauche ne nous parlent que de l’expulsion de sans papiers et des violences misogynes. Comment dans ces conditions peuvent elles espérer être entendues par l’électorat populaire, qui a d’autres problèmes un peu plus pressants ? Il y a quelque chose d’effrayant dans l’autisme d’une classe politico-médiatique qui confond ses marottes avec l’intérêt général, qui est persuadée de détenir la vérité révélée et se sent investie on ne sait pas par quelle divinité du pouvoir de faire le bonheur des peuples malgré eux. Cet autisme, on l’a vu, n’épargne personne à droite comme à gauche jusqu’à y compris la gauche radicale. Les soi-disant élites n’écoutent plus que les gens comme eux, et sont devenues sourdes aux préoccupations du reste de la société. C’est là où se trouve le véritable danger. Si Marine Le Pen arrive un jour au pouvoir, ce sera portée par les voix de ceux dont on a trop longtemps ignoré les problèmes, et non par un coup d’Etat "fasciste".

Au fond, le plus surprenant dans la situation que nous vivons est certainement la surprise de nos politiques et de nos commentateurs. On aurait dit que tous ces gens ont été pris au dépourvu par les résultats. Pourtant, ils étaient prévisibles, que dis-je, annoncés depuis plusieurs semaines. Même pour un observateur moyennement informé comme moi. Alors, imaginez pour les Fressoz et les Giesbert, supposés être la crème de la crème de nos analystes politiques, et pour tous ces ministres qui ont à leur disposition les rapports des préfets ? Sans parler des partis politiques, avec leurs réseaux à l’écoute des citoyens. Tous ces gens savaient le résultat à l’avance. Or, le soir de l’élection, l’impréparation était totale. Personne n’avait l’air d’avoir préparé son discours, tout le monde semblait KO debout. On en arrivait à se demander à quels résultats tous ces gens-là s’étaient préparés. S’attendaient-ils jusqu’au bout à un miracle ?

Si je devais garder une image des élections européennes, ce serait celle de l’émotion et de la détresse de Mélenchon à sa conférence de presse [4]. Pour une fois, le Petit Timonier n’a pas cherché à minimiser l’ampleur du désastre. Il n’a pas, comme c’est devenu son habitude, cherché à gonfler le score du Front de Gauche. Il a admis, avec des trémolos dans la voix qui n’étaient nullement feints, la défaite et le besoin de revenir sur les erreurs commises [5]. Vous remarquerez d’ailleurs que depuis le soir de l’élection, le blog de Mélenchon est muet et fermé aux commentaires. Tout cela – vous voyez, je suis optimiste – est de bon augure. La baffe reçue des électeurs ce 25 mai pourra peut-être réussir là ou les amis qui lui veulent du bien – à ne pas confondre avec les sycophantes qui, comme tout flatteur, vivent aux crochets de celui qui les écoute – ont échoué. C’est-à-dire à lui faire comprendre qu’une révision en profondeur du programme, du langage et du positionnement sont indispensables s’il veut pouvoir conquérir et représenter l’électorat populaire, condition sine qua non de tout changement de fond. Permettez-moi donc d’adresser à Jean-Luc un message personnel : Courage ! Rien n’est perdu pour celui qui a le courage d’admettre les erreurs et de les corriger [6].

Descartes

Tiré de son blog

[1Efforts qui ont par exemple consisté à remarquer qu’après tout, malgré les 26% du Front National, les partis européistes font encore près de 69 % des voix. Seulement, cet argument oublie un phénomène bien connu des experts en marketing, celui de la rémanence des choix. Pour le dire autrement : si vous arrivez au rayon lessives de votre supermarché en n’ayant jamais acheté une lessive, il y a de grandes chances que votre choix soit guidé par le prix, ou les qualités annoncées du produit ou de l’emballage. Mais si vous avez déjà acheté, la probabilité que vous preniez une marque que vous avez déjà achetée est relativement importante alors même que son prix, son emballage ou ses qualités sont moins attractives. En d’autres termes, pour qu’une nouvelle marque arrive à attirer votre attention, il lui faut offrir beaucoup plus que la marque installée. En politique, le phénomène de "prime au sortant" est une bonne illustration de ce phénomène. Ce phénomène de rémanence limite l’amplitude des évolutions qu’on peut observer d’une élection sur l’autre. Même si la majorité du peuple français était eurosceptique, il serait très difficile pour le camp eurosceptique de passer de 10% à 50% en seulement cinq ans. De tels déplacements du vote sont extrêmement rares.

[2Quelqu’un devrait expliquer au président que les formules « La France, elle est comme ci » et « le changement, il devrait donner cela » sont incorrectes. Le discours de François Hollande étant bourré de fautes de cette nature, je me suis demandé si ce n’était qu’un tic de langage du président à l’oral. Mais les fautes figurent aussi dans le discours écrit tel qu’il est publié sur le site de l’Elysée… franchement, on ne pourrait pas payer au président un bon correcteur de discours ?

[3L’appel est signé par l’UNEF, la FIDL, l’UNL, "Osez le Féminisme", la "Maison des Potes", les Jeunes Socialistes, les Jeunes Communistes, les Jeunes du Parti de Gauche, les Jeunes de la Gauche Unitaire, les Jeunes Écologistes, les Jeunes Radicaux de Gauche. Le texte, long de plusieurs paragraphes, ne mentionne pas une seule fois les mots "chômage" ou "chômeur"

[5Dommage qu’il ait ressenti le besoin de rejeter la faute sur les autres – le gouvernement, pour faire court. Dommage aussi qu’il voie dans la résultat du FN le simple fait que « d’aucuns ont réussi à imposer l’idée que c’était les immigrés, que c’était les mœurs, que c’était la nature du mariage, qui posaient problème dans ce pays ». Or, si quelqu’un a martelé que « les mœurs et la nature du mariage posaient problème », c’est bien le Front de Gauche. Comparez la place donnée à ces questions dans le programme du FDG avec celle qui est réservée aux questions économiques… si « la nature du mariage » ne pose pas de problème, pourquoi est-on allé le réformer avec la loi dite « du mariage pour tous » âprement défendue par le Front de Gauche ?

[6Mélenchon est souvent émouvant lorsqu’il est spontané. L’ennui, c’est que le politicard reprend vite le dessus. J’ai presque regretté d’avoir publié ce paragraphe sur Mélenchon lorsque j’ai lu son premier papier sur son blog après l’élection. Parce que Jean-Luc y revient une fois encore aux mêmes antiennes : c’est la faute aux solfériniens qui ont désespéré le peuple, c’est la faute aux médias qui m’ont diabolisé et mis le FN au centre du débat, c’est la faute aux communistes qui n’ont pas voulu se plier à sa stratégie de « autonomie conquérante ». En d’autres termes, c’est toujours la faute aux autres, à des forces sur lesquelles on n’a pas le moindre contrôle. Et dans ces conditions, les mêmes causes provoquant les mêmes effets, il n’y a rien à faire puisque ce pauvre PG n’a le pouvoir de changer ni les solfériniens, ni les médias, ni les communistes.

Et pourtant, Mélenchon n’est pas très loin de mon analyse générale de la situation : il constate que le FN est porté par une dynamique de l’histoire qui amène une large partie de l’électorat à contester le "système" et à rechercher une alternative. Malheureusement, il ne se pose jamais la question vitale : pourquoi le Front de Gauche n’a pas réussi à constituer cette alternative et disputer l’électorat populaire au FN ? Il élimine au contraire cette question d’un revers de manche en décrétant que la position du FdG est rendue "illisible" par le travail de sape des médias et la faute des communistes. Ce n’est tout simplement pas vrai. Le discours du FdG est "illisible" parce qu’il n’a de sens que pour un tout petit secteur de la société, celui pour qui les questions "sociétales" sont essentielles et les questions économiques et sociales secondaires. Mélenchon vitupère ceux qui « nient la centralité du conflit social et politique » mais les discours de son parti – et souvent les siens – font au contraire une place centrale aux question « sociétales », oubliant du coup ce qui relève du social. Cette contradiction, que j’ai signalée en citant l’appel à manifester contre le FN de jeudi dernier, est au centre du problème.

Si à cela on ajoute la tendance mélenchonienne à réécrire l’histoire… exemple : « Toutes les étapes où il était possible de contrer la construction du Front national ont été ratées. Depuis la proposition d’interdiction il y a vingt ans jusqu’à la mise en ligne du Front de Gauche comme contrepoint, tout a été vain ». Quel aveu, non ? Ainsi pour Mélenchon on commence à « contrer la construction du Front National » il y a « vingt ans ». C’est-à-dire, en 1994, juste quand François Mitterrand cesse de gouverner… mais pourquoi ne pas avoir combattu le FN avant cette date ? Peut-être parce qu’à l’époque ce cher François – dont Mélenchon était un soutien inconditionnel – cherchait plutôt à aider le FN à se construire pour emmerder la droite…

Bref, je crains que l’autocritique et la prise de conscience de Mélenchon n’aient duré qu’une soirée. Dommage.

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