Brexit... opportunité ou risque pour les travailleurs ?

, par  pam , popularité : 1%

Le choc du Brexit, enfermé dans la seule alternative Europe de droite ou Angleterre de droite, est-il pour les travailleurs un risque ou une opportunité ? Les communistes anglais pensent que c’est une opportunité pour la souveraineté populaire permettant de mener la bataille contre l’extrême-droite... En France, Pierre Laurent réaffirme la nécessité de "la reprise en main du projet européen par la gauche". Ce Brexit va-t-il conduire à ouvrir au fonds les débats sur la question européenne ?

Pas sûr, tant les dirigeants européens ont imposé y compris dans le Brexit, un débat enfermé dans un faux dilemme entre une "paix" européenne et la guerre des nationalismes, faisant fi de toute la violence de la "concurrence libre et non faussée"... Hollande insiste "L’Europe est une grande idée et pas seulement un grand marché". C’est tout l’intérêt de la construction idéologique "européenne" qui cache la réalité capitaliste derrière "de grandes idées". Ni Hollande ni Sarkozy, ni Le Pen ne pourraient dire "le capitalisme est une grande idée, et pas seulement un grand marché".

Pour les communistes, il est urgent de refuser ce "faux dilemme" et d’ouvrir largement le débat du point de vue des intérêts populaires : Pour faire reculer la concurrence et gagner des progrès sociaux, faut-il plutôt s’inscrire dans le pari de l’europe sociale ou dans celui de la désobéissance européenne ? Autrement dit, refusant Europe de droite et nationalisme, faut-il chercher une "Europe de gauche" ou une sortie par la gauche ? Contre le piège du débat In-Out à droite, il est urgent d’ouvrir le débat In-Out à gauche, débat interdit par les médias, les institutions... et malheureusement, débat interdit pour l’instant au PCF.

C’était il y a quelques jours la réponse à Anne Savourin, représentante du PCF au PGE qui constatait que "Le référendum ne laisse que deux options au peuple : rester dans l’UE néolibérale, ou sortir par la droite..." sans se rendre compte que la logique voulait alors d’interroger l’hypothèse de "sortir par la gauche" !

Bien entendu, ce carré politique est une simplification. L’alternative gauche-droite recouvre mal en fait l’affrontement capital travail qui est au coeur du vote anglais, comme du NON français de 2005. L’alternative In Out est aussi une simplification des faux "out" qui veulent sortir de l’europe politique pour renforcer la concurrence libre et non faussée dans le grand marché... Mais il a le mérite de montrer clairement que le débat progressiste sur les alternatives à l’Union Européenne est indispensable, en lien avec la sortie de l’OTAN

Car le Brexit est immédiatement utilisé par les dirigeants européens pour tenter d’aller vers une intégration encore plus forte de l’europe utile, la francallemagne débarrassée de l’Angleterre,

Hollande : un mur ? on accélère !

François Hollande affiche l’objectif clairement.

La France sera donc à l’initiative pour que l’Europe se concentre sur l’essentiel : la sécurité et la défense de notre continent pour protéger nos frontières, et pour préserver la paix face aux menaces, l’investissement pour la croissance et pour l’emploi pour mettre en œuvre des politiques industrielles dans le domaine des nouvelles technologies et de la transition énergétique, l’harmonisation fiscale et sociale pour donner à nos économies des règles et à nos concitoyens des garanties ; enfin, le renforcement de la zone euro et de sa gouvernance démocratique.

- L’harmonisation sociale est en cours avec la loi El Khomry, copie confirme des divers "job act" en Italie, Espagne après l’anticipation allemande des lois Hartz.
- L’harmonisation fiscale aussi avec le CICE et le CIR en France, qui accompagne la baisse de la fiscalité des entreprises.
- Il n’a pas besoin de citer l’harmonisation budgétaire qui est déja opérationnelle avec le pouvoir de la commission de juger les budgets nationaux...
- Quand à l’harmonie monétaire, c’est fait depuis l’euro, et la monnaie commune impose sa loi pour la baisse des salaires et des pensions...
- L’harmonisation de la défense a bien avancé avec l’OTAN et son rôle de première frappe contre la Russie, le terrorisme est une véritable opportunité pour faire tomber toutes les restrictions nationales à la logique de "l’état d’urgence"
- Quand à l’investissement pour l’emploi, on pourrait en sourire en se rappelant la formule de Lisbonne en 2000 annonçant « l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde d’ici à 2010, capable d’une croissance économique durable accompagnée d’une amélioration quantitative et qualitative de l’emploi et d’une plus grande cohésion sociale »

Tout le débat médiatique est fait pour masquer ce carré des scénarios qui appelle à débattre de la sortie à gauche. Tout est fait pour réduire le débat à l’alternative "nationalisme/fascisme" ou "europe" et quand on est de gauche en précisant bien sûr "europe sociale". Le vote anglais est présenté par tous les médias comme un vote raciste, anti-immigrés, et le vote proeuropéen comme le vote des syndicalistes, des intellectuels, des jeunes, et il faut bien le dire quand même, aussi des banquiers.. Amusant comme les syndicalistes sont pour une fois présentés de manière positive... Mais c’est le grand tabou sur ces milliers de syndicats de base associé dans la campagne "left for leave" qui dit avoir mobilisé un tiers des syndiqués ! Comme sur la déclaration des communistes anglais qui considèrent au contraire qu’ils peuvent mieux agir contre l’extrême-droite dans un pays "libre"... Et à vrai dire, il est difficile pour la France de donner des leçons de bataille contre l’extrême-droite !

Le PCF piégé dans son enfermement proeuropéen

Dans ce contexte, Pierre Laurent est piégé par son enfermement proeuropéen et il ne peut que reprendre le discours médiatique dominant

Nous refusons le faux dilemme imposé par les partisans de l’austérité, entre l’enfoncement dans la crise sociale et l’autoritarisme, ou la dislocation sur fond de rivalités nationalistes. Il y a une autre option, celle de la reprise en main du projet européen par la gauche.

Sur cette base, il peut se retrouver avec François Hollande sur la politique européenne !

Et Christian Favier, sénateur PCF et président du Conseil départemental du Val-de-Marne ajoute

« C’est un événement considérable et je suis très inquiet. La sortie de la Grande Bretagne de l’Union européenne est une mauvaise chose. Mais nous payons les orientations très libérales d’une Europe qui s’est construite pour faciliter la finance plus que les besoins sociaux. Cela va encourager ceux qui, face à la crise et à l’arrivée des migrants, préconisent des replis nationalistes extrêmement dangereux, voire des dérives autoritaires. Ce n’est pas bon signe pour la démocratie. J’espère que cela sera l’occasion pour les Européens de réfléchir à une meilleure construction de l’Europe sociale, par le haut, avec pourquoi pas un salaire minimum européen. »

Le salaire minimum est mis en cause en France, mais un dirigeant communiste propose de se battre pour l’obtenir dans toute l’U.E. !!!

Pierre Laurent avait déjà passé le trait en Juillet 2015, annonçant qu’il soutiendrait le plan européen signé par Tsipras avant que le débat des communistes ne poussent les parlementaires à faire marche arrière.

Sortir à gauche pour défendre partout les intérêts des travailleurs !

Mais le Brexit augmente la pression sur la position européiste du PCF. Les ouvriers anglais qui ont voté massivement pour le Brexit sont-ils tous des racistes ignares ? Ont-ils tous cédés à l’UKIP comme certains le disent en France du vote ouvrier FN ?
Pour les européistes du PCF, il faut absolument accuser les peuples en colère de tous les maux, et, comme Hollande, utiliser le repoussoir du FN pour ne pas ouvrir enfin le véritable débat : Est-il pour les travailleurs plus facile de créer un rapport de forces favorable dans un pays ou dans l’union européenne globalement.. ? Poser la question, c’est y répondre. Les syndicalistes des groupes multinationaux ont une longue expérience des difficultés à dépasser la concurrence et les histoires nationales pour organiser la convergence des actions des travailleurs, et ils savent bien que les luttes ne s’amplifient pas par des décisions d’en haut, mais par la convergence de luttes ancrées dans le terreau social.

Tout le monde le comprend avec les "travailleurs détachés". Réclamer les mêmes droits pour tous les travailleurs d’un chantier en France, c’est désobéir à une directive européenne !

Tout le monde le comprend sur la loi travail. Personne n’ose proposer aux manifestants de cesser de réclamer le retrait de la loi El Khomri au nom d’une future europe sociale qui viendrait accorder de nouveaux droits aux travailleurs ! Au contraire, les manifestants comprennent bien qu’ils se heurtent au diktat européen qui impose ces "jobs act", et qu’il faut créer un rapport de forces social en France qui impose au gouvernement, quel qu’il soit, de désobéir à une injonction européenne.

Le retrait de la loi El Khomri, c’est le début d’une sortie par la gauche du diktat de l’Union Européenne !

Si le Brexit a été porté par des forces de droites, dans le contexte particulier de l’Angleterre et si les médias font tout pour le réduire à une décision nationaliste et réactionnaire, il est d’abord un coup de colère populaire d’un monde du travail qui refuse cette "concurrence libre et non faussée". Et il révèle surtout que les peuples ont le pouvoir de dire NON au diktat européen. Tout l’enjeu d’une bataille pour la "sortie à gauche" de l’Union Européenne, c’est d’aider notre peuple à prendre conscience que ce rejet de la dictature de l’U.E. doit être associé à une bataille pour les droits de tous les travailleurs, pour les salaires, les services publics, bref pour une politique progressiste qui pose la question du changement de société dans chaque pays.

Et comme pour le mouvement social, les progressistes ne doivent pas se laisser détourner de leur bataille à cause du discours nationaliste de l’extrême-droite. Que Marine Le Pen demande le retrait de la loi travail ne nous fait ni chaud ni froid, et les puissantes manifestations contre cette loi ont été le meilleur antidote au racisme du FN. Que les peuples se lèvent et disent NON, qu’ils reprennent leur souveraineté et ouvre une nouvelle ère de coopération, et les nationalismes seront isolés ! Ce sont des peuples debout qui feront reculer les extrêmes-droites !

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  • (2002) Lenin (requiem), texte de B. Brecht, musique de H. Eisler

    Un film
    Sur une musique de Hans Eisler, le requiem Lenin, écrit sur commande du PCUS pour le 20ème anniversaire de la mort de Illytch, mais jamais joué en URSS... avec un texte de Bertold Brecht, et des images d’hier et aujourd’hui de ces luttes de classes qui font l’histoire encore et toujours...

  • (2009) Déclaration de Malakoff

    Le 21 mars 2009, 155 militants, de 29 départements réunis à Malakoff signataires du texte alternatif du 34ème congrès « Faire vivre et renforcer le PCF, une exigence de notre temps ». lire la déclaration complète et les signataires

  • (2011) Communistes de cœur, de raison et de combat !

    La déclaration complète

    Les résultats de la consultation des 16, 17 et 18 juin sont maintenant connus. Les enjeux sont importants et il nous faut donc les examiner pour en tirer les enseignements qui nous seront utiles pour l’avenir.

    Un peu plus d’un tiers des adhérents a participé à cette consultation, soit une participation en hausse par rapport aux précédents votes, dans un contexte de baisse des cotisants.
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  • (2016) 37eme congrès du PCF

    Texte nr 3, Unir les communistes, le défi renouvelé du PCF et son résumé.

    Signé par 626 communistes de 66 départements, dont 15 départements avec plus de 10 signataires, présenté au 37eme congrès du PCF comme base de discussion. Il a obtenu 3.755 voix à la consultation interne pour le choix de la base commune (sur 24.376 exprimés).