Allo, Anne Savourin : sortir par où ?

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Anne Savourin, représentante du PCF au PGE, commentant dans l’Humanité le risque de Brexit à quelques jours du vote en Angleterre, dans un éclair de lucidité sans doute provoqué par la pression mise sur tous les europhiles par le diktat grec, a eu cette phrase dont le non-dit éclatant est révélateur :

"Le référendum ne laisse que deux options au peuple : rester dans l’UE néolibérale, ou sortir par la droite..."

Elle a bien raison, dans ce référendum en Angleterre, il n’y a pas d’alternative à gauche accessible au peuple... Elle cite un des référents culturels progressiste le plus connu d’Angleterre, Ken Loach, qui vote pour l’Union européenne, en espérant une autre Europe, de gauche bien sûr. Mais son expression "sortir par la droite" pousse inévitablement à s’interroger sur l’alternative manquante... "sortir par la gauche"....

Mais elle pointe du doigt le cœur du débat qu’il faudrait avoir sur l’Union Européenne, quel lien entre le débat "gauche-droite", ou "réactionnaires-progressistes", ou "capitalisme/socialisme", et le débat "in-out" ou "souveraineté/mondialisation", "nation/union européenne".

A gauche, personne ne défend l’Union Européenne telle qu’elle existe. A droite non plus d’ailleurs. Même les dirigeants de l’U.E. répètent qu’il faut de nouvelles réformes, "plus d’Europe", "mieux d’Europe"... De fait, à chaque crise depuis des décennies, ce sont de nouvelles décisions qui vont toutes dans le même sens, plus de décisions au niveau de l’Union Européenne, et moins de décisions au niveau national. Même le budget national, acte politique fondateur censé traduire le choix démocratique, est désormais sous contrôle de la commission européenne.

Le cas grec à l’été 2015 est illustratif. Un gouvernement élu pour une rupture politique avec l’austérité, est contraint par le diktat européen à mettre en oeuvre cette austérité qu’il dénonçait. Le vote large du peuple contre ce diktat n’a pas d’effet. La démocratie est morte au pays qui en a inventé le mot...

Donc, l’Union Européenne existante est à droite, de plus en plus à droite, et c’est une tendance longue qui s’affirme avec les succès des extrêmes-droites en Hongrie, Autriche, Pologne...

Mais Anne Savourin est convaincue que pour faire progresser la gauche, il faut nécessairement plus d’Union Européenne, car il ne peut y avoir de progrès de gauche dans un pays isolé. Il faut donc une "Europe sociale" pour résister à l’extrême-droite...

Le cas grec semble nous dire que c’est justement très difficile dans l’U.E. Peut-être nous dira-t-elle que la Grèce est un petit pays, qui ne pouvait résister à la puissance U.E., mais que si c’était la France, ce serait différent ? Différent comment ? Est-ce que la droite et l’extrême-droite serait changée en forces démocratiques devant une majorité française de gauche ?

En fait, au plan national comme au plan européen, il faut dire pourquoi c’est si difficile de trouver une issue progressiste, favorable aux peuples. Disons-le dans le langage courant... les banques, les milliards en jeu, les intérêts des oligarchies, et disons-le dans le langage politique que les communistes avaient à leur disposition... le capitalisme, la bourgeoisie, les luttes de classes... Pourquoi l’Union Européenne dirigée par les capitalistes passerait un compromis progressiste avec une France en rupture politique ?
De deux choses l’une,
- soit une France de gauche décide d’appliquer ses mesures de gauche, même si l’U.E. de droite les refuse, dans une désobéissance européenne donc, et ce sont les traités qui sont mis en cause, et ce sont des sanctions contre la France...
- soit la France de gauche plie devant l’Europe de droite, et Anne Savourin explique comme Tsipras "ces mesures progressistes ont un soutien majoritaire des Français, mais il faut travailler à convaincre une majorité des autres pays, et en attendant, on prend les mesures réactionnaires demandées par l’U.E."
Autrement dit, tant que l’U.E. est à droite, on décide d’appliquer une politique de droite, même si la gauche est majoritaire, où bien.... on se fache ?

Il faut donc bien ouvrir le débat sur les deux dimensions du problème... car la question qui nous intéresse, c’est bien de savoir si on peut sortir de la droite en France... (bon, c’est la gauche qui mène une politique de droite, donc la gauche ne suffira pas à sortir de la droite, le peuple a intérêt de s’en occuper lui-même, s’il arrive à imposer sa souveraineté...)
- Il y a un débat sur la sortie de l’U.E. en Angleterre, en fait dans toute l’Europe, qui s’inscrit dans un débat plus général pour ou contre l’Union Européenne comme espace politique souverain réduisant donc plus ou moins les souverainetés nationales
- Et il y a un débat politique entre gauche et droite qui s’inscrit dans un débat plus général sur l’alternative au capitalisme...

On peut donc distinguer quatre positions possibles qui confirment que Anne Savourin a raison de dénoncer une alternative simpliste, sortir à droite ou rester à droite... Mais elle croit tellement à l’Europe de gauche, qu’elle ne voit pas le complément naturel de son raisonnement... la sortie à gauche !

Un résumé graphique...

L’Humanité donne la parole à Anne Savourin dans un dossier avec 4 intervenants... il sont tous dans le carré rose du tableau... Allez, ouvrons le débat, d’autant que les deux dimensions ne sont pas indépendantes du tout !

Autant il est très difficile pour les peuples d’imaginer une Europe sociale dans ce contexte de poussée à droite, de domination de la mondialisation capitaliste, d’affrontement mondial de plus en plus violent poussé par l’OTAN, autant on voit bien qu’avec la poussée à l’extrême-droite, il y a un risque menacant d’une U.E. s’appuyant sur des pouvoirs nationaux fascisants imposant une nouvelle étape de baisse massive des salaires et des dépenses publiques, une remise en cause historique de tous les droits sociaux... Autrement dit, il peut y avoir fusion des forces IN et OUT de droite...

A l’inverse, le diktat européen montre qu’il ne peut y avoir de convergence de gauche qui ne tranche pas la question de la rupture avec l’U.E. qui existe.

Oui, pour les communistes, pour les progressistes, le débat est urgent...

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