A chaud, il faut se situer dans ce processus dynamisé par le Non grec

, par  Danielle Bleitrach , popularité : 1%

Le NON l’emporte en Grèce à plus de 60%… De multiples perspectives sont ouvertes, ce qui est important, c’est le processus… autant que le dévoilement de ce que sont les institutions européennes. Il faut partir de là… il fallait que le NON l’emporte parce que la conduite incroyable des dirigeants européens à l’égard d’un social-démocrate des plus classiques témoigne clairement de la nature de la guerre contre les peuples menée par l’UE, le FMI… Mais la suite reste problématique même si le vote grec met tout le monde au pied du mur.

Premier constat à rebrousse idées reçues : les Grecs ont bien de la chance d’avoir un parti communiste, un vrai, un syndicalisme de masse et de classe qui n’ait pas été laminé (comme dans le cas de Podemos), mais continue à « muscler » la société grecque. Oui le KKE passe pour le mauvais coucheur de l’Histoire et pourtant quel est son rôle dans la résistance grecque ? Imaginez ce que serait la société française avec un parti communiste pratiquant la politique des années soixante dix y compris sur l’Europe, Quoiqu’il en dise Hollande lui-même serait obligé de renvoyer Macron dans les couloirs de sa banque d’affaire. En ce qui concerne la Grèce, la position du KKE a eu de l’écho y compris chez une partie de ceux qui ont voté NON. Il faut affiner, mais d’une part il y a une forte abstention, plus de 40% et 5,7% de votes nuls qui paraissent marquer le refus de choisir entre l’austérité et l’austérité prôné par le KKE, 5,7% ce n’est pas rien dans un tel contexte. Des gens qui légitimement ont des doutes sur ce qu’on peut attendre de l’Europe. De l’autre, il y a un vote massif des banlieues et villes populaires en faveur du NON (le cas cité est celui du vote à plus de 92% d’un bastion ouvrier du port d’Athènes), une bonne partie de ces gens là n’a pas plus d’illusion. Depuis des années il paye le prix fort de sa connaissance de ce qu’est l’UE. Il y a de la réserve pour la résistance populaire et parmi ceux qui ont voté déjà une grande partie semble prête à la sortie de l’euro. C’est pourquoi au-delà du vote on peut parler de processus.

Parce que celui qui doit être embêté c’est Draghi. Dès ce soir le gouvernement grec a sollicité la fin du blocage instauré par la BCE contre les banques grecques. Dans la plupart des cas un tel blocage devait produire de la panique, de la colère contre le gouvernement, c’était de fait un coup d’État que l’UE opérait contre une consultation démocratique, un viol de toutes les règles démocratiques, les siennes et celles du peuple grec, un viol relayé par tous les médias, tous les politiciens européens. Ou la BCE poursuit dans son soutien aux créanciers et à leurs absurdes exigences visant à renvoyer Syriza, ou elle cède ; dans ce cas on s’apercevra des limites de la politique de Syriza par rapport à l’espoir des Grecs… Blocage féroce des allemands et autres finlandais, slovaques, ou accord reddition qui décevra le peuple : il n’y aura pas d’autres issues que la sortie de l’euro et c’est face à la déception d’un peuple que le choix du KKE peut aider à ne pas subir une « ukrainisation », l’assaut des bandes d’Aube dorée lancées par le capital.

Nous sommes au niveau mondial dans de très grands bouleversements qui exigent de la part de nos responsables politiques une capacité d’innovation et de sortie des cadres imposés. Seul un peuple en résistance contre le néolibéralisme et l’austérité peut produire de tels dirigeants. Nous sommes devant le possible effondrement d’une hégémonie unipolaire née de la seconde guerre mondiale. Quand on sait qu’au même moment du pari grec, une très importante réunion des Brics a lieu à Oufa en Russie, on ne peut s’empêcher de penser qu’Obama invitant l’UE et les créanciers à la modération, mesure les effets sismiques de la situation européenne. Nous sommes dans une situation qui impose un changement profond, le seul obstacle est l’absence de perspective et la non mobilisation de ce fait des peuples. Mais le fait est que dans de multiples endroits ils sont contraints à la résistance, on ne leur laisse plus d’autre choix. Je ne croix pas que le peuple grec se soit fait duper sur la non sortie de l’euro, pas quand le vote est proche des 60% en faveur du NON.

Nous gauche, communistes français, ne pouvons pas continuer à jouer la partie par procuration, nous devons en tirer leçon. Il ne faut pas renouveler l’erreur de notre incapacité à faire fructifier le NON au traité constitutionnel. Si la droite et le PS ont pu l’anéantir, c’est parce qu’il n’y a pas eu de communistes et même une gauche, capables d’organiser notre peuple dans sa résistance. Ce NON était un vote de classe, il a été tiré vers des manœuvres de sommet dans lesquelles le peuple français ne s’est pas reconnu ; et la complaisance des pouvoirs face au FN a fait le reste. Serons-nous toujours aussi médiocres ? Aujourd’hui dans son discours au parti de Gauche, Mélenchon offrant sa personne à l’élection présidentielle, m’a étrangement rappelé Mitterrand en mai 68 faisant la même offre et cassant un mouvement déjà fortement endommagé par les pseudo-révolutionnaires de Charlety. Quant à Chassaigne, il atteint un sommet en proposant que la France mette son veto à la sortie de la Grèce de l’euro, sans même laisser le temps aux grecs de faire leur choix face aux négociations. Tout cela est dérisoire.

Reprenez-vous et réfléchissez au contenu réel de ce qui peut aujourd’hui mobiliser le peuple français.

Cela dit ne boudons pas notre plaisir. C’est tout de même extraordinaire de voir la gueule de certains vendus politiciens ou journalistes, celui qui tire une tronche pas possible, c’est Woerth qui se prétend le représentant de tous les autres gouvernements et il ajoute : « eux aussi ils sont élus, on dirait qu’il y a seulement la Grèce qui soit une démocratie »…

Au fait monsieur Woerth, je ne vous le fais pas dire, souvenez-vous du vote des Français pour le traité constitutionnel et la manière dont il a été étouffé à Lisbonne...

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