37ème congrès, ouvrons le débat !

, par  Alain De Poilly , popularité : 2%

Une contribution de notre camarade Alain de Poilly, signataire du texte alternatif.

Le temps du commun. Le monde, l’Europe, la France en commun. Au cœur du désastre surgissent des potentialités nouvelles.

Quel beau titre, quel beau texte. Ce projet de texte est un vrai texte de congrès, comme nous en produisons depuis des décennies. Il ne fait aucun doute que ce texte sera adopté comme les précédents par une large majorité des congressistes.

Or, le problème de ce projet de texte ce n’est pas ce qu’il contient, mais ce qu’il ne contient pas. En effet, on nous invite à débattre et à modifier ce texte, mais on ne peut modifier que ce qui existe dans le texte.

Le plus étonnant dans ce texte, c’est qu’il ne fait aucun bilan. Effectivement il ne suffit pas de constater un affaiblissement du PCF sur le plan idéologique, politique, électoral et l’échec du F.G., il faut aussi analyser pourquoi ? Non pas pour désigner un ou des responsables, bien que certains sont plus responsables que d’autres, mais pour en tirer des leçons pour l’avenir. Ce qui nous éviterait de reproduire toujours les mêmes erreurs.

L’essentiel dans un texte de congrès, ce n’est pas de rappeler très, très longuement les vérités avec lesquelles tout communiste est forcément d’accord. Mais c’est d’ouvrir des débats sur les choix politiques et stratégique pour l’avenir du PCF.
Par exemple, quels sont les débats qui ne sont pas ouverts dans ce texte ?

Echec du Front de Gauche.

L’échec du F.G. est la conséquence d’erreurs stratégiques de notre parti. Notre parti n’a pas tiré les leçons de l’échec des comités antilibéraux. Comme pour ces comités, la conception de l’union n’était pas la même entre tous les membres du F.G., certains voyaient dans le F.G. une nouvelle structure qui se substituait aux partis (y compris dans notre parti) et qui devait se terminer par une fusion de ces derniers. D’autres dénonçaient un cartel de partis. Tous voulaient l’union, mais uniquement derrière eux. Cette conception de l’union qu’a laissé se développer notre parti sans réagir, a conduit à des divisions favorisant le pouvoir des groupuscules, la promotion personnelle de Jean-Luc Mélenchon et cela au détriment du PCF.

Cette stratégie doit-elle être poursuivie ? ou doit-on changer le nom du F.G. en Front Populaire et Citoyen ? A ce sujet peut-être allons-nous être obligés d’abandonner le nom F.G. En effet, certains (très proches de Mélenchon) ont acquis la propriété intellectuelle et le logo du F.G., sans que notre parti proteste et il est possible que ces nouveaux propriétaires nous interdisent dans l’avenir l’utilisation de la marque et du logo F.G. Dans ces conditions, le débat sur la poursuite ou non du F.G. ne se pose plus. Le PCF doit retrouver son identité pour s’inscrire dans une union plus large sur des bases plus claires ? Le PCF n’a pas vocation à être le supplétif de qui que ce soit. Il faut en débattre.

L’élection présidentielle

Il n’y a pas de débats possibles, dans le texte proposé, sur notre stratégie pour les élections présidentielles. En effet, notre parti a déjà décidé de s’inscrire dans la primaire. Or choisir de s’inscrire dans la primaire avec ou sans le PS, c’est accepter la logique de l’élection présidentielle de bipolarisation de la vie politique et c’est se soumettre aux règles de cette primaire. C’est une fois de plus pour le PCF accepter de disparaître de l’extraordinaire tribune que représente les élections présidentielles (80 % de votants). Par contre, ne pas participer à cette primaire, cela n’interdit pas de participer aux débats des présidentielles, mais cela permet de peser sur ce débat, notamment en faisant savoir par avance que si le candidat de gauche du premier tour n’était pas porteur d’un véritable projet de gouvernement antilibéral, pour nous, ce serait bonnet blanc et blanc bonnet et il y aura un candidat PCF au premier tour. Ainsi on inverse le vote utile. Chaque électeur de gauche sera averti d’avance, que si il vote pour un candidat social libéral en croyant voter utile à la primaire ou au 1er tour de l’élection présidentielle, il saura que son vote conduira à un échec de toute la gauche. Le changement devra donc passer par les élections législatives. Il faut y travailler dès maintenant en rassemblant autour d’un projet de gouvernement antilibéral. c’est une stratégie différente que celle choisie par notre Parti, Il faut en débattre.

L’Europe

Depuis notre dernier congrès, il y a eu les élections en Grèce. Là aussi, dans le texte proposé, pas de débat possible sur notre stratégie Européenne. Notre parti a déjà décidé de soutenir Tsipras et sa décision de se soumettre au diktat de l’Europe ultra libérale contre l’avis de son peuple, comme l’a fait son ami François Hollande.

Nous proposons dans notre texte de refonder l’Europe en créant un nouveau rapport de force en s’appuyant sur le Parti de la Gauche Européenne (PGE) dont Tsipras est le vice président. Or ce rapport de force est actuellement de 52 élus GUE/NGL contre 751 élus pro-libéraux.

Aussi, même avec une furieuse envie de réussir, il ne faut pas se mentir, ce n’est pas pour demain. Nous avons donc besoin d’une autre stratégie plus réaliste et plus efficace pour briser le carcan ultra libéral de l’Europe ; notamment il faut se réapproprier l’idée de nation qui est un espace du pouvoir citoyen et ne pas la laisser dans les mains des nationalistes d’extrême droite. La question de la sortie partielle ou totale de l’Europe doit être posée sans tabou en tenant compte de ce qui a été imposé à la Grèce. Il faut en débattre.

L’organisation du parti

Je suis d’accord avec ce qui est écrit dans le long texte sur l’organisation du parti, mais je me demande si ce sont bien les mêmes qui ont rédigé ce texte et qui dirigent actuellement le parti ; si oui, alors pourquoi n’ont-ils pas au précédent congrès proposé ce type d’organisation ? Alors que depuis des années la suppression des cellules a coupé la direction de sa base, que les assemblées générales ne permettent pas à tous les communistes de s’exprimer et que le plus souvent on nous demande de ratifier des décisions déjà prises. Dommage que pour ce 37ème congrès la modification des statuts ne soit pas à l’ordre du jour.

En conclusions

Ce beau et trop long texte n’a qu’un défaut, il ne permet pas aux communistes de faire des choix, il ferme plus qu’il ouvre les débats sur l’avenir du parti. En noyant l’essentiel dans un flot de mots, il démontre plus l’excellente culture des rédacteurs, que la volonté de permettre à l’ensemble des communistes de participer aux débats.

Alain De Poilly

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